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Coups de coeur

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livresChaque mois, nous nous réunissons le premier jeudi du mois et discutons de nos coups de cœur autour d'un café/thé gourmand, c'est notre Choix de l'étagère
N'hésitez pas à venir nous rejoindre!

Découvrez ici nos coups de coeur, la plupart des livres sont à la médiathèque. Sinon, vous les y retrouverez bientôt!


sadapterS'adapter
, Clara Dupont-Monod (Stock, 2021)

C'est l'histoire d'un enfant aux yeux noirs qui flottent, et s'échappent dans le vague, un enfant toujours allongé, aux joues douces et rebondies, aux jambes translucides et veinées de bleu, au filet de voix haut, aux pieds recourbés et au palais creux, un bébé éternel, un enfant inadapté qui trace une frontière invisible entre sa famille et les autres. C'est l'histoire de sa place dans la maison cévenole où il naît, au milieu de la nature puissante et des montagnes protectrices ; de sa place dans la fratrie et dans les enfances bouleversées.

Un roman très touchant sur la différence d’un enfant et ses conséquences dans la famille


ouagaOuagadougou pressé
, Roukiata Ouedraogo, Aude Massot (Sarbacane, 2021)

Dans sa petite chambre de bonne du 18e arrondissement, Roukiata fait son sac : demain, elle rentre chez elle, au Burkina Faso. Que prendre, que choisir, que laisser ? Comment faire plaisir à toutes et à tous, sans se faire totalement dépouiller ? Entre jolis petits hauts colorés made in Paname Tati, que s'arracheront ses cousines, et le grille-pain deux fentes avec tiroir ramasse-miettes à offrir à sa mère, Roukiata nous raconte sa folle jeunesse, lorsqu'elle était jeune gazeuse des faubourgs Ouagalais, jusqu'à sa vie actuelle dans le "Little Africa" parisien.

On rit beaucoup ... mais pas que, on s’émeut et on est touché par cette histoire et le dessin virevoltant d'Aude Massot : une BD hymne à l'enfance, la famille, l'amitié


le doit du solLe droit du sol : journal d'un vertige, Etienne Davodeau (Futuropolis, 2021)

En juin 2019, Étienne Davodeau entreprend, à pied et sac au dos, un périple de 800 km, entre la grotte de Pech Merle et Bure. Des peintures rupestres, trésors de l'humanité encore protégés aux déchets nucléaires enfouis dans le sous-sol, malheur annoncé pour les espèces vivantes. Étienne Davodeau interroge notre rapport au sol.

De quelle planète les générations futures hériteront-elles ? Qu'allons-nous laisser à celles et ceux qui naîtront après nous ? Comment les alerter de ce terrible et réel danger pour leur survie ? Dans cette marche à travers la France, il est accompagné d'amis, de sa compagne, mais aussi de spécialistes.

À la marge du témoignage et du journalisme augmenté, Le droit du sol marque le grand retour d'Étienne Davodeau à la bande dessinée de reportage. Une BD magnifique à offrir largement !

bnieBénie soit Sixtine, Maylis Adhémar (Pocket, 2021)

Pour Sixtine, l'avenir était tout tracé. Enfance très pieuse dans une famille catholique traditionnelle, études d'histoire de l'art, un beau mariage : elle sera bientôt Mme Sue de La Garde, appelée à enfanter de nombreux héritiers... Dès la nuit de noces, Sixtine déchante. Mais elle est enceinte, et c'est tout ce qui compte. Cependant, l'intégrisme de son époux polytechnicien, de sa belle-famille, pèse de tout son poids sur la jeune femme. Souffrir. Enfanter dans la douleur. Et se taire... Jusqu’à ce qu’un évènement tragique la pousse à ouvrir les yeux et à entrevoir une autre vérité.

Contre toute attente, on a adoré ce roman qui se lit comme un bouquin de science-fiction tant ce milieu nous est étranger ! On est entre le récit d’initiation et le thriller psychologique et c’est divin, sans jugement aucun, bref un livre très fort…

le choeur des femmesLe chœur des femmes, Aude Mermilliod (Lombard, 2021)

Jean, major de promo et interne à l'hôpital, doit faire un stage en soins gynécologiques aux côtés du docteur Karma. Mais elle veut faire de la chirurgie, et non écouter des femmes parler d'elles-mêmes et de leur corps ! Elle se désespère de passer son temps auprès de ce médecin qui privilégie l'écoute à la technique. Contraception, maternité, violences conjugales, avortements... de consultations en témoignages, Jean pourrait bien pourtant changer sa vision de la médecine.

Une adaptation sensible et puissante du roman culte de Martin Winckler, une BD qui se dévore !

 

au printempsAu printemps des monstres, Philippe Jaenada (Mialet Barrault, 2021)

Le 26 mai 1964, un enfant parisien sort de chez lui en courant. On retrouvera son corps le lendemain matin dans un bois de banlieue. Il s'appelait Luc. Il avait onze ans. L'affaire fait grand bruit car un corbeau qui se dit l'assassin et se fait appeler « l'Étrangleur » inonde les médias, les institutions et les parents de la victime de lettres odieuses où il donne des détails troublants sur la mort de l'enfant. Le 4 juillet, il est arrêté. C'est un jeune infirmier, Lucien Léger. Il avoue puis se rétracte un an plus tard. En 1966, il est condamné à la prison à perpétuité. Il restera incarcéré quarante et un ans, sans jamais cesser de clamer son innocence.

Philippe Jaenada reprend minutieusement les éléments du dossier et révèle que, par intérêt, lâcheté, indifférence ou bêtise, tout le monde a failli, ou menti.

Un roman très fouillé et assez long… intéressant mais qui nécessite un peu de temps devant soi !

la carte postaleLa carte postale, Anne Berest (Grasset et fasquelle, 2021)

« C'était en janvier 2003. Dans notre boîte aux lettres, au milieu des traditionnelles cartes de vœux, se trouvait une carte postale étrange. Elle n'était pas signée, l'auteur avait voulu rester anonyme. L'Opéra Garnier d'un côté, et de l'autre, les prénoms des grands-parents de ma mère, de sa tante et son oncle, morts à Auschwitz en 1942. Vingt ans plus tard, j'ai décidé de savoir qui nous avait envoyé cette carte postale. J'ai mené l'enquête, avec l'aide de ma mère. En explorant toutes les hypothèses qui s'ouvraient à moi. Avec l'aide d'un détective privé, d'un criminologue, j'ai interrogé les habitants du village où ma famille a été arrêtée, j'ai remué ciel et terre. Et j'y suis arrivée. (…) Ce livre est à la fois une enquête, le roman de mes ancêtres, et une quête initiatique sur la signification du mot « Juif » dans une vie laïque. »

Malgré une écriture assez plate, on suit avec beaucoup d’intérêt cette enquête historique


la fille quon appelleLa fille qu'on appelle, Tanguy Viel (Minuit, 2021)

Dans une petite ville bretonne où règne un univers de petits pouvoirs entre le maire Quentin Le Bars et un directeur de casino véreux, Laura, 20 ans, à la beauté renversante, fille de Max Le Corre, décide de revenir vivre auprès de son père. Ancien boxeur déchu souhaitant remonter sur le ring, Max est aussi chauffeur du maire à ses heures perdues et suggère à Laura qu’elle aille voir ce dernier pour l’aider à trouver un logement. Un arrangement scabreux dont la jeune fille devra payer le prix au péril de sa réputation.

Un roman social bien vu et à la très belle écriture


enfant de salaudEnfant de salaud,
Sorj Chalandon (Grasset Et Fasquelle, 2021)

Depuis l'enfance, une question torture le narrateur : Qu'as-tu fait sous l'occupation ? Mais il n'a jamais osé la poser à son père. Parce qu'il est imprévisible, ce père. Violent, fantasque. Certains même, le disent fou. Longtemps, il a bercé son fils de ses exploits de Résistant, jusqu'au jour où le grand-père de l'enfant s'est emporté : « Ton père portait l'uniforme allemand. Tu es un enfant de salaud ! ».

Un roman historique et personnel qui remue et interroge la petite et la grande histoire


les occasions manquesLes occasions manquées, Lucy Fricke (Le quartanier, 2021)

Martha se voit demander par son père, Kurt, en phase terminale d'un cancer, de l'amener de Hanovre jusqu'en Suisse, dans une clinique de suicide assisté. Mais ne conduisant plus, traumatisée par un accident, Martha sollicite Betty, son amie depuis vingt ans, qui consent à les accompagner. Or, le but du voyage se révèle bientôt un prétexte à d'autres desseins. Le roman de la route devient alors polar. De Berlin aux Cyclades, Betty et Martha, à l'aube de la quarantaine, cherchent un père, des pères, et se déprennent du regret des occasions manquées.

Un roman drôle, sensible et deux héroïnes borderline très attachantes : malgré le sujet, c’est joyeux et beau comme la vie!

femmes en colreFemmes en colère, Mathieu Ménégaux (Grasset et fasquelle, 2021)

Cour d'Assises de Rennes, juin 2020, fin des débats: le président invite les jurés à se retirer pour rejoindre la salle des délibérations. Ils tiennent entre leurs mains le sort d'une femme, Mathilde Collignon. Qu'a-t-elle fait ? Doit-on se fier à ce que nous apprennent les délibérations à huit-clos, ou à ce que révèle le journal que rédige la prévenue qui attend le prononcé du jugement ? Accusée de s'être vengée de manière barbare de deux hommes ayant abusé d'elle dans des circonstances très particulières, Mathilde Collignon ne clame pas son innocence, mais réclame justice. Son acte a été commenté dans le monde entier et son procès est au coeur de toutes les polémiques et de toutes les passions. Trois magistrats et six jurés populaires sont appelés à trancher.

Un roman très malin qui se lit facilement et pose de nombreuses questions


la vie est uncirqueLa vie est un cirque, Hovden Magne (Seuil, 2021)

Lise, trentenaire célibataire, travaille pour un fonds d'investissement et rêve de devenir l'associée de son patron froid et cynique. Sa vie va pourtant basculer le jour où un clown la demande à l'accueil. Un oncle dont elle ne connaissait pas l'existence, vient de mourir et lui lègue son cirque à Oslo. Une opportunité en or se dessine pour Lise qui voit dans la revente de ce patrimoine la possibilité de devenir le numéro deux de sa boîte. À la lecture du testament, elle fait la connaissance des neuf circassiens, loin d'être enthousiasmés par cette nouvelle. À la surprise de tous, il y a cependant une condition, et de taille, à l'héritage : Lise doit effectuer cinq représentations à la tête du cirque, costume pailleté, haut de forme et éléphante inclus...

Un roman joyeux, tendre et attachant, idéal pour les vacances !

 

nage libreNage libre, Boris Bergmann (Librairie générale française, 2021)

Du haut de son HLM parisien, l'horizon d'Issa se resserre : il vient de rater son bac et n'a pas le moindre projet d'avenir. Par chance, son ami Élie lui propose de le former pour devenir maître-nageur - excellent prétexte pour passer l'été ensemble, même si Issa garde d'épouvantables souvenirs d'enfance de la piscine. Il se prête néanmoins au jeu, se faisant violence chaque jour pour dompter le bassin. Sous l'eau, l'enjeu sportif se mue bientôt en un vaste éveil des sens où chaque corps déclenche son désir d'adulte. Plus que le crawl, la conquête de l'autre devient l'obsession d'Issa. Mais la zone dans laquelle il vit le laissera-t-elle ainsi s'abandonner ? Et sera-t-il là pour Élie quand il aura besoin d'un ami?

Un personnage attachant et un roman très bien écrit

petitePetite, Sarah Gysler (Pocket, 2019)

Petite, elle croyait que tout irait bien. Que ses parents s'aimeraient toujours. Que le monde irait de mieux en mieux. Petite, elle a deviné que rien ne s'arrangerait. Qu'elle ne se ferait pas à la vie « réussie » qu'on lui proposait, dans un bureau, avec un mari, bientôt une maison et des enfants. Petite, elle a pris son sac à dos et elle a fui. En stop. À travers l'Europe et jusqu'au Cap Nord. C'est là qu'elle a compris. Que les rencontres existent. Qu'il y a un espoir dans l'Humanité. Petite, elle a décidé que le monde lui appartenait, il suffit de se lancer...

Un roman d’apprentissage foudroyant et un guide de voyage sans billet retour


un autre mondeUn autre monde,
Barbara Kingsolver (Rivages, 2017)

Né aux Etats-Unis, élevé au Mexique, Harrison William Shepherd n'a jamais trouvé de foyer. Les petits carnets qu'il tient chaque jour sont sa seule raison d'être. Au hasard de ses déambulations sur un marché de Mexico, dans les années 30, il croise une femme couverte de bijoux et de tissus bariolés qui l'ensorcelle. C'est ainsi qu'il pénètre dans la maison de Frida Kahlo et de Diego Rivera et rencontre Trotski en exil. Shepherd lie, malgré lui, son sort à l'art et la révolution.

À travers un bouleversant portrait d'artiste, Barbara Kingsolver nous plonge au coeur des événements les plus tumultueux du XXe siècle. Un roman hautement addictif

 

portraits de voyagePortraits de voyage, Stéphanie Ledoux (Elytis, 2012)

Du Yémen au Vanuatu, de l'Asie du sud-est à Madagascar, c'est à un voyage inédit, au croisement des peuples, que nous convie la peintre/globetrotteuse Stéphanie Ledoux. Dans la rue, sur une place ou dans l'espace privé parfois réduit à une simple case, à la lumière du jour ou sous l'éclairage d'une bougie, le portrait se construit à la faveur d'une rencontre. Le livre nous dit la richesse des cultures, l'art du portrait et l'humanisme de la rencontre avec l'autre.

Un magnifique carnet de voyage à déguster et des portraits saisissants

 

les rgles dusageLes règles d'usage, Joyce Maynard (10/18, 2017)

Wendy, 13 ans, vit à Brooklyn. Le 11 septembre 2001, sa mère part travailler et ne revient pas. Après une prise de conscience lente et terrible, Wendy et sa famille tentent de continuer à vivre. Son chemin mène la jeune fille en Californie chez son père biologique qu'elle connaît à peine. Assaillie par les souvenirs, Wendy est tiraillée entre cette vie inédite et son foyer new-yorkais qui lui manque. Elle part alors à la découverte de ce qui l'entoure, faisant d'étonnantes rencontres : une mère adolescente, un libraire clairvoyant et son fils autiste, un jeune marginal qui recherche son frère. Ces semaines californiennes l'aideront-elles à aborder la nouvelle étape de sa vie ?

Un roman d’apprentissage poignant pour tous, grands ados comme adultes


le jeu de la dameLe jeu de la dame
, Walter Tevis (Gallmeister, 2021)

Kentucky, 1957. Après la mort de sa mère, Beth Harmon, neuf ans, est placée dans un orphelinat où l'on donne aux enfants de mystérieuses «vitamines» censées les apaiser. Elle y fait la connaissance d'un vieux gardien passionné d'échecs qui lui en apprend les règles. Beth commence alors à gagner, trop vite, trop facilement. Dans son lit, la nuit, la jeune fille rejoue les parties en regardant le plafond où les pièces se bousculent à un rythme effréné. Plus rien n'arrêtera l'enfant prodige pour conquérir le monde des échecs et devenir une championne. Mais, si Beth prédit sans faute les mouvements sur l'échiquier, son obsession et son addiction la feront trébucher plus d'une fois dans la vie réelle.

Avant ou après la série, (re)découvrez le roman éponyme, c’est aussi bon, voire meilleur !

battuesBattues, Antonin Varenne (Points, 2016)

Il a fallu que Rémi, garde-chasse défiguré et solitaire, jette son dévolu sur Michèle, trop belle pour lui. Mais surtout, Michèle est la fille de la famille Messenet, ces éleveurs qui se disputent les terres de la région avec une autre grande famille, les Courbier. Très vite, Rémi se retrouve piégé au beau milieu de cette guerre, dans laquelle personne ne donne bien cher de sa peau...

Un roman très noir, qui retrace l’histoire d’une certaine société figée dans ses traditions pour le meilleur et surtout pour le pire, une femme trop belle, une narration plus qu’étonnante, beaucoup de tension… et un auteur à suivre !

petit trait dcologiePetit traité d'écologie sauvage t.3 ; mythopoïèse, Alessandro Pignocchi (Steinkis, 2020)

En nous mettant face à ces situations presque impensables nous prend par la main pour nous amener à les envisager. Un anthropologue Jivaro « fait son terrain » dans la commune de Bois-le-Roi, des pinsons et mésanges définissent les nouvelles lois, Trump Merkel et Macron formant la minorité occidental à préserver. En quatre chapitres dessinés, Pignocchi nous place tantôt dans un arbre, tantôt à l'Élysée. On est dans la peau d’un un oiseau militant qui pense comme dans celle d’un président qui pense en Indien.

Le nouveau Petit traité d’écologie sauvage d’Alessandro Pignocchi. Toujours aussi intelligent et de magnifiques aquarelles. Avec une postface à lire pour pouvoir enfin renverser notre façon de penser. Une BD à offrir et à s’offrir !

 la ligneA la ligne ; feuillets d'usine, Joseph Ponthus (Folio, 2020)

«Au fil des heures et des jours le besoin d'écrire s'incruste tenace comme une arête dans la gorge Non le glauque de l'usine Mais sa paradoxale beauté».

Ouvrier intérimaire, Joseph embauche jour après jour dans les usines de poissons et les abattoirs bretons. Le bruit, les rêves confisqués dans la répétition de rituels épuisants, la souffrance du corps s'accumulent inéluctablement comme le travail à la ligne. Ce qui le sauve, ce sont l'amour et les souvenirs de son autre vie, baignée de culture et de littérature.

Par la magie d'une écriture drôle, coléreuse, fraternelle, l'existence ouvrière devient une odyssée où Ulysse combat des carcasses de bœuf et des tonnes de bulots comme autant de cyclopes.

une longueUne longue impatience, Gaëlle Josse (J'ai lu, 2019)

Ce soir-là, Louis, seize ans, n'est pas rentré à la maison. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans un village de Bretagne, sa mère Anne voit sa vie dévorée par l'absence, qui questionne la vie du couple et redessine celle de toute la famille. Chaque jour, aux bords de la folie, aux limites de la douleur, Anne attend le bateau qui lui ramènera son fils. Pour survivre, elle lui écrit la fête insensée qu'elle offrira pour son retour. Telle une tragédie implacable, l'histoire se resserre sur un amour maternel infini.

Un bouleversant portrait de femme, secrète, généreuse et fière

les serpentsLes serpents de la frontière, James Crumley (Gallmeister, 2021)

Cela fait des années que Milo a arrêté de boire, et le moins que l'on puisse dire, c'est que ça ne lui a pas réussi. Dépossédé de son héritage par un escroc, il finit par débusquer son vieux pote Sughrue au fin fond du Texas. Le plan est simple : à eux deux, ils vont mettre à profit leur expérience d'enquêteurs peu conventionnels pour retrouver l'escroc et rendre une justice exemplaire. Accessoirement, Milo entend «arrêter d'arrêter» les substances déconseillées pour la santé. Mais Sughrue a lui aussi quelque chose à demander. Toujours incontrôlable, il s'est mis à dos une bande sacrément dangereuse, les «serpents de la frontière». Des serpents connus pour ne pas faire de quartier. Sauf que Sughrue n'a pas le sens de la mesure, et puisque Milo est là...

Les deux héros de James Crumley conjuguent leurs fulgurances et leur folie dans une quête qui les entraîne au coeur des déserts du Mexique

histoiresHistoires pour distraire ma psy, Jean-Louis Fournier (Anne Carriere, 2007)

« Votre psy pense à vous, mais vous, est-ce que vous pensez à elle ? Est-ce que vous vous mettez parfois à sa place, à elle qui essaie de se mettre à la vôtre ? Essayez, pour une fois, de lui adoucir la tâche. Arrêtez de toujours vous plaindre, racontez-lui des histoires. Soyez léger, parfois drôle, au récit de vos angoisses ajoutez quelques facéties. Soyez celui avec lequel elle ne s'ennuie jamais, celui qui a toujours des choses passionnantes à raconter, celui avec qui les séances sont récréatives et trop courtes. Celui dont elle puisse se dire plus tard, avec nostalgie : "c'était un bon client... J'ai moi-même essayé de l'être, est-ce que j'ai réussi ? Demandez à ma psy » 

Un recueil d'histoires insolites, certaines vécues, d'autres inventées. Souvenirs, rêves, nouvelles plus ou moins loufoques, une cinquantaine de chapitres courts composent un cocktail étonnant qui se déguste jusqu'à la dernière séance.

american dirtAmerican dirt, Jeanine Cummins (Philippe Rey, 2020)

Libraire à Acapulco, au Mexique, Lydia mène une vie calme avec son mari journaliste Sebastián et leur famille, malgré les tensions causées dans la ville par les puissants cartels de la drogue. Jusqu'au jour où Sebastián, s'apprêtant à révéler dans la presse l'identité du chef du principal cartel, apprend à Lydia que celui-ci n'est autre que Javier, un client érudit avec qui elle s'est liée dans sa librairie... La parution de son article bouleverse leur destin à tous. Contrainte de prendre la fuite avec son fils de 8 ans, Luca, Lydia se sait suivie par les hommes de Javier. Ils vont alors rejoindre le flot de migrants en route vers les USA, devront voyager clandestinement, seront dépouillés par des policiers corrompus, et menacés par les tueurs du cartel...

Un roman bouleversant et plein d’empathie, qui nous fait réfléchir. Un seul défaut : une fois commencé, on ne peut plus s’arrêter…

chavirerChavirer, Lola Lafon (Actes sud, 2020)

1984. Cléo, treize ans, qui vit entre ses parents une existence modeste en banlieue parisienne, se voit un jour proposer d'obtenir une bourse, délivrée par une mystérieuse Fondation, pour réaliser son rêve : devenir danseuse de modern jazz. Mais c'est un piège, sexuel, monnayable, qui se referme sur elle et dans lequel elle va entraîner d'autres collégiennes. Devenue danseuse, notamment sur les plateaux de Drucker dans les années 1990, Cléo comprend qu'un passé qui ne passe pas est revenu la chercher, et qu'il est temps de l’affronter

Ce roman décrit aussi bien les 80 et leur rêve de paillettes que le phénomène d’emprise chez des ados, victimes devenues coupables. Passionnant et complexe


bettyBetty, Tiffany Mcdaniel (Gallmeister, 2020)

Betty, née dans une baignoire, est la sixième de huit enfants. Sa famille vit en marge de la société car, si sa mère est blanche, son père est cherokee. Lorsque les Carpenter s'installent dans la petite ville de Breathed, après des années d'errance, le paysage luxuriant de l'Ohio semble leur apporter la paix. Avec ses frères et sœurs, Betty grandit bercée par la magie immémoriale des histoires de son père. Mais les plus noirs secrets de la famille se dévoilent peu à peu. Pour affronter le monde des adultes, Betty puise son courage dans l'écriture : elle confie sa douleur à des pages qu'elle enfouit sous terre au fil des années. Pour qu'un jour, toutes ces histoires n'en forment plus qu'une, qu'elle pourra enfin révéler.

Un roman magnifique et très poétique, que c’est beau !


ce quil faut de nuitCe qu'il faut de nuit, Laurent Petitmangin (La manufacture de livres, 2020)

C'est l'histoire d'un père qui élève seul ses deux fils. Une histoire d'amour. Les années passent et les enfants grandissent. Ils choisissent ce qui a de l'importance à leurs yeux, ceux qu'ils sont en train de devenir. Ils agissent comme des hommes. Et pourtant, ce ne sont encore que des gosses. C'est une histoire de famille et de convictions, de choix et de sentiments ébranlés, une plongée dans le coeur de trois hommes.

Un premier roman très sensible, prix Femina des lycéens 2020


histoire du filsHistoire du fils
, Marie-Hélène Lafon (Buchet Chastel, 2020)

Le fils, c'est André. Le père, c'est l'Absent. La mère, c'est Gabrielle. Mais André est élevé par Hélène, la sœur de Gabrielle, et son mari. Il grandit au milieu de ses cousines. Chaque été, il retrouve sa mère biologique qui vient passer ses vacances en famille. De Saint-Céré dans le Lot en passant par Chanterelle et Aurillac jusqu'à Paris, Marie-Hélène Lafon nous transporte à nouveau au coeur d'une famille. Elle décrypte aussi bien ses bonheurs ordinaires que le poids du manque le plus profond, celui qui creuse des galeries dans les vies, sous les silences.

Un roman à l’écriture fluide qui parle bien des origines, prix Renaudot 2020


des souris et des hommesDes souris et des hommes, Rébecca Dautremer, John Steinbeck (Tishina, 2020)

Des Souris et des Hommes, c'est l'histoire de George et Lennie, deux saisonniers qui voyagent à travers la Californie, rêvant d'une vie meilleure. Une histoire magnifique, qui nous raconte l'amitié, l'espoir mais aussi la cruauté des hommes. Rébecca Dautremer adapte ce grand classique dans un incroyable roman graphique. Un dialogue intense entre le texte intégral de Steinbeck et l'univers artistique de la plus célèbre des illustratrices françaises.

LA BD à lire et offrir cette année, ne ratez surtout pas cette adaptation magnifique du classique de Steinbeck !


dans la foret bdDans la forêt, Lomig, Jean Hegland (Sarbacane, 2019)

Deux sœurs apprennent à survivre au coeur de la forêt, dans un monde privé de ressources. Nell et Eva, 17 et 18 ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au coeur de la forêt. Quand la civilisation s'effondre et que leurs parents disparaissent, les deux sœurs demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours vivantes, leur passion de la danse et de la lecture. Mais face à l'inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, emplie d'inépuisable richesses.

Cette BD est aussi remarquable que le roman éponyme et nous fait redécouvrir ce livre dans une adaptation sublime en noir et blanc


AdaAda, Barbara Baldi (Ici même, 2019)

Pour échapper à son quotidien de labeur et à son père, rustre et acariâtre, Ada n'a que la peinture, à laquelle elle s'adonne en secret. En cette année 1917, l'Autriche, comme toute l'Europe, est bouleversée par la guerre. C'est dans sa passion que la « fille des bois » trouve un sens à l'existence. Quand Vienne l'appelle, le fragile équilibre sur lequel tenait le fil de sa vie ne peut qu'être renversé.

Une BD en peu de mots mais les peintures sont très fortes


un bonheur insoutenableUn bonheur insoutenable, Ira Levin (J’ai lu, 2018)

Tandis que les nations sont parvenues à abolir les guerres et la misère, les hommes sont à présent gouvernés par un ordinateur géant et ont été, grâce à un traitement hormonal, privés de toute pensée originale. Les humains sont programmés dès leur naissance -du moins ceux qui ont été autorisés à naître - et sont régulièrement traités par des médicaments qui les immunisent contre les maladies, mais aussi contre l'initiative et la curiosité. Il y a cependant des révoltés. L'un d'eux, surnommé Copeau, va redécouvrir les sentiments interdits et d'abord l'amour. Il s'engage alors dans une lutte désespérée contre ce monde trop parfait, inhumain, qui accorde, certes, le bonheur à tous mais un bonheur devenu insoutenable parce qu'imposé.

Un livre de science-fiction accessible à tous, une réflexion intéressante et pas manichéenne : à découvrir


la marche ds le cielLa marche dans le ciel ; 5000 km à pied à travers l'Himalaya, Alexandre Poussin, Sylvain Tesson (Pocket, 2006)

Partis du Bhoutan, ils se sont senti tout petits devant l'immensité des montagnes. Six mois et 5000 kilomètres plus tard, Alexandre Poussin et Sylvain Tesson entraient au Tadjikistan, après avoir accompli la traversée intégrale de l'Himalaya, à pied, d'est en ouest. Les deux jeunes gens se sont lancés dans ce pari sans préjugés ni certitudes. Ils se sont refusé les tentes, les vivres, les porteurs. Ainsi, dans cette région très peu peuplée, n'ont-ils pu compter que sur des rencontres, sur ce rapport d'échange oublié entre l'étranger et ses hôtes, pour se nourrir et s'abriter. Ensemble, ils ont franchi des frontières et nous livrent un récit enthousiaste, un regard sur les autres et sur le monde profondément sympathique.

Un témoignage époustouflant qui donne envie de partir faire le tour du monde à pied

le coeur synthtiqueLe coeur synthétique, Chloé Delaume (Seuil, 2020)

Adélaïde vient de rompre, après des années de vie commune. Alors qu'elle s'élance sur le marché de l'amour, elle découvre avec effroi qu'avoir 46 ans est un puissant facteur de décote à la bourse des sentiments. Obnubilée par l'idée de rencontrer un homme et de l'épouser au plus vite, elle culpabilise de ne pas gérer sa solitude comme une vraie féministe le devrait. Entourée de ses amies elles-mêmes empêtrées dans leur crise existentielle, elle tente d'apprivoiser le célibat, tout en effectuant au mieux son travail dans une grande maison d'édition. Les statistiques tournent dans sa tête et ne parlent pas en sa faveur : « Il y a plus de femmes que d'hommes, et ils meurent en premier. »

Un livre drôle et attachant loin du roman à thèse, c’est un vrai portrait de femme moderne, on se régale avec cette lecture tonique qui nous bouscule


FilleFille, Camille Laurens (Gallimard, 2020)

Laurence Barraqué est née en 1959 dans une famille de la petite bourgeoisie de Rouen. Son père est médecin et sa mère femme au foyer. Très tôt elle comprend, à travers le langage et l'éducation de ses parents, que la position des filles est inférieure à celles des garçons. Cette expérience se prolonge à l'école, au cours de danse, à la bibliothèque municipale, partout où le langage impose la position dominante du genre masculin.

Un livre démonstratif, l’écriture est fluide et a le souci de cerner les mots plaqués sur les filles mais avec aussi de nombreux lieux communs, une psychanalyse de bazar et une incapacité à entrer en résonnance avec les personnages. Plutôt décevant!


anais ninAnaïs Nin ; sur la mer des mensonges, Léonie Bischoff (Casterman, 2020)

Début des années 30. Anaïs Nin vit en banlieue parisienne et lutte contre l'angoisse de sa vie d'épouse de banquier. Plusieurs fois déracinée, elle a grandi entre 2 continents, 3 langues, et peine à trouver sa place dans une société qui relègue les femmes à des seconds rôles. Elle veut être écrivaine, et s'est inventé, depuis l'enfance, une échappatoire : son journal. Il est sa drogue, son compagnon, son double, celui qui lui permet d'explorer la complexité de ses sentiments et de percevoir la sensualité qui couve en elle. C'est alors qu'elle rencontre Henry Miller, une révélation qui s'avère la première étape vers de grands bouleversements.

Voilà un superbe roman graphique, un portrait sans tabou d’une grande écrivaine et une lecture envoûtante, laissez-vous porter par cette BD qui n’en est pas vraiment une …

 

loasisL'oasis, Simon Hureau (Dargaud, 2020)

Quelque part entre les "Souvenirs entomologiques" de Jean-Henri Fabre et l'émission « Silence, ça pousse » sur France 5, Simon Hureau raconte par le menu comment il a peu à peu redonné vie à son jardin abandonné à la friche par son ancien propriétaire. Sans connaissances particulières sur le sujet, l'auteur, avec beaucoup de recherches, de passion et d'huile de coude, parvient à recréer à partir d'un no-man's land une véritable oasis de biodiversité, et témoigne ainsi des capacités de résilience de la nature, pour peu qu'on lui file un coup de main.

Un livre d'autodidacte passionné et passionnant, à mi-chemin entre la BD et le guide pratique : une très belle surprise pour tous les amoureux de la nature. Ou comment faire revenir la biodiversité même dans un tout petit jardin

mon tratreMon traître, Pierre Alary (Rue de sevres, 2018)

Antoine, luthier parisien se prend d'amour pour l'Irlande. Fasciné par sa culture, ses paysages et par la chaleur des gens, le jeune Français rencontre Jim et Cathy qui deviendront des amis précieux. Tous font partie du mouvement républicain irlandais, et mènent des actions pour le compte de l’IRA. Un soir à Belfast, il fait la connaissance du charismatique Tyrone Meehan, responsable de l'IRA, vétéran de tous les combats contre la puissance britannique. Antoine ne tarde pas à embrasser la cause de ce peuple. Captivé, le jeune Français trouve en Tyrone un mentor, un ami très cher, presque un père. Puis un traître... « Mon traître », comme l'appelle Antoine, pour désigner cet homme qui fut en réalité, vingt-cinq ans durant, un agent agissant pour le compte des Anglais. Il les avait tous trahis, ses parents, ses enfants, ses camarades, ses amis et lui, chaque matin, chaque soir...

Une BD remarquable par le trait comme par l’histoire qui donne envie de lire ou relire le roman originel de Sorj Chalandon pour retrouver certaines clefs de l’histoire

le palais des ortiesLe palais des orties, Marie Nimier (Gallimard, 2020)

Quand Fred débarque au Palais des orties, en cet été caniculaire, c'est un vent de fraîcheur qui semble entrer dans la maison, comme quand, au matin, on ouvre les fenêtres pour changer un air déjà trop lourd. Fred est woofeuse : contre gîte et couverts elle vient donner un coup de main aux travaux quotidiens. Sous son apparence fragile, la jeune métisse ne manque pourtant ni de courage ni d'énergie. Nora, Simon, leurs enfants Anaïs et Noé et même le chien Cheese sont sous le charme. Pourtant, en arrivant avec un jour d'avance, elle avait un peu contrarié la mère de famille.

C'est léger, sans tabou mais sans excès. Marie Nimier fait de son lecteur un spectateur, pas un voyeur. On ne peut rester insensible à ce qu'elle offre à nos yeux, elle le fait avec talent. Une lecture envoûtante, comme son écriture.


broadwayBroadway, Fabrice Caro (Gallimard, 2020)

Une femme et deux enfants, un emploi, une maison dans un lotissement où s'organisent des barbecues sympas comme tout et la perspective du paddle à Biarritz avec un couple d'amis l'été prochain... Axel pourrait être heureux, mais fait le constat, à 46 ans, que rien ne ressemble jamais à ce qu'on avait espéré. Il s'était rêvé scintillant et emporté dans une comédie musicale à la Broadway, il se retrouve dans un spectacle de fin d'année foireux. Et s'il était temps pour Axel de tout quitter, de partir dès ce soir à Buenos Aires, au lieu de rentrer du travail et malgré l'apéro chez les voisins ?

si vous avez aimé Le Discours, vous adorerez ce nouveau roman de Fabrice Caro ! Ou comment mêler scènes désopilantes et mélancolie existentielle…

 

heritageHéritage, Miguel Bonnefoy (Rivages, 2020)

Des coteaux du Jura jusqu'aux geôles de Pinochet, des tranchées de la Somme jusqu'au ciel britannique déchiré par les Messerschmitt, la famille Lonsonier a traversé le XXe siècle avec fougue, et y a laissé quelques plumes... Mais de Lazare le poilu chilien et de sa dulcinée Thérèse amoureuse des êtres ailés, de Margot l'aviatrice intrépide et d'Ilario Da son fils révolté, on retient surtout l'incoercible force de vie. Ces drôles d'oiseaux migrateurs, pris tour à tour dans l'œil du cyclone, ne cessent de voler vers leur destin, d'un côté à l'autre de l'Atlantique, avec pour tout viatique la légende mystérieuse d'un oncle disparu...

on se balade avec plaisir dans le Chili du début du XXème siècle. Les personnages sont haut en couleur et l’écriture est fluide

comme un empireComme un empire dans un empire, Alice Zeniter (Flammarion, 2020)

Il s'appelle Antoine. Elle se fait appeler L. Il est assistant parlementaire, elle est hackeuse. Ils ont tous les deux choisi de consacrer leur vie à un engagement politique, officiellement ou clandestinement. Le roman commence à l'hiver 2019. Antoine ne sait que faire de la défiance et même de la haine qu'il constate à l'égard des politiciens de métier et qui commence à déteindre sur lui. Dans ce climat tendu, il s'échappe en rêvant d'écrire un roman sur la guerre d'Espagne. L vient d'assister à l'arrestation de son compagnon, accusé d'avoir piraté une société de surveillance, et elle se sait observée, peut-être même menacée. Antoine et L vont se rencontrer autour d'une question : comment continuer le combat quand l'ennemi semble trop grand pour être défait ?

Alice Zéniter mêle dans son dernier roman les deux univers pourtant éloignés de l’informatique et de la politique, cela fonctionne et on s'attache autant à L la hackeuse qu’à Antoine le jeune attaché parlementaire.

le grand noLe grand Nord-Ouest, Anne-Marie Garat (Actes sud, 2020)

Fin des années 1930, Yukon, Alaska. Une aventurière fuit la Californie avec une enfant et, bravant les dangers, se lance à la poursuite de ses fantômes sur les pistes des territoires amérindiens du Grand Nord, avec pour seul guide une mystérieuse carte folle. Bud Cooper qui a croisé sa route rapporte le récit de l'équipée que lui en fait, quinze ans plus tard, l'enfant d'alors, au risque de se perdre à son tour avec elle aux confins de l'imaginaire.

Imaginez une romancière française qui parlerait des grands espaces américains et canadiens comme Jim Harrison et qui au lieu de mettre en scène des cowboys choisirait une pin-up et une petite fille!

lanomalieL'anomalie, Hervé Le Tellier (Gallimard, 2020)

10 mars 2021. Les 243 passagers d'un vol au départ de Paris, marqué par de violentes turbulences, atterrissent à New York. Parmi eux : Blake, tueur à gages ; Lucie et André, couple français au bord de la rupture ; Slimboy, chanteur nigérian homosexuel ; Joanna, avocate américaine ; ou encore Victor Miesel, écrivain sans succès, qui se donne la mort après avoir écrit en quelques jours un livre aussitôt propulsé en tête des ventes... Trois mois plus tard, contre toute logique, un avion en tous points identique, avec à son bord le même équipage et les mêmes passagers, surgit dans le ciel au-dessus de New York. S'ensuivra une crise politique, médiatique et scientifique sans précédent, au coeur de laquelle chacun de ces personnages ou presque se retrouvera face à une autre version de lui-même...

A peine un élément de science-fiction et autant de de conséquences que de personnages, c’est très malin de la part de cet auteur. On ne s’ennuie pas un instant avec ce prix Goncourt !

histoires de la nuitHistoires de la nuit, Laurent Mauvignier (Minuit, 2020)

Il ne reste presque plus rien à La Bassée : un bourg et quelques hameaux, dont celui qu'occupent Bergogne, sa femme Marion et leur fille Ida, ainsi qu'une voisine, Christine, une artiste installée ici depuis des années. On s'active, on se prépare pour l'anniversaire de Marion, dont on va fêter les quarante ans. Mais alors que la fête se profile, des inconnus rôdent autour du hameau.

Un thriller haletant écrit par Proust, un huis clos sur 700 pages qui se déroule en quelque heures, un exploit littéraire qui nous ravit

lintimitL'intimité, Alice Ferney (Actes sud, 2020)

Une libraire féministe, célibataire par conviction, qui a décidé de longue date qu'elle ne serait pas mère ; un père architecte qui cherche une nouvelle compagne ; une enseignante fière de son indépendance qui s'est inscrite sur un site de rencontres. En révélant leurs aspirations, leurs craintes, leurs choix, Alice Ferney orchestre une polyphonie où s'illustrent les différentes manières de former un couple, d'être un parent, de donner (ou non) la vie.

à mi-chemin entre dialogue philosophique et comédie de mœurs contemporaine, «L'Intimité» ausculte notre société de près. Une lecture enthousiasmante mais avec des longueurs

tous les vivantsTous les vivants, Morgan C. E. (Gallimard, 2020)

Orren et Aloma sont deux âmes à vif, deux jeunes êtres à fleurs de peau. Elle est orpheline, élevée dans une école missionnaire catholique et dotée d'un talent rare pour le piano. Il est fils de fermiers, fier et taciturne. Ils sont amoureux et leur vie bascule le jour où la famille d'Orren meurt dans un accident de voiture, le laissant en charge d'une vaste plantation de tabac, d'une terre aride et d'une maison silencieuse où flotte encore la présence des êtres disparus. Livrée à elle-même dans ces lieux si peu familiers au coeur des montagnes du Kentucky, Aloma devra traverser des épreuves afin de trouver sa place dans cette nouvelle vie.

Un magnifique portrait de femme écorchée par la vie, partagée entre son envie d'aller voir ailleurs et son désir de musique... Ce roman a une écriture charnelle, emplie de violence

 

terrible vertuTerrible vertu, Ellen Feldman (10/18, 2020)

Élevée dans un milieu pauvre, par un père libre penseur et une mère épuisée par 13 grossesses, Margaret Sanger se fait très jeune le serment de ne jamais subir la vie d'une femme au foyer. Devenue infirmière, elle se marie, a des enfants, mais ne renonce à aucune de ces libertés scandaleuses qui vont devenir sa marque de fabrique. Dans une société où la contraception est illégale, elle décide de se consacrer aux femmes et met sur pied en 1916 la première clinique clandestine de contrôle des naissances. C'est le premier pas d'une vie de luttes enfiévrées qui la conduiront à créer en 1952 le planning familial, puis de militer pour la légalisation de la pilule. Contrainte de fuir son pays, c'est en Angleterre et en France que Margaret, toujours aussi indomptable et provocante, poursuivra son inlassable combat pour l'égalité des sexes.

Icone du féminisme américain, Margaret Sanger a milité toute sa vie pour l'accès à la  contraception dans un milieu très conservateur et hostile au progrès. Ce livre nous relate la vie d'une femme libre et passionnée

hotel castellanaHôtel Castellana, Ruta Sepetys (Gallimard, 2020)

Daniel Matheson passe l'été 1957 à Madrid avec ses parents. Passionné de photographie, il espère découvrir le pays de naissance de sa mère par le viseur de son appareil. Dans l'hôtel Castellana où s'installe la famille Matheson travaille la belle et mystérieuse Ana. Daniel découvre peu à peu son histoire, lourde de secrets, et à travers elle le poids de la dictature espagnole. Mais leur amour est-il possible dans un pays dominé par la peur et le mensonge?

Un roman, bien documenté, qui a demandé 8 ans de recherche à son auteur et peut se lire dès 13 ans. L’auteure de Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre est connue pour mettre en lumière des faits historiques (relativement) méconnus, elle confirme ici son talent de narratrice pour tous


le vent nous porteraLe vent nous portera, Jojo Moyes (Milady, 2019)

Tout part de l'histoire véridique de la création d'une bibliothèque itinérante aux Etats-Unis, pendant la Grande Dépression, cette initiative ayant permis à plus de 100 000 habitants de zones rurales de pouvoir être fournis en lecture. Le roman se déroule dans un coin perdu du Kentucky et l'originalité vient du fait que ce sont des femmes qui font vivre cette bibliothèque et qui livrent elles-mêmes leurs précieux ouvrages, synonymes pour elles, de culture, de connaissance et de liberté. Elles sont fortes, vives, décidées et courageuses car il faut amener les livres à cheval, dans des montagnes où habitent des populations déshéritées et ce, par n'importe quel temps ! Bien sûr, dans leur petite ville, il y a aussi des pimbêches, des commères et des coincées comme partout ... Du côté masculin, il y a des brutes, des méchants et des toquards mais aussi des hommes bien et capables de beaux sentiments. Aucune mièvrerie : on côtoie aussi bien la ségrégation raciale, les luttes pour l'émancipation féminine, l'éducation sexuelle ainsi que les combats difficiles à mener contre des patrons voyous ... On y voit surtout des enfants et des adultes qui aiment lire et ce, quel que soit le contenu de leurs lectures !

On passe un très bon moment, c'est tout ce que l'on souhaite avec un livre... surtout un livre qui parle de bibliothèques !

oo sont passesOù sont passés les grands jours ?, Jim (Bamboo, 2019)

C'est l'histoire de Fred, qui s'est donné la mort. C'était le meilleur ami d'Hugo, d'Étienne, ou de Jean-Marc. Mais tout ça n'a plus vraiment d'importance. C'est encore l'histoire d'un numéro de téléphone, celui de Fred, qu’Hugo ne se résout pas à supprimer de son répertoire. En tout cas, pas sans avoir passé un dernier coup de fil. C'est aussi l'histoire de trois cadeaux, laissés à titre posthume par Fred et qui, progressivement, changeront leur vie à tous. C'est enfin l'histoire du temps qui passe, des petits ressentis, de ces impressions que l'on garde au fond de soi, celles que l'on tait. Jusqu'à ce que tout explose, un jour... C'est une histoire d'amitié. Une histoire sur les rêves que l'on porte en soi. Ceux que l'on réalise et ceux que l'on ne réalise pas, en somme.

Une BD humaine, touchante et très sensible sur la vie, ses amours, ses amis, ses emmerdes, la vie quoi !

pas exactement lamourPas exactement l'amour, Arnaud Cathrine (Gallimard, 2017)

Ce n'est pas l'amour. Pas encore. Ou presque trop. Ou plus tout à fait. Pourtant les personnages de ce livre se croient tous amoureux. Alors quoi? Leurs histoires d'amour ne seraient-elles que des tentatives d'amour? Passant de l'humour à la gravité, de la confidence à l'outrage, de la pudeur à la sensualité résolue, Arnaud Cathrine revisite, au fil de dix nouvelles, un motif universel, fluctuant et insaisissable.

Des nouvelles souvent drôles, parfois intimes, parfois sensuelles sur un thème universel mais bien revisité : lecture facile et agréable !

remingtonRemington, Joseph Incardona (Fayard, 2008)

A coups de poings déterminés, les doigts pleins d'encre, le doux Matteo Greco est résolu à ne pas se laisser prendre au piège de la médiocrité. Chômeur un jour sur deux, écrivain, vigile et boxeur le reste du temps, il a confiance : il a du talent. Un soir, à l'atelier d'écriture, il rencontre celle avec qui il veut tracer la route : Elsa, une femme un peu sauvage, orgueilleuse et extravertie, aussi déterminée que lui. Elle le fascine, il en tombe éperdument amoureux. Hélas, il a perdu de vue l'essentiel : il faut être deux pour aimer. Quand le roman d’Elsa, à la réécriture duquel il a consacré tant d'heures, paraît avec succès sans même qu'il en ait été informé, quelque chose casse. Elsa l'a trompé, Elsa l'a trahi. Elle lui a tout pris, tout volé. Alors Matteo retourne à son entraînement. Pour sortir de sa petite vie minable, cette fois les doigts couverts de sang.

Un tout bon « petit » roman, « petit » car il n’a pas une formidable ampleur non plus, mais c’est un tout bon moment !

le petit garonLe petit garçon qui voulait être Mary Poppins, Alejandro Palomas (Cherche midi, 2020)

C'est l'histoire de Guille... C'est l'histoire d'un petit garçon débordant d'imagination qui voue un amour sans bornes à Mary Poppins. L'histoire d'un père un peu bougon, qui vit seul avec ce fils sensible et rêveur dont il a du mal à accepter le caractère. D'une institutrice qui s'inquiète confusément pour l'un de ses élèves qui vit un peu trop dans ses rêves. D'une psychologue scolaire à qui on envoie un petit garçon qui a l'air d'aller beaucoup trop bien. Quel mystère se cache derrière cette apparence si tranquille, et pourtant si fragile ?

Un roman facile à lire et sensible, mais absolument pas mièvre

il est des hommesIl est des hommes qui se perdront toujours, Rebecca Lighieri (P.o.l, 2020)

Une cité de Marseille entre les années 80 et 2000. Le narrateur, Karel, est un garçon des quartiers Nord, qui vit avec sa sœur Hendricka et son petit frère Mohand, infirme. Ils essaient de survivre à leur enfance, entre maltraitance, toxicomanie, pauvreté des parents, et indifférence des institutions. Le roman s'ouvre sur l'assassinat de leur père. Les trois enfants vont s'inventer chacun un destin. Karel s'interroge : « Qui a tué mon père ? » Et fantasme sur la vie qu'il aurait pu mener s'il était né sous une bonne étoile, s'il avait eu des parents moins déviants et moins maltraitants. Il veille sur son petit frère et voit sa sœur réussir une carrière au cinéma. C'est une plongée romanesque dans toute une culture populaire dont l'auteure saisit l'énergie et les émotions à travers les chansons de l'époque.

Un vrai coup de poing et un coup de cœur pour ce roman pas manichéen pour un sou !

soyez imprudentsSoyez imprudents les enfants, Véronique Ovaldé (Points, 2018)

"Soyez imprudents les enfants", c'est le curieux conseil donné à tous les Bartolome lorsqu'ils n'étaient encore que de jeunes rêveurs - et qui explique peut-être qu'ils se soient aventurés à changer le monde. C'est ce qu'aimerait entendre Atanasia, la dernière des Bartolome, qui du haut de ses 13 ans espère ardemment qu'un événement bouscule sa trop tranquille adolescence. Ce sera la découverte du mystérieux peintre Roberto Diaz Uribe. Atanasia va partir à sa recherche. Et s'inventer en chemin.

Un roman très prétentieux, à oublier…

 

la petite fille de m linhLa petite fille de Monsieur Linh, Philippe Claudel (livre de poche, 2007)

C'est un vieil homme debout à l'arrière d'un bateau. Il serre dans ses bras une valise légère et un nouveau-né, plus léger encore que la valise. Le vieil homme se nomme Monsieur Linh. Il est seul désormais à savoir qu'il s'appelle ainsi. Debout à la poupe du bateau, il voit s'éloigner son pays, celui de ses ancêtres et de ses morts, tandis que dans ses bras l'enfant dort. Le pays s'éloigne, devient infiniment petit, et Monsieur Linh le regarde disparaître à l'horizon, pendant des heures, malgré le vent qui souffle et le chahute comme une marionnette.

Un magnifique récit au style pur et une très belle histoire à la fin imprévisible : que c’est beau !

miroir de nos peinesMiroir de nos peines, Pierre Lemaitre (Albin Michel, 2020)

Avril 1940. Louise, trente ans, court, nue, sur le boulevard du Montparnasse. Pour comprendre la scène tragique qu'elle vient de vivre, elle devra plonger dans la folie d'une période sans équivalent dans l'histoire où la France toute entière, saisie par la panique, sombre dans le chaos, faisant émerger les héros et les salauds, les menteurs et les lâches... Et quelques hommes de bonne volonté. Il fallait toute la verve et la générosité d'un chroniqueur hors pair des passions françaises pour saisir la grandeur et la décadence d'un peuple broyé par les circonstances. Secret de famille, grands personnages, puissance du récit, rebondissements, burlesque et tragique...

On retrouve avec plaisir la verve de de Pierre Lemaitre, prix Goncourt pour Au revoir là-haut, dans ce troisième tome bien meilleur que le précédent (Couleurs de l’incendie).

le combat ordinaireLe combat ordinaire, Manu Larcenet, Patrice Larcenet (Dargaud, 2014)

Jeune photographe de guerre, Marco a vu trop d'horreurs. Ecœuré, il se retire du monde, avec son chat, pour essayer de se reconstruire. Sur cette trame fort simple, Manu Larcenet tisse quelques-unes des plus belles pages de la bande dessinée de ces dix dernières années. Une réflexion unique sur le passage à l'âge adulte, l'acceptation de soi et notre rapport au monde.

Une série de 4 BD à (re)lire absolument, c’est drôle, profond, parfois triste mais toujours beau et changeant comme la vie

 

coupes  coeurCoupes à cœur, Koren Shadmi (Ici même, 2014)

Après le joli succès critique et public des deux volumes d'Abaddon, Koren Shadmi nous offre ici cinq courts récits dans la même veine. Omniprésence des fantasmes, poids du destin, ambiguïté des sentiments religieux, turpitudes des rapports amoureux. Pas de doute, aucun des thèmes chers à Koren Shadmi ne manque à ce nouvel opus. Cinq contes, cinq histoires qui sont autant de petites tragédies ordinaires. Avec un humour parfois féroce, Shadmi met en scène des personnages aux amours contrariées, déçues, vouées à l'échec.

Une très belle BD sur des histoires d’amour qui finissent mal mais qui commencent mal aussi

libellulesLibellules, Joël Egloff (Gallimard, 2014)

Il y a, dans Libellules, un enfant qui grandit et sans cesse s'interroge, un père qui aimerait pouvoir lui répondre, il y a cette femme qui, du matin au soir, secoue son linge à sa fenêtre, il y a Kate, là-bas, en Antarctique, et la tragique histoire d'un chapeau à la mer. Avec tendresse et bienveillance, un homme, écrivain, porte un regard sensible et drôle sur le monde qui l'entoure.

Un très chouette recueil de nouvelles


du ct du bonheurDu côté du bonheur, Anna McPantlin (Pocket, 2019)

Entre son boulot au cabinet dentaire, ses ménages du soir, ses deux enfants à nourrir et sa mère qui perd la tête, Maisie jongle comme elle peut. Mais elle a choisi son camp. Celui du bonheur. En quittant son mari, abusif et violent, sept ans plus tôt... En laissant entrer, pour la première fois, un nouvel homme dans sa vie... Hélas, ce 1er janvier 1995, ce fragile édifice menace de s'écrouler: Jeremy, son fils aîné, a disparu. Un autre combat commence. Dans une Irlande populaire et rongée par les préjugés, le bonheur doit s'arracher avec les dents.

Vous voulez un beau livre, une magnifique histoire ? C’est celui-ci. Un magnifique roman, âmes sensibles, s'abstenir !

la femme au miroirLa femme au miroir, Éric-Emmanuel Schmitt (livre de poche, 2013)

Anne vit à Bruges au temps de la Renaissance, Hanna dans la Vienne impériale de Sigmund Freud, Anny à Hollywood de nos jours. Toutes trois se sentent différentes de leurs contemporaines ; refusant le rôle que leur imposent les hommes, elles cherchent à se rendre maîtresses de leur destin. Trois époques. Trois femmes. Et si c'était la même?

Un roman intéressant à l’écriture simple et fluide

 

lombre de ce queL'ombre de ce que nous avons été, Luis Sepúlveda (Points, 2011)

Trois vieux Chiliens rêvent de renverser le dictateur Pinochet. En attendant leur chef, " Le Spécialiste ", dans un vieil entrepôt de Santiago, Aranbicia boit, Lolo Garmendia fulmine devant ses mots croisés et Cacho Salinas se remémore son passé d'éleveur de volailles. Mais " Le Spécialiste " ne viendra pas : il est mort, assommé par un tourne-disque converti en projectile lors d'une dispute conjugale. Une satire absurde et émouvante du Chili et des ambitions révolutionnaires.

Un roman très drôle du regretté auteur du Vieux qui lisait des histoires d’amour (entre autres !)


ce que vit le rouge gorgeCe que vit le rouge-gorge, Laurence Birberfeld (au-delà du raisonnable, 2015)

Garance se fait embaucher comme domestique par un couple d'éleveurs de porcs. Dans un but précis. Les patrons, Marylène, une belle plante jalouse et féroce, et Jean-Michel, un homme à femmes, sont débordés, arrivistes : tout est bon pour nourrir leurs porcs et leurs ambitions. À l'intérieur et autour de cet élevage intensif, la présence obsédante des animaux s'ajoute à celle des humains en un huis clos concentrationnaire.

Roman époustouflant ! Malgré une écriture emberlificotée, une intrigue passionnante, des descriptions d'une cruauté à la limite du supportable, il faut le lire !

les fleurs de lombreLes fleurs de l'ombre, Tatiana de Rosnay (Heloise d’Ormesson, 2020)

La romancière Clarissa Katsef quitte son mari à la suite d’une découverte qui l’a profondément bouleversée et peine à trouver un nouveau toit. La chance semble tourner lorsqu’elle est admise, contre toute attente, dans la très convoitée résidence pour artistes CASA. Mais est-ce vraiment une chance ? Après quelques jours passés dans son superbe appartement, au huitième étage d’un immeuble ultramoderne, elle éprouve un malaise diffus, le sentiment d’être observée en permanence. Ses nuits sont agitées, des traumatismes passés reviennent la hanter.
Qui se cache derrière CASA, projet à visée philanthropique ? Que veut vraiment ce « bienfaiteur » ? Affaiblie par le drame qui a fait imploser son mariage, tenaillée par le doute, Clarissa s’interroge. A-t-elle raison de se méfier ou cède-t-elle à la paranoïa, victime d’une imagination beaucoup trop fertile ?

Roman commencé dans l'enthousiasme car le point de départ et l'ambiance laissaient présager un très bon roman, mais grosse déception. Dommage!

 lore du vergerA l'orée du verger, Tracy Chevalier (Gallimard, 2018)

En 1838, la famille Goodenough s'installe sur les terres marécageuses du Black Swamp, dans l'Ohio. Chaque hiver, la fièvre vient orner d'une nouvelle croix le bout de verger qui fait péniblement vivre ces cultivateurs de pommes. Quinze ans et un drame plus tard, leur fils Robert part tenter sa chance dans l'Ouest et sa sœur Martha n'a qu'un rêve : traverser l'Amérique pour lui confier un lourd secret. Des coupe-gorge de New York au port grouillant de San Francisco, A l'orée du verger nous plonge dans l'histoire des pionniers et dans celle, méconnue, des arbres, de la culture des pommiers au commerce des arbres millénaires de Californie.

Un régal et un clin d’œil à un des personnages de Richard Power dans L’arbre monde qu'on retrouve car c'est une personne qui a vraiment existé et qui appartement inspire les bons auteurs!

 

le coeur de langleterreLe cœur de l’Angleterre, Jonathan Coe (Gallimard, 2019)

Les lecteurs de Jonathan Coe peuvent se réjouir. Leurs personnages favoris reprennent du service dans un roman ultra contemporain qui raconte, en filigrane, la situation politique dans l’Angleterre des années 2010. Brexit ou not Brexit ? C’est la question que se pose Benjamin Trotter, qui vit maintenant dans un moulin, sur les rives du fleuve Severn. Au fil de ce roman d’un pays au bord de la crise de nerfs, on suit les aventures de Sophie (la fille de Christopher Potter), on voit vieillir Colin (le père de Benjamin), on voit dialoguer Doug (un journaliste de gauche) et Nigel, qui travaille dans les cercles du pouvoir et assiste à la naissance, in vitro, de ce monstre sans cerveau – le Brexit.

Le roman du Brexit ! Vous n‘aurez pas forcément d’avis sur le sujet à la sortie mais au moins, vous comprendrez mieux...  Et cela, dans une forme hyper agréable, sans prise de tête. J Coe raconte sans expliquer, ses personnages sont profonds et son ton léger

la chambre aux chosLa chambre aux échos, Richard Powers (10/18, 2009)

Sur une route du Nebraska, Mark Schulter est victime d'un grave accident de voiture. A son réveil, après un profond coma, il reconnaît tous ses proches, sauf Karine, sa sœur aînée. Déboussolée, meurtrie, celle-ci fait alors appel à Gerald Weber, un célèbre neurologue. Le diagnostic est sans appel, Mark est atteint du rarissime syndrome de Capgras : il considère Karin comme une pâle imitation de sa sœur, une usurpatrice. Tandis que Weber étudie son cas, Mark tente de reconstituer ce qui s'est vraiment passé la fameuse nuit de l'accident, et de démasquer ce témoin anonyme qui lui a sauvé la vie avant de disparaître en laissant un étrange message. Ce qu'il découvrira va bouleverser à jamais sa vie et celle des siens …

Les personnages sont bien campés,  le personnage principal a une sacré personnalité bien écrite. Quand cela semble confus, continuez "pour le plaisir". Un livre qui chamboule même s’il vous résiste


linstitutL'institut
, Stephen King (Albin michel, 2020)

Au cœur de la nuit, à Minneapolis, des intrus pénètrent la maison de Luke Ellis, jeune surdoué de 12 ans, tuent ses parents et le kidnappent. Luke se réveille à l'Institut, dans une chambre presque semblable à la sienne, sauf qu'elle n'a pas de fenêtre. Dans le couloir, d'autres portes cachent d'autres enfants, dotés comme lui de pouvoirs psychiques. Que font-ils là ? Qu'attend-on d'eux ? Et pourquoi aucun de ces enfants ne cherche-t-il à s'enfuir ? Aussi angoissant que Charlie, d'une puissance d'évocation égale à Ça, L'Institut nous entraîne dans un monde totalitaire... qui ressemble étrangement au nôtre.

Un "grand" Stephen King à la hauteur de "Dolores Claiborne" ou "insomnie"



le coeur battantLe cœur battant de nos mères, Brit Bennett (J'ai lu, 2018)

"Tous les grands secrets ont un goût particulier". Nadia a 17 ans et la vie devant elle. Mais quand elle perd sa mère et avorte en cachette, tout change. Elle choisit alors de quitter la communauté noire et religieuse qui l'a vue grandir. Boursière dans une grande université, Nadia fréquente l'élite. Elle a laissé derrière elle Luke, son ancien amant aux rêves brisés, et Aubrey, sa meilleure amie. Durant une décennie marquée des affres de la vie, les trajectoires des trois jeunes gens vont se croiser puis diverger, tendues à l'extrême par le poids du secret.

Dans la lignée d'Elena Ferrante et de Chimamanda Ngozi Adichie, Brit Bennett donne voix à des personnages complexes et attachants. Une réflexion profonde sur les traumatismes de l'enfance et la maternité, un livre d'une maturité étonnante pour une auteure si jeune!



personne na peurPersonne n'a peur des gens qui sourient, Véronique Ovaldé (J'ai Lu, 2020)

Un jour de juin, Gloria embarque ses filles sans préavis pour la maison alsacienne où, enfant, elle passait ses vacances. Quelle menace fuit-elle ? Pour le savoir, il faudra revenir en arrière, dans les eaux troubles du passé, rencontrer Giovannangeli, qui l'a prise sous son aile à la disparition de son père, lever le voile sur la mort de Samuel, le père de ses enfants, et comprendre enfin le rôle de l'avocat Santini dans cette histoire. Jusqu'où peut-on protéger ses enfants ? Dans ce roman tendu à l'extrême, Véronique Ovaldé met en scène une mère dont l'inquiétude face au monde se mue en un implacable sang-froid pour l'affronter.

Un roman bien plus intéressant qu’il n’y paraît! On dépasse très vite le côté lisse  de la mère parfaite pour aller vers un personnage de femme complexe et mystérieuse… une vraie bonne surprise, du suspense et une belle écriture


enferme moiEnferme-moi si tu peux, Terkel Risbjerg (Casterman, 2019)

Entre la fin du XIXe et le milieu du XXe siècle, femmes, pauvres, malades et fous n'ont aucun droit. Parmi eux, Augustin Lesage, Madge Gill, le Facteur Cheval, Aloïse, Marjan Gruzewski et Judith Scott sont enfermés dans une société qui les exclut. Ils vont pourtant transformer leur vie en destin fabuleux. Un jour, du fond de leur gouffre, une inspiration irrépressible leur ouvre une porte. Sans culture, sans formation artistique, ils entrent comme par magie dans un monde de créativité virtuose. Touchés par la grâce ou par un « superpouvoir de l'esprit », ils nous ont laissé des œuvres qui nous plongent dans un mystère infini.

Vous connaissez certainement le facteur Cheval et son palais inachevé dans la Drôme, découvrez 6 récits de vie intrigants d’artistes fous (ou considérés comme tels) qui ont su créer leur propre art brut. Une BD classique mais captivante

le mecLe mec de la tombe d'à côté, Katarina Mazetti (Actes Sud, 2009)

Désirée se rend régulièrement sur la tombe de son mari qui a eu le mauvais goût de mourir trop jeune. Bibliothécaire de métier, citadine pragmatique, elle vit dans un appartement tout blanc, très tendance. Au cimetière, elle rencontre le mec de la tombe d'à côté, dont l'apparence l'agace autant que la tombe avec sa stèle tape-à-l’œil. Depuis le décès de sa mère, Benny vit seul à la ferme familiale avec ses vaches laitières. Il s'en sort comme il peut, de façon assez rustique, grâce à une bonne dose d'humour et d'autodérision. Chaque fois qu'il la rencontre, il s'énerve contre celle qui occupe le banc au cimetière avec lui, avec son bonnet de feutre et son petit carnet de poésie. Rien, a priori, ne rapproche ces deux-là, et pourtant, il suffira d'un sourire éclatant simultanément sur leurs lèvres pour qu'ils soient tous deux éblouis. C'est le début d'une histoire d'amour assez cocasse.

Un roman léger,  drôle et rafraichissant qui se lit vite et fait du bien : merci à Réjane de me l’avoir conseillée, j’étais complètement passée à côté


tuer le filsTuer le fils, Benoît Séverac (La manufacture des livres, 2020)

Matthieu Fabas a tué parce qu'il voulait prouver qu'il était un homme. Un meurtre inutile, juste pour que son père arrête de le traiter comme un moins que rien. Verdict, 15 ans de prison. Le lendemain de sa libération, c'est le père de Matthieu qui est assassiné et le coupable semble tout désigné. Mais pourquoi Matthieu sacrifierait-il encore sa vie ? Pour l'inspecteur Cérisol chargé de l'enquête et pour ses hommes, cela ne colle pas. Reste à plonger dans l'histoire de ces deux hommes, père et fils, pour comprendre leur terrible relation. Ce roman noir analyse bien les rapports père-fils, le rapport à la virilité aujourd’hui et la psychologie de l’être humain en général avec un beau portrait de femme puissante… Nous avons eu la chance de recevoir Benoit Séverac pour ce roman et espérons pouvoir bientôt le retrouver pour un nouveau livre !


le consentementLe consentement, Vanessa Springora (Grasset, 2020)

Au milieu des années 80, élevée par une mère divorcée, V. comble par la lecture le vide laissé par un père aux abonnés absents. À 13 ans, dans un dîner, elle rencontre G., un écrivain dont elle ignore la réputation sulfureuse. Plus tard, elle reçoit une lettre où il lui déclare son besoin «  impérieux  » de la revoir. Omniprésent, passionné, G. parvient à la rassurer : il l'aime et ne lui fera aucun mal. Alors qu'elle vient d'avoir 14 ans, V. s'offre à lui corps et âme. Mais la désillusion est terrible quand V. comprend que G. collectionne depuis toujours les amours avec des adolescentes, et pratique le tourisme sexuel dans des pays où les mineurs sont vulnérables. Plus de 30 ans après les faits, Vanessa Springora livre ce texte fulgurant, d'une grande lucidité, écrit dans une langue remarquable. Mais au-delà de son histoire individuelle, elle questionne aussi les dérives d'une époque.


lextase du selfieL'extase du selfie et autres gestes qui nous disent, Philippe Delerm (Seuil, 2019)

Il y a les gestes qui disent l'embarras, d'autres la satisfaction de soi, certains encore le simple plaisir d'exister, là maintenant, sur cette terre. Mais tous nous révèlent, dans nos gloires comme nos petitesses, nos amours comme nos détestations : le selfie, geste roi de nos vies modernes ; le " vapotage ", qui relègue l'art de fumer à un plaisir furtif, presque honteux ; les hommes de pouvoir qui se grattent le dessous de leur chaussette ; cette façon qu'on a parfois de tourner le volant avec la paume de la main bien à plat ; un verre qu'on tient à la main sans le boire... À lire Philippe Delerm, on se dit souvent : " Mais oui, bien sûr, c'est exactement cela ! De très jolis portraits des gestes qui nous décrivent, nous et notre société


le phareLe phare, voyage immobile, Paolo Rumiz (Gallimard, 2019)

Paolo Rumiz n’en est pas à son premier voyage, lui qui a longé les 7000 kilomètres des frontières de l’Europe… Et pourtant il s’apprête en ce printemps 2014 à vivre le plus étonnant d’entre eux. Son premier voyage immobile. Isolé dans un phare perché sur un rocher au milieu de la Méditerranée, avec pour seuls compagnons les gardiens. Et soudain le sentiment d’être libéré, sans agenda, sans horaires, sans aucune connexion avec le monde, enfin loin de tout mais curieusement peut-être aussi au centre de tout. Il nous parle tempêtes, orages, vents et nous fait partager le quotidien des gardiens, ceux d'aujourd’hui mais aussi ceux de jadis. Un récit prenant, inoubliable et aussi un fabuleux livre de mer.

journal dun amour perduJournal d'un amour perdu, Éric-Emmanuel Schmitt (Albin Michel, 2019)

« Maman est morte ce matin et c'est la première fois qu'elle me fait de la peine. » Pendant 2 ans, Éric-Emmanuel Schmitt tente d'apprivoiser l'inacceptable : la disparition de la femme qui l'a mis au monde. Ces pages racontent son « devoir de bonheur » : une longue lutte, acharnée et difficile, contre le chagrin. Demeurer inconsolable trahirait sa mère, tant cette femme lumineuse et tendre lui a donné le goût de la vie, la passion des arts, le sens de l'humour, le culte de la joie. Ce texte explore le présent d'une détresse tout autant que le passé d'un bonheur, tandis que s'élabore la recomposition d'un homme mûr qui n'est plus « l'enfant de personne ». Un roman facile à lire mais pas exceptionnel, reste un beau témoignage sur l’amour d’une mère pour son fils.

 

les nouvelles de la jungleLes nouvelles de la jungle (de Calais), Lisa Mandel, Yasmine Bouagga (Casterman, 2017)

Suite à l'appel qui a rassemblé des cinéastes, des acteurs, des écrivains, etc., les auteures (Lisa Mandel, auteure de BD et Yasmine Bouagga, sociologue) sont allées à la rencontre des réfugiés parqués dans le bidonville de Calais et des bénévoles qui leur viennent en aide. Elles témoignent de la détresse des hommes, des femmes et des enfants qui cohabitent là-bas, mais aussi de leurs espoirs d'une vie meilleure. Une BD drôle, intéressante et qui explique bien les dessous de « la jungle » et les problèmes que rencontrent les réfugiés à leur arrivée en France et en Europe en général.



extasesExtases T.1, Jean-Louis Tripp (Casterman, 2017)

Et si le dernier continent à explorer était celui de l'intime ? Les relations amoureuses, les pratiques sexuelles, les émotions, les sensations, les sentiments, comme autant de territoires à arpenter à cartographier... C'est le parti pris d'Extases, la série autobiographique de Jean-Louis Tripp. Du petit détail trivial au sublime, du physiologique au métaphysique, de la jalousie qui consume à l'échangisme joyeux, toutes les facettes qui façonnent la sexualité sont évoquées. Une délicieuse BD où l’auteur de la génialissime série Magasin général (entre autres !) se met littéralement à nu pour évoquer sans crainte ni tabou l’amour, la sexualité et le plaisir sous toutes ses formes… on attend impatiemment le tome 2 !

affiche liberterresLes Liberterres, Jean-Christophe Lamy et Paul-Jean Vranken (Koan production, 2016)

« Les Liberterres" suit le parcours de 4 paysans qui ont tourné le dos, définitivement, aux méthodes de l’agriculture conventionnelle. Rebelles et passionnés, ils résistent à tous ceux qui veulent sonner le glas de leur liberté. En contrepoint, des archives nous font voyager en noir et blanc dans une époque où la Science, croyait–on, allait définitivement sauver le monde de la faim et de la malnutrition. Des paysages d’Europe et d’Afrique aux 4 saisons, des personnages émouvants et provocants, des histoires qui s’entrecroisent pour parler un seul langage : la terre libérée. Nous allons projeter ce documentaire passionnant et passionné dans le cadre de la grainothèque : vous pourrez découvrir ce beau portrait multiple de personnes fières de leur travail lors d’une rencontre avec des paysans locaux (date à venir)

pietra vivaPietra viva, Léonor de Récondo (Sabine wespieser, 2013)

Michelangelo, en ce printemps 1505, quitte Rome bouleversé. Il vient de découvrir sans vie le corps d’Andrea, le jeune moine dont la beauté lumineuse le fascinait. Il part choisir à Carrare les marbres du tombeau que le pape Jules II lui a commandé. Pendant six mois, cet artiste de trente ans déjà, à qui sa Pietà a valu gloire et renommée, va vivre au rythme de la carrière, sélectionnant les meilleurs blocs, les négociant, organisant leur transport. Sa capacité à discerner la moindre veine dans la montagne a tôt fait de lui gagner la confiance des tailleurs de pierre. Lors de ses soirées solitaires à l’auberge, avec pour seule compagnie le petit livre de Pétrarque que lui a offert Lorenzo de Medici et la bible d’Andrea, il ne cesse d’interroger le mystère de la mort du moine, tout à son désir impétueux de capturer dans la pierre sa beauté terrestre. Un très beau roman où l’on découvre bien le monde des tailleurs de pierre et l’univers de Michelangelo.

soifSoif, Amélie Nothomb (Albin Michel, 2019)

« Pour éprouver la soif il faut être vivant. » Cette libre interprétation de l’attitude du Christ pendant son chemin de croix et de sa crucifixion ne manque pas d’audace et d’intérêt. Amélie Nothomb raconte la Passion de Jésus-Christ à la première personne et nous livre un christ tellement humain et incarné. Jésus fait homme, c’est bien vu et très intéressant


lattente du soirL'attente du soir, Tatiana Arfel (Corti, 2009)

Trois marginaux s'expriment : Giacomo, vieux clown blanc, qui court pour échapper à son diable noir, le Sort, fauteur de troubles, la femme grise sans nom, qui vit dans son appartement vide et parle en ligne et en carrés, l'enfant sauvage qui s'élève tout seul, dans un terrain vague. Ils tournent en rond dans leur souffrance mais trouveront chacun auprès des deux autres la force de continuer. Un premier roman délicieux !


13  table13 à table !, Collectif (Pocket, 2019)

13 à table est un recueil de nouvelles qui vous emmène en voyage. Philippe Besson, Françoise Bourdin, Michel Bussi, Eric Giacometti, Karine Giebel, Yasmina Khadra, Véronique Ovaldé, Romain Puértolas, Leïla Slimani etc. ont tous écrit une nouvelle au profit des Restos du Cœur : l’occasion de (re)découvrir des auteurs. La tonalité est souvent noire mais distrayante


regarde les fillesRegarde les filles, François Bertin (Vraoum, 2016)

Depuis toujours, Antoine regarde les femmes. À la télévision, dans la rue, chez ses copains. Pour autant, il n’agit pas en séducteur, il se contente d’observer avec étonnement ce continent féminin inaccessible. Dans une suite de petites scènes, on le suit, de l’enfance à l’adolescence, dans ces relations avec sa mère, sa sœur, son institutrice… puis ses petites amies. Souvent muet, manipulé, désemparé par leur audace, il possède cependant un atout : il dessine. Une très belle BD sur le regard d’un homme sur les femmes, c’est graphique, sensuel et parfois érotique


lart de faire la paixL'art de faire la paix au quotidien, Anne Ducrocq (Marabout, 2018)

Petit manuel pour apaiser notre relation aux autres.  Pour rétablir une paix troublée, il est utile de faire preuve de patience, d'apprendre à s'excuser mais aussi à pardonner. Bien entendu, ce travail ne peut se fonder que sur une certaine sérénité intérieure. L'auteur se propose de nous apprendre à vivre en harmonie avec les autres, en famille, entre amis et au travail. Elle s'appuie sur de nombreuses citations, des témoignages choisis et les conseils des meilleurs spécialistes des questions de comportement et de communication.


nostalgie de la riziereNostalgie de la rizière, Anna Moï (Editions de l'aube, 2017)

Anna Moï raconte une existence pleine d'imprévus dans un pays où rien ne fonctionne comme ailleurs, où chacun invente sa vie entre tragédie et humour. Ses nouvelles sont des instantanés de charme, écrits avec pudeur. Anna Moï nous étonne et nous enchante. À travers des petites histoires intimistes et drôles, elle nous dévoile un Viêtnam inattendu à nos yeux d'Occidentaux, souvent imprimés de clichés qui sont ici bousculés par son imagination et sa tendresse. Un livre agréable, sans nostalgie triste mais plutôt de beaux souvenirs et de jolies impressions

 

soufi mon amourSoufi mon amour, Elif Shafak (10/18, 2011)

Après quarante ans d'une vie confortable, Ella n'imaginait pas un jour changer sa destinée. Engagée comme lectrice, elle découvre un manuscrit retraçant la rencontre au XIIe siècle du poète Rûmi avec le plus célèbre derviche du monde musulman. C'est la révélation. Transcendée par cette histoire, elle s'initie au soufisme et à la splendeur de l'amour... Un roman agréable et très accessible qui donne une bonne porte d’entrée au soufisme : à découvrir !

la pluieLa pluie, Philippe de Pierpont, Lambe (Casterman, 2005)

«C'était vraiment bien. J'étais avec Maya et tout coulait de source. Notre histoire d'amour était comme une évidence, faite d'une succession de moments que je goûtais intensément, sans me poser de questions.»  C’est une histoire d'amour entre un homme (le narrateur) et une femme, Maya. Lui est ancien nageur professionnel, elle est sage-femme. Ils s'aiment et vivent des jours ensoleillés, intenses, radieux. Mais la pluie arrive. Une pluie comme on n'en a jamais vu. Une pluie qui ne veut pas s'arrêter...Une histoire d’amour qui finit mal mais si belle qu’on en redemande, une lecture pleine de poésie et qui incite à la méditation

femmes qui courentFemmes qui courent avec les loups ; histoires et mythes de l'archétype de la femme sauvage, Pinkola-Estes C. (Livre de poche, 2001)

Chaque femme porte en elle une force naturelle, instinctive, riche de dons créateurs et d'un savoir immémorial. Mais la société et la culture ont trop souvent muselé cette « Femme sauvage », afin de la faire entrer dans le moule réducteur des rôles assignés. Psychanalyste et conteuse, fascinée par les mythes et les légendes, Clarissa Pinkola Estés nous propose de retrouver cette part enfouie. A travers des « fouilles psycho-archéologiques » des ruines de l'inconscient féminin, en faisant appel aux traditions et aux représentations les plus diverses, de la Vierge Marie à Vénus, de Barbe-Bleue à la petite marchande d'allumettes, elle ouvre la route et démontre qu'il ne tient qu'à chacune de retrouver en elle la Femme sauvage. De la philosophie accessible à tous


MurneMurène, Valentine Goby (Actes sud, 2019)

Hiver 56, François a 22 ans quand un accident le prive de ses bras. Bien au-delà de l'effroi, ce livre puissant raconte le combat de ce garçon, sa force et ses difficultés pour réintégrer non pas sa vie, mais une autre vie. Jusqu'au jour où, par-delà la vitre d'un aquarium, une murène lui réinvente un avenir et va lui ouvrir les portes d'une aventure singulière : les balbutiements du handisport.  A travers l’histoire de cet homme, Valentine Goby nous raconte les débuts des jeux paralympiques. On se retrouve vraiment dans la peau de cet homme qui va devoir accepter son handicap pour pouvoir aller au-delà et trouver une raison de vivre.

une bete au paradisUne bête au paradis, Cécile Coulon (L'iconoclaste, 2019)

La vie d'Emilienne, c'est le Paradis. Cette ferme isolée, au bout d'un chemin sinueux. C'est là qu'elle élève seule, avec pour uniques ressources son courage et sa terre, ses deux petits-enfants, Blanche et Gabriel. Les saisons se suivent, ils grandissent. Jusqu'à ce que l'adolescence arrive et, avec elle, le premier amour de Blanche, celui qui dévaste tout sur son passage. Il s'appelle Alexandre. Leur couple se forge. Mais la passion que Blanche voue au Paradis la domine tout entière, quand Alexandre, dévoré par son ambition, veut partir en ville, réussir. Alors leurs mondes se déchirent. Et vient la vengeance. Un roman assez fade, la psychologie des personnages n’est pas assez fouillée et le style trop dépouillé : dommage, on reste vraiment sur sa faim…

isidore et les autresIsidore et les autres, Camille Bordas (Inculte, 2019)

Difficile à onze ans de trouver sa place dans une famille de surdoués, surtout lorsqu'on se contente d'être « normal ». Entouré de cinq frères et sœurs qui dissertent à table des mérites comparés de Deleuze et Aristote, Isidore recherche d'abord l'affection de son meilleur ami, monument de douceur : son canapé. Dans sa famille, seul Isidore est capable d'exprimer des émotions, de poser les questions que les autres n'osent pas formuler. Et lorsqu'un drame survient, il est le seul capable d'écouter et réconforter son prochain. A moins que, épris d'ailleurs, il ne réussisse enfin une énième fugue qui lui ouvrirait un monde de liberté et de légèreté. Un roman léger et drôle, assez savoureux et facile à lire !

la boite de petits poisLa boîte de petits pois, Giedré, Holly R (Delcourt, 2019)

Aujourd'hui artiste-chanteuse en France, Giedré est née dans un état qui n'existe plus : l'URSS. Elle raconte ses souvenirs d'enfance, la vie de sa grand-mère, de ses parents et de son oncle (déporté à 17 ans en camp en Sibérie car il avait chanté une rengaine rebelle dans la rue). Une vie qui ressemblait à une longue file d'attente, pour du beurre, des chaussures ou une boîte de petits pois. Sans nostalgie ni critique, Giedré dresse un joli portrait d’un Etat disparu et de ce que va devenir ensuite la Lituanie après la chute du mur de Berlin. C’est drôle, frais, tendre et décalé comme le dessin léger et coloré de Holly R… et ça donne envie de réécouter Giedré ou de la découvrir si vous ne la connaissez pas encore !

la recomposition des mondesLa recomposition des mondes, Alessandro Pignocchi (Seuil, 2019)

Que se trame-t-il exactement sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes ? Alessandro Pignocchi, anthropologue et dessinateur va mener l'enquête : s'agit-il d'un kyste peuplé de hippies violents ? Trop drogués pour comprendre qu'il faut partir puisque le projet d'aéroport est abandonné ? Ou de l'avant-poste, en Occident, d'un nouveau rapport au monde, affranchi de la distinction entre Nature et Culture ? L'enquête emprunte des chemins imprévisibles sur ce bocage qui, d'emblée, nous absorbe, nous transforme et recompose les liens que nous entretenons avec les plantes, les animaux et le territoire. Une BD sur l’environnement qui porte en elle une vision anthropologique de notre rapport à la nature et à la culture : c’est, beau, drôle et  renversant. Cette BD vous porte à la fois par ses aquarelles sublimes, son engagement  et vous fait vous poser milles questions. A (re)découvrir du même auteur : La cosmologie du futur et Petit traité d’écologie sauvage

feel goodFeel good, Thomas Gunzig (Au diable vauvert, 2019)

Alice, vendeuse dans un magasin de chaussures, a toujours été marquée par la précarité sociale. Mais elle n'en peut plus de devoir compter chaque centime dépensé et de ne pas pouvoir offrir une vie plus confortable à son fils. L'idée folle germe alors en elle d'enlever un enfant de riches dans une crèche de riches pour exiger une rançon. Malheureusement, tout ne se déroule pas comme prévu et elle se retrouve bientôt avec un bébé que personne ne réclame sur les bras. Tom, écrivain moyen, croise la route d'Alice et son histoire de kidnapping lui donne une idée : il lui propose d'en tirer un roman et de partager les bénéfices. Alice, peu convaincue, lui fait une contre-proposition : sous sa tutelle, elle écrira un feel good selon les recettes qui plaisent aujourd'hui, un best-seller susceptible de se vendre à des centaines de milliers d'exemplaires qui les sortirait définitivement de la misère... Gunzig nous enchante avec cette satire sociale, c’est noir à souhait et ça décrit bien le cynisme de notre époque. Sa déconstruction du roman « bien-être » est aussi un régal ! Un roman à lire d’urgence entre rire et désespoir mais avec toujours une grande empathie pour les gens

 

millenium 5Millénium T.5 ; la fille qui rendait coup pour coup, David Lagercrantz (Actes sud, 2019)

Suite aux infractions qu'elle a commises en sauvant le petit garçon autiste dans «Ce qui ne me tue pas», Lisbeth Salander est incarcérée dans une prison de haute sécurité pour mise en danger de la vie d'autrui. Lorsqu'elle reçoit la visite de son ancien tuteur, Holger Palmgren, les ombres d'une enfance qui continue à la hanter resurgissent. Avec l'aide de Mikael Blomkvist, elle se lance sur la piste de crimes d'honneur et d'abus d'État, exhumant de sombres secrets liés à la recherche génétique. La saga Millenium continue… avis aux curieux, le tome 6 vient de paraître !

le pouvoirLe pouvoir, Naomi Alderman (Livre de poche, 2018)

Et si les femmes prenaient enfin le pouvoir dans le monde entier ? Aux quatre coins du monde, les femmes découvrent qu'elles détiennent le « pouvoir ». Du bout des doigts, elles peuvent infliger une douleur fulgurante - et même la mort. Soudain, les hommes comprennent qu'ils deviennent le « sexe faible » et le pouvoir change de camp. Mais jusqu'où iront les femmes pour imposer ce nouvel ordre ? Dans cette dystopie, on voit bien comment le renversement de pouvoir s’organise et c’est aussi passionnant qu’effrayant ! Ce roman s’inscrit dans la lignée de La servante écarlate mais est encore plus percutant. A lire également : Des hommes justes, le nouvel essai d’Ivan Jablonka où il analyse ce que ça veut dire d’être un « mec bien » aujourd’hui à travers une analyse historique et sociologique de la masculinité

 

le mystere henri pickLe mystère Henri Pick, David Foenkinos (Gallimard, 2018)

En Bretagne, un bibliothécaire décide de recueillir tous les livres refusés par les éditeurs. Ainsi, il reçoit toutes sortes de manuscrits. Parmi ceux-ci, une jeune éditrice découvre ce qu'elle estime être un chef-d’œuvre, écrit par un certain Henri Pick. Elle part à la recherche de l'écrivain et apprend qu'il est mort deux ans auparavant. Selon sa veuve, il n'a jamais lu un livre ni écrit autre chose que des listes de courses... Aurait-il eu une vie secrète? Auréolé de ce mystère, le livre de Pick va devenir un grand succès et aura des conséquences étonnantes sur le monde littéraire. Il va également changer le destin de nombreuses personnes, notamment celui de Jean-Michel Rouche, un journaliste obstiné qui doute de la version officielle. Et si toute cette publication n'était qu'une machination? Cette charmante comédie nous entraîne dans une enquête littéraire drôle et passionnante et renverse le regard que nous portons d’habitude sur ceux qui nous entourent.

avant toiAvant toi T.1, Jojo Moyes (Milady, 2016)

Lou est une fille ordinaire qui mène une vie monotone dans un trou paumé de l'Angleterre dont elle n'est jamais sortie. Quand elle se retrouve au chômage, elle accepte un contrat de six mois pour tenir compagnie à un handicapé. Malgré l'accueil glacial qu'il lui réserve, Lou va découvrir en lui un jeune homme exceptionnel, brillant dans les affaires, accro aux sensations fortes et voyageur invétéré. Mais depuis l'accident qui l'a rendu tétraplégique, Will veut mettre fin à ses jours. Lou n'a que quelques mois pour le faire changer d'avis. Une histoire tendre et touchante qui ne laisse pas indifférent. Dommage, la fin est un peu attendue et le livre manque  un peu d’humour (dans la même veine, préférez le film Intouchables) mais cette lecture facile vous fera passer un bon moment.

le bal des follesLe bal des folles, Victoria Mas (Albin Michel, 2019)

Chaque année, à la mi-carême, se tient un très étrange Bal des Folles.  Le temps d'une soirée, le Tout-Paris s'encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires. Réparti sur deux salles - d'un côté les idiotes et les épileptiques ; de l'autre les hystériques, les folles et les maniaques - ce bal est en réalité l'une des dernières expérimentations de Charcot, désireux de faire des malades de la Salpêtrière des femmes comme les autres. Parmi elles, Eugénie, Louise et Geneviève, dont Victoria Mas retrace le parcours heurté, dans ce premier roman qui met à nu la condition féminine au XIXe siècle. Un roman très fort sur le machisme de cette époque qui considérait comme folle toute femme qui sortait un tant soit peu du rang…

cora dans la spiraleCora dans la spirale, Vincent Message (Seuil, 2019)

Après avoir donné naissance à une petite fille, Cora Salme reprend son travail chez Borélia. La compagnie d'assurances vient de quitter les mains de ses fondateurs, rachetée par un groupe qui promet de la moderniser. Cora aurait aimé devenir photographe. Faute d'avoir percé, elle occupe désormais un poste en marketing qui lui semble un bon compromis pour construire une famille et se projeter dans l'avenir. C'est sans compter qu'en 2010, la crise dont les médias s'inquiètent depuis deux ans rattrape brutalement l'entreprise. Quand les couloirs se mettent à bruire des mots de restructuration et d'optimisation, tout pour elle commence à se détraquer, dans son travail comme dans le couple qu'elle forme avec Pierre. Un très bon roman, bien construit mais assez exigeant : pour bons lecteurs…

Les vieux fourneaux T.5 ; bons pour l'asile, Wilfrid Lupano, Paul Cauuet (Dargaud, 2018)

Retour à Paris pour Antoine, Mimile et Juliette. Le plan est simple : ramener Juliette auprès de sa mère, puis filer au Stade de France pour assister au match de rugby France-Australie. C'est du moins ce qui est prévu... Mais, désireuse de voir son père et son grand-père se rabibocher, Sophie les oblige à s'occuper ensemble de Juliette jusqu'au lendemain. Mimile ne peut donc compter que sur Pierrot pour l'accompagner au match. Or, Pierrot l'anarchiste mène un nouveau combat : il s'est engagé en faveur des migrants. Alors vous pensez bien qu'assister à un match opposant la France, qui refuse d'accueillir les migrants, à l'Australie, qui ne pense qu'à les entasser dans des camps, bafouant ainsi les droits de l'homme, c'est hors de question ! Mimile n'a plus pour seule compagnie que ses désillusions... Et si lui aussi était bon pour l'asile ? Le meilleur tome de cette excellente série BD drôle et émouvante avec en bonus, un message bien amené

Sa majesté des ombres, Ghislain Gilberti (Ring, 2018)

Un cartel d'un nouveau genre, invisible et sans pitié. Une drogue d'une pureté inédite. Un réseau de dealers sous pression, déployé à travers l'Europe et coupé de la tête de l'organisation. Un signe commun aux membres du cartel : Ecce Lex, tatoué sur le poignet. Quand des dealers sont capturés, ils se révèlent incapables de livrer le moindre indice sur leur commanditaire... Quand leurs cadavres ne servent pas déjà de bornes kilométriques. Une légende de la police judiciaire aux dons de mentaliste, Cécile Sanchez, fait face à des tueries aux modes opératoires sans précédent. Est-il possible de mettre des ombres en cage ? Dans quel enfer devra-t-elle descendre pour faire face au mal absolu ? Un nouveau thriller français qui se lit en quelques jours, exaltant !

Paroles d'honneur, Leïla Slimani, Laetitia Cory (Arènes, 2017)

Rabat, été 2015, Leila Slimani part à la rencontre de ses lectrices marocaines. Face à cette écrivaine franco-maghrébine décomplexée qui aborde la sexualité sans tabou, la parole se libère. L’auteure recueille des témoignages intimes déchirants qui révèlent le malaise d'une société hypocrite dans laquelle la femme ne peut être que vierge ou épouse, et où tout ce qui est hors mariage est nié : prostitution, concubinage, homosexualité. Soumises au mensonge institutionnalisé, ces femmes nous racontent les tragédies intimes qui égrènent leurs vies et celles des femmes qui les entourent : IVG clandestines, viols, lynchages, suicides. Toutes sont tiraillées entre le désir de se libérer de cette tyrannie et la crainte que cette libération n'entraîne l'effondrement des structures traditionnelles. Une BD nécessaire, passionnée, à découvrir pour comprendre la situation des femmes au Maroc et le malaise social qui est ressenti par tous !

Un soir de Décembre, Delphine de Vigan (Livre de poche, 2018)

Lorsqu'il écrit son premier roman, Matthieu Brin, quarante-cinq ans, est marié, père de deux enfants et mène une vie confortable. Et puis c'est le succès, les éloges, les lettres d'admirateurs. Parmi ces lettres, celles d'une femme qu'il a aimée et qu'il croyait avoir oubliée... Sous la plume de Delphine de Vigan, Un soir de décembre raconte l'histoire d'une faille soudaine dans l'existence d'un homme, d'un moment de fragilité où les certitudes s'estompent, où le passé ressurgit et où la mémoire se recompose. Il fallait tout le talent de Delphine de Vigan pour raconter un sujet classique (la crise de la quarantaine et le premier amour perdu) avec autant de talent. On pourra regretter quelques longueurs et un personnage masculin détestable mais ne vous arrêtez pas en chemin, la fin ne vous décevra pas

 

Miss Islande, Audur Ava Olafsdóttir (Zulma, 2019)

Islande, 1963 - cent quatre-vingt mille habitants à peine, un prix Nobel de littérature, une base américaine, deux avions transatlantiques, voilà pour le décor. Hekla, vingt et un ans, emballe quelques affaires, sa machine à écrire, laisse derrière elle la ferme de ses parents et prend le car pour Reykjavík avec quatre manuscrits au fond de sa valise. Il est temps pour elle d'accomplir son destin : elle sera écrivain. Sauf qu'à la capitale, on lui conseille de tenter sa chance à l'élection de Miss Islande au lieu de perdre son temps à noircir du papier. Entre deux petits boulots, Hekla se réfugie chez Ísey, amie d'enfance convertie en mère de famille par un amour de vacances. Ou auprès de Jón John, fils illégitime d'un soldat américain qui rêve de quitter son île pour vivre de stylisme et de l'amour d'un autre homme... Avec sensibilité, humour et délicatesse, Auður Ava Ólafsdóttir interroge la relation de deux pionniers qui ne tiennent pas dans les cases. Miss Islande est un magnifique roman sur la liberté, la création et l'accomplissement. Un très beau petit roman féministe, plein de finesse

Le travail m´a tué, Hubert Prolongeau; Grégory Mardon (Futuropolis, 2019)

Jeune ingénieur, Carlos Pérez se fait embaucher en 1988 par une grande marque automobile. Son rêve d'enfant se réalise. Il monte peu à peu les échelons, se marie, attend un premier enfant... Sa vie se complique dès lors que la société emménage dans un nouveau lieu, à l'opposé de la banlieue où il vient d'emménager. Une nouvelle génération de cadres arrive avec la nouvelle direction et la machine à broyer se met en marche. On l'envoie suivre le travail d'une usine en Argentine, pour mieux confier la suite de sa mission à un autre cadre. Lui, devra aller en Roumanie, abandonnant provisoirement femme et enfants. Les réunions inutiles se chevauchent, sa hiérarchie devient humiliante, inhumaine. À bout, harcelé moralement, Carlos va commettre l'irréparable. Une BD très forte qui permet de comprendre la souffrance au travail et comment le système actuel de management peut aller jusqu’à tuer les travailleurs. A lire d’urgence

Habemus piratam, Pierre Raufast (Alma editeur, 2018)

L'abbé Francis ne confesse en général que de petites querelles de paroissiennes. Un jour, il reçoit les confidences d'un mystérieux pirate informatique qui s'accuse d'avoir enfreint les Dix Commandements. Avec délice, le prêtre plonge dans des histoires incroyables, comme celles du faux vol de la Joconde, de la romancière à succès piégée par un drone ou de Toulouse privé d'électricité au nom des étoiles. Il met alors le doigt dans un engrenage numérique qui va l'entraîner beaucoup plus loin que prévu... Et, pendant ce temps, c'est également une jolie pagaille dans le paisible petit bourg où tous les secrets semblent impatients de reparaître, fussent-ils enfouis dans les profondeurs du temps ou le coin du pré. Pierre Raufast allie son talent de conteur à ses connaissances professionnelles en sécurité informatique. Il en résulte un délicieux cocktail d'anecdotes réalistes, d'humour, de suspens et d'espiègleries. Un roman original et jouïssif, c’est frais et très touchant


little sisterLittle sister, Benoît Séverac (Syros, 2016)

Du haut de ses 16 ans, Lena fait preuve d'une assurance étonnante. Pourtant sa vie est loin d'être simple. Lena Rodriguez, c'était son nom avant. Sa nouvelle identité, elle ne peut la révéler à personne. Lena a convaincu ses parents de la laisser partir seule quelques jours à Cadaquès, chez son oncle et sa tante catalans. Elle ne leur a pas tout dit. Là-bas, elle a rendez-vous avec Ivan, son grand frère que personne n'a vu depuis quatre ans. Depuis qu'il est parti, sans explication, faire le djihad en Syrie. Un roman ado mais qui se lit à tout âge, sur un sujet brûlant abordé sans manichéisme ni facilité. Venez rencontrer Benoit Severac vendredi 18 octobre 2019 à 19h, à la médiathèque de St-Clar pour parler de ses romans noirs !

avant que joublieAvant que j'oublie, Pauly Anne (Verdier, 2019)

Il y a d'un côté le colosse unijambiste et alcoolique, et tout ce qui va avec : violence conjugale, comportement irrationnel, un « gros déglingo », dit sa fille, un vrai punk avant l'heure. Il y a de l'autre le lecteur autodidacte de spiritualité orientale, déposant chaque soir un tendre baiser sur le portrait pixellisé de feue son épouse ; mon père, dit sa fille, qu'elle seule semble voir sous les apparences du premier. Il y a enfin une maison et un monde anciennement rural et ouvrier. De cette maison, il va bien falloir faire quelque chose à la mort de ce père. Que disent d'un père ces recueils de haïkus, auxquels des feuilles d'érable ou de papier hygiénique font office de marque-page ? Même elle, sa fille, la narratrice, peine à déceler une cohérence dans ce chaos. Et puis, un jour, comme venue du passé, et parlant d'outre-tombe, une lettre arrive, qui dit toute la vérité sur ce père aimé auquel, malgré tout, sa fille ressemble tant. Un roman drôle et profond sur la filiation et ce qui nous rassemble malgré nos différences…

edenÉden, Monica Sabolo (Gallimard, 2019)

Dans une région reculée, à la lisière d'une forêt menacée de destruction, vit Nita, qui rêve de fuir ce lieu sans avenir. A 15 ans, elle a cessé de croire en la beauté de la forêt, sa puissance, ses esprits, depuis que son père y a disparu de manière inexpliquée. Lorsqu'une jeune fille venue de la ville, Lucy, s'installe en face de chez elle, elle réveille chez Nita la conscience d'un monde invisible. Secrète et solitaire, aimantant les garçons du lycée sans s'en apercevoir, Lucy s'aventure souvent dans les bois, où elle observe la trace d'étranges rituels : là-bas, il se passe des choses... Quelques mois plus tard, elle est retrouvée endormie au pied d'un arbre, nue et couverte de blessures. Ce qui lui est arrivé, nul ne le sait. Dommage, ce livre survendu  par les critiques ne nous a pas convaincu : trop de répétitions, de thèmes « à la mode » et un effet de lassitude, in fine…

tous les hommesTous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon, Jean-Paul Dubois (Editions de l'olivier, 2019)

Cela fait 2 ans que Paul Hansen purge sa peine dans la prison provinciale de Montréal. Il y partage une cellule avec Horton, un Hells Angel incarcéré pour meurtre. Retour en arrière: Hansen est superintendant a L'Excelsior, une résidence où il déploie ses talents de concierge, de gardien, de factotum, et - plus encore - de réparateur des âmes et consolateur des affligés. Lorsqu'il n'est pas occupé à venir en aide aux habitants de L'Excelsior ou à entretenir les bâtiments, il rejoint Winona, sa compagne. Aux commandes de son aéroplane, elle l'emmène en plein ciel, au-dessus des nuages. Mais bientôt tout change. Un nouveau gérant arrive à L'Excelsior, des conflits éclatent. Et l'inévitable se produit. Une excellente « cuvée » pour ce Dubois, un auteur humaniste qu’on aime beaucoup et qui nous ravit avec ce dernier roman, sensible et magnifique

civilizationsCivilizations, Laurent Binet (Grasset et fasquelle, 2019)

Vers l'an 1000 : la fille d'Erik le Rouge met cap au sud. 1492 : Colomb ne découvre pas l'Amérique. 1531 : les Incas envahissent l'Europe. À quelles conditions ce qui a été aurait-il pu ne pas être ? Il a manqué trois choses aux Indiens pour résister aux conquistadors. Donnez-leur le cheval, le fer, les anticorps, et toute l'histoire du monde est à refaire. Civilizations est le roman de cette hypothèse : Atahualpa débarque dans l'Europe de Charles Quint. Pour y trouver quoi ? L'Inquisition espagnole, la Réforme de Luther, le capitalisme naissant. Le prodige de l'imprimerie, et ses feuilles qui parlent. Des monarchies exténuées par leurs guerres sans fin, sous la menace constante des Turcs. Voici le récit de la mondialisation renversée, telle qu'au fond, il s'en fallut d'un rien pour qu'elle l'emporte, et devienne réalité. Une uchronie jouissive qui part d’une excellente idée et tient toutes ses promesses !

femme sauvageFemme sauvage, Tom Tirabosco (Futuropolis, 2019)

Dans un futur proche, aux États-Unis, les manifestations contre les outrances du capitalisme sauvage ont tourné aux émeutes et à la guerre civile. Alors que la planète elle-même se rebiffe suite aux dérèglements climatiques, les plus riches se sont retranchés dans des zones ultra sécurisées alors que les Rebels se sont réfugiés dans le Nord afin d'échapper à la répression. Après de nouveaux affrontements, une jeune femme décide de les rejoindre. Elle voyage seule. Très vite, elle va être confrontée à la nature, dans un périple qui la poussera dans ses ultimes retranchements. Elle qui voue à la nature un respect immense, elle découvre vite les difficultés de la survie en milieu sauvage... c'est pourtant au coeur de cette nature hostile qu'elle fera une rencontre qui va bouleverser sa vie. Une BD sur un sujet très actuel mais bien traité cette fois, les illustrations en noir et blanc sont magnifiques et l’histoire de transmission, superbe. On ne risque pas d’oublier cette femme sauvage, héroïne malgré elle !

la princesse de clevesLa Princesse de Clèves, Catel; Claire Bouilhac (Dargaud, 2019)

Ecrit en 1678 par Madame de La Fayette, "La Princesse de Clèves" est un roman fondateur. La jeune Mademoiselle de Chartres y fait ses premiers pas dans la cour du roi de France, Henri II. Entre cabales, médisances et galanteries, elle rencontre l'amour dans un univers pétris de conventions. En retournant à son avantage les idéaux féminins stéréotypés de l'époque (la solitude, le silence, le secret, la retenue, la décence et la discrétion), la princesse expose une forme de féminisme inédit, basé sur l'estime de soi où la raison triomphe de la passion. Une belle BD, classique mais qui permet de redécouvrir l’histoire de la princesse de Clèves, une lecture facile à mettre entre toutes les mains

les victorieusesLes victorieuses, Laetitia Colombani (Grasset et fasquelle, 2019)

A 40 ans, Solène a tout sacrifié à sa carrière d'avocate : ses rêves, ses amis, ses amours. Un jour, elle craque, s'effondre. C'est la dépression, le burnout. Tandis qu'elle cherche à remonter la pente, son psychiatre l'oriente vers le bénévolat. Peu convaincue, Solène répond pourtant à une petite annonce : «  association cherche volontaire pour mission d'écrivain public  ». Elle déchante lorsqu'elle est envoyée dans un foyer pour femmes en difficultés... Loin de l'accueillir à bras ouverts, les résidentes se montrent distantes, insaisissables. Mais à la faveur d'un cours de Zumba, d'une lettre à la Reine d'Angleterre ou d'une tasse de thé à la menthe, Solène va découvrir des femmes aux parcours singuliers, issues de toutes les traditions et comprendre le sens de sa vocation : l'écriture. Joli portrait de femmes mais certains sont plus intéressants que d’autres, cela dit cette lecture facile reste agréable.


un chemin de tablesUn chemin de tables, Maylis de Kerangal (Gallimard, 2019)

Brasserie parisienne, restaurant étoilé, auberge gourmande, bistrot gastronomique, taverne mondialisée, cantine branchée, Mauro, jeune cuisinier autodidacte, traverse Paris à vélo, de place en place, de table en table. Un parcours dans les coulisses d'un monde méconnu, sondé à la fois comme haut-lieu du patrimoine national et comme expérience d'un travail, de ses gestes, de ses violences, de ses solidarités et de sa fatigue. Au cours de ce chemin de tables, Mauro fait l'apprentissage de la création collective, tout en élaborant une culture spécifique du goût, des aliments, de la commensalité. À la fois jeune chef en vogue et gardien d'une certaine idée de la cuisine, celle que l'on crée pour les autres, celle que l'on invente et que l'on partage. Portrait sensible d’un jeune que rien ne prédestinait à devenir chef, ce petit roman, sans être le meilleur Maylis de Kerangal, se lit très bien !

la fonte des glacesLa fonte des glaces, Joël Baqué (Gallimard, 2019)

Louis, un retraité taciturne, ancien charcutier, veuf à la vie tranquille et ordonnée, découvre dans une brocante un manchot empereur pour lequel il va éprouver un irrésistible coup de foudre. Mais les choses s'enchaînent et Louis devient malgré lui une icône planétaire de l'écologie au terme d'un parcours qui le mène jusqu'en Antarctique, puis dans le grand Nord et se termine dans le port de Toulon où Louis, juché sur un iceberg transporté là à grands frais par un fabricant de boissons à base de glace polaire fondue, devient un plaidoyer vivant, et contradictoire, contre la fonte de la banquise. Dans ce roman, la fonte des glaces est celle de la banquise, mais aussi celle d'un homme dont l'existence, jusqu'alors gelée, sans but, reprend son cours. Un roman poétique, drôle, absurde et bien écrit qui décrit bien notre époque


la vengeance du pardonLa vengeance du pardon, Éric-Emmanuel Schmitt (Livre de poche, 2019)

4 destins et histoires où Éric-Emmanuel Schmitt explore les sentiments les plus violents et les plus secrets qui gouvernent nos existences. Quand les circonstances de la vie nous ont entraînés dans l'envie, la perversion, l'indifférence ou le crime, comment retrouver notre part d'humanité ? Le pardon offre un chemin non dépourvu d'ambiguïtés...Peut-on être réduit à un seul de ses actes ? Est-il si simple de pardonner ? C'est ce que questionne E.-E. Schmitt tout au long de ces histoires aux retournements implacables. On se régale avec ces quatre nouvelles autour de la vengeance et du pardon

le club des veuvesLe Club des veuves qui aimaient la littérature érotique, Balli Kaur JASWAL (Belfond, 2018)

Londres, de nos jours. Âgée d'une vingtaine d'années, Nikki vient d'abandonner ses études et travaille dans un pub en attendant de trouver sa voie. Une émancipation peu courante pour une jeune femme sikhe. Jusqu'au jour où, partie déposer une annonce au temple de Southall pour sa sœur en quête d'un mariage arrangé, Nikki tombe sur une étonnante offre d'emploi : on cherche une enseignante pour donner un cours d’écriture créative à un petit groupe de femmes sikhes. Elle aime lire, elle aime écrire, elle saute sur l'occasion. Mais alors qu'elle pensait animer un atelier d'écriture à des apprentis auteurs, elle se retrouve face à une poignée de femmes majoritairement analphabètes, délicieusement déchaînées, bien décidées à parler d'érotisme et à partager leurs expériences amoureuses et familiales, souvent comiques, parfois bouleversantes, mais toujours pleines d'humanité... Un roman facile à lire, drôle mais pas si léger qu’il n’y paraît

les garons de ltLes garçons de l'été, Rebecca Lighieri (Gallimard, 2018)

«Avec eux, je tremble, je frémis, je suis dans l'adoration, et ce n'est pas un service à rendre aux enfants que de les adorer.» Zachée et Thadée, deux frères, étudiants brillants et surfeurs surdoués, déploient les charmes de leur jeunesse sous l'été sauvage de La Réunion. Mais l'été et la jeunesse ont une fin, et il arrive qu'elle survienne plus vite et plus tragiquement que prévu. L’auteure brosse le portrait d'une famille parfaite française : un couple uni et leurs trois adolescents beaux, musclés, sportifs. Mais ce bonheur apparent va exploser en plein vol au détour d'un accident qui va révéler la part sombre de chacun. Un livre intéressant qui décrit bien la psychologie des personnages mais parfois glauque et un peu irréaliste, dommage…

josphine bakerJoséphine Baker, Catel, Bocquet (Casterman, 2016)

Joséphine Baker a 20 ans quand elle débarque à Paris en 1925. En une seule nuit, la petite danseuse américaine devient l'idole des Années Folles, fascinant Picasso, Cocteau, Le Corbusier ou Simenon. Dans le parfum de liberté des années 1930, Joséphine s'impose comme la première star noire à l'échelle mondiale, de Buenos Aires à Vienne, d'Alexandrie à Londres. Après la guerre et son engagement dans le camp de la résistance française, Joséphine décide de se vouer à la lutte contre la ségrégation raciale. La preuve par l'exemple : au cours des années 1950, dans son château des Milandes, elle adopte douze orphelins d'origines différentes, la tribu arc-en-ciel. Elle chantera l'amour et la liberté jusqu'à son dernier souffle. Redécouvrez Joséphine Baker à travers cette belle biographie en BD, on y apprend tellement de choses sur sa vie et ses engagements 

une vie de racontarsUne vie de racontars, Jorn Riel (10/18, 2016)

Une vie de racontars est une plongée au coeur de l'univers de Riel, inventeur des célèbres racontars, retraçant quelques moments clefs de sa vie, son amour du voyage, ses nombreux périples, ses premières grandes expériences... On y délaisse pour un temps la joyeuse bande de chasseurs groenlandais pour découvrir les pépites d'une existence incroyablement remplie, celle de l'auteur lui-même, aux quatre coins du monde : de Fionie (son île natale) à Paris, en passant par la Nouvelle-Guinée et le Groenland. Ces contes agréables et très originaux font de ce livre un vrai moment de plaisir

les maquisardsLes maquisards, Hemley Boum (La cheminante, 2015)

Ce roman s'inscrit dans une perspective à la fois historique et romanesque et révèle l'engagement des Bassas dans la lutte pour l'indépendance du Cameroun. Il retrace le combat des indépendantistes à travers la vie de plusieurs personnages liés par la lutte, la souffrance, mais aussi l'amour et l'amitié. La complexité et la richesse des destins individuels en butte à la grande Histoire en font des personnages très attachants. L'auteur réussit le pari d'installer la fiction au coeur de la grande Histoire. Un livre assez ardu au départ mais quand on arrive à rentrer dedans, on découvre bien les conséquences de la guerre au Cameroun sur toute une génération.

les chagrinsLes chagrins, Judith Perrignon (Livre de poche, 2013)

Il n'y a plus trace de rien là-bas. On a vissé des balançoires, planté des arbres et décrété l'insouciance. Mais sous le sable de ce square parisien se cachent les secrets d'une prison de femmes. La Petite Roquette. Tout le monde a préféré l'oublier. Sauf Angèle. Nul ne lui avait jamais dit qu'elle était née ici, quelque part sous les balançoires. Mais sa mère, Helena, vient de mourir. Elle laisse des lettres, un vieil article de presse, et le nom de l'homme qu'elle aimait. Alors le passé ne demande qu'à surgir. Il voudrait comprendre et emprunte toutes les voix ; celle d'Angèle, celle de Mila sa grand-mère, celle d'un vieux journaliste qui en sait beaucoup plus long que ce qu'il avait écrit, et même celle de l'homme qui s'est enfui. Tous racontent l'histoire d'Helena. Son chagrin. Leurs chagrins. Un livre choral bien écrit qui décrit bien tous ses personnages féminins et finit sur une note d’espoir malgré le titre.

la personneLa personne de confiance, Didier Van Cauwelaert (Albin Michel, 2019)

Max, un petit gars de banlieue, conducteur grutier à la fourrière, vient d'enlever une voiture sur un emplacement livraison. C'est alors qu'il découvre, sur la banquette arrière, une vieille dame. Faute professionnelle qui risque de causer son renvoi...D'autant plus qu'il la reconnaît : c'est la chef d'entreprise Madeleine Lamor, héroïne de la Résistance. Obligé de gérer la situation pour sauver son emploi, Max se retrouve entraîné dans une aventure hallucinante : défendre cette merveilleuse vieille dame, que son neveu tente de rendre folle à coups de médicaments pour s'emparer de ses biscuiteries. Épatée par la manière dont il la prend en charge, Madeleine l'engage comme « personne de confiance ». Reste à savoir, comme dit Samira, la voisine de cité qu'il a appelée à la rescousse, si c'est « le kif absolu ou le plus dangereux des pièges »... Ce n’est pas le meilleur Van Cauwelaert mais c’est une lecture facile et agréable

de si bons amisDe si bons amis, Joyce Maynard (Philippe Rey, 2019)

Quand Ava et Swift Havilland, couple de philanthropes fortunés, décident de prendre Helen McCabe sous leur aile, celle-ci est au plus bas. À quarante ans, elle a récemment perdu la garde de son fils Oliver, huit ans, et partage sa semaine entre rencontres aux Alcooliques Anonymes, petits boulots pour un traiteur, et soirées à faire défiler sur son écran les profils d'hommes célibataires de sa région. S'étant réfugiée depuis son enfance derrière des récits de vies fantasmées - un jour orpheline, le lendemain petite-fille d'Audrey Hepburn -, elle trouve auprès des Havilland ce qu'elle a toujours recherché : se sentir unique. Couverte de cadeaux et d'attentions, Helen n'a jamais été autant choyée. Vulnérable, impressionnable, elle tombe rapidement sous l'influence du couple, les laissant régir jusqu'à sa vie intime et amoureuse, tandis qu'ils lui promettent la seule chose qui compte à ses yeux : récupérer la garde à temps plein de son fils. Mais lorsqu’Oliver, témoin d'un accident impliquant Swift, est accusé par ce dernier d'en être à l'origine, Helen se retrouve confrontée à un grave conflit de loyauté. Jusqu'où est-elle prête à aller pour garder la confiance des Havilland ? Un roman très fort d’une grande profondeur psychologique qu’on dévore !

 

idahoIdaho, Emily Ruskovich (Gallmeister, 2019)

Idaho, 1995. Par une chaude et insouciante journée d'août, Wade, Jenny et leurs deux petites filles, June et May, se rendent dans une clairière de montagne pour ramasser du bois. S'y produit soudain un drame inimaginable, qui détruit la famille à tout jamais. Neuf années plus tard, Wade a refait sa vie avec Ann au milieu des paysages sauvages et âpres de l'Idaho. Mais tandis que la mémoire de son mari vacille, Ann devient obsédée par le passé de Wade. Déterminée à comprendre cette famille qu'elle n'a jamais connue, elle s'efforce de reconstituer ce qui est arrivé à la première épouse de Wade et à leurs filles. Dommage, il est difficile de rentrer dans ce bon roman !

par del les glacesPar-delà les glaces, Gunilla Linn Persson (J'ai lu, 2019)

«Un bref instant peut-il toucher le cœur au plus profond, le retourner, et que rien ne soit plus jamais comme avant, comme la seconde d'avant?» Hiver 1914. Aux confins de l'archipel de Stockholm, alors que sept amis rentrent chez eux en pleine nuit, une tempête d'une rare puissance les ensevelit un à un. Un siècle plus tard, la tragédie hante toujours les habitants de l'île. Parmi eux, Ellinor, qui voit réapparaître Herman, son amour de jeunesse ; mais pourrait-elle aimer de nouveau cet homme qui cristallise la haine de tous depuis l'accident? Un roman magnifique et le très beau portrait d’une femme qui s’interroge sur sa capacité à aimer encore et être heureuse

antoniaAntonia, journal 1965-1966, Gabriella Zalapi (Zoe, 2019)

Palerme, 1965. Antonia, mariée à un notable et contrainte à l'oisiveté, écrit un journal intime où elle exprime son malaise. A la mort de sa grand-mère, elle reçoit des photographies, des lettres et des carnets qu'elle explore pour échapper à son quotidien et découvrir le passé cosmopolite et foisonnant de sa famille. Premier roman sur la libération d’une femme dans les années 60, lecture très agréable !

 

miss janeMiss Jane, Brad Watson (Grasset, 2018)

Jane Chisolm vient au monde en 1915, dans une petite ferme du Mississippi. Elle est née avec une malformation : un handicap qu'elle devra surmonter sa vie durant. Les premières années à la ferme, au milieu d'une nature éblouissante, sont joyeuses et innocentes. Ce n'est qu'à l'approche de ses 6 ans que la petite Jane prend conscience de sa singularité. Mais sa soif d'apprendre est plus forte que les réticences de ses proches. Elle entre à l'école, se plonge dans les livres. Puis arrive l'adolescence et le Dr Thompson devient son principal confident, y compris lorsque celle-ci tombe amoureuse... Roman historique et psychologique, ce grand roman d’émancipation est porté par une langue sensuelle

la maternit rougeUne maternité rouge, Christian Lax (Futuropolis, 2019)

Alou, chasseur de miel, se dirige vers les ruches sauvages d'un baobab. Circulant en 4x4, armés jusqu'aux dents, une bande d'islamistes radicaux foncent sur lui et font exploser le baobab sacré. Parmi les débris du baobab, Alou découvre, intacte, une statuette représentant une femme enceinte. Encouragé par son père, il se rend dans le pays Dogon présenter la statuette au sage du village, respecté de tous pour sa culture. Le hogon reconnaît aussitôt cette Maternité rouge. Elle est l'œuvre, selon lui, du maître de Tintam, dont une première Maternité se trouve déjà au Louvre, au Pavillon des Sessions. Pour le vieil homme, la sculpture, en ces temps de barbarie, sera plus en sécurité au Louvre, près de sa sœur, qu'ici, au Mali. Confier la statuette au musée parisien, c'est la mission d'Alou. Et pour la mener à bien, le jeune homme prendra tous les risques en traversant déserts et mers, en compagnie de migrants, ses sœurs et frères d'infortune. Une BD magnifique et très forte qui parle aussi bien des migrants que de l’histoire de l’art

 

l o les chiensLà où les chiens aboient par la queue, Estelle-Sarah Bulle (Liana levi, 2018)

Une jeune femme née en banlieue parisienne, que seuls sa couleur de peau et des souvenirs de vacances relient à la Guadeloupe d'où est originaire son père, s'interroge sur son identité métisse. À sa demande, Antoine, une vieille tante baroque et indomptable, déroule l'histoire de leur famille, les Ezechiel, qui épouse celle de l'île dans la seconde moitié du XXe siècle. Antoine raconte l'enfance dans la campagne profonde entre un père un peu brigand et une mère à la peau claire prématurément disparue, les splendeurs et les taudis de Pointe-à-Pitre, le commerce dans la mer des Caraïbes, les traditions et les croyances, l'irruption de la modernité, les rapports hommes-femmes, les clivages d'une société très hiérarchisée... Au fil des échanges se dessine aussi l'état d'esprit de cette génération d'Antillais, « immigrés de l'intérieur », qui choisiront de s'installer en métropole. Un roman sur la double identité qui se lit très bien, porté par une langue bluffante d’inventivité

 

larleriL'Arleri, Edmond Baudoin (Bayou, 2008)

Le vieux peintre parle à son modèle. Il se souvient de ses vies amoureuses pour dire tout ce qu'il sait des relations entre les hommes et les femmes. Il a vu, vécu beaucoup, et connaît depuis longtemps l'histoire des sentiments et des désirs. Mais il restera toujours l'arleri, petit oiseau du Midi qu'on dit sans cervelle, fragile, sautillant, étranger à la raison des hommes. Dans la poésie et la naïveté inaltérables de son regard, renaît sans cesse la force singulière de son art. Une BD un peu verbeuse mais les peintures sont très belles


le menteurLe menteur, Nadja/James (Denoel, 2004)

" Écrire un conte sur une femme mariée à un homme au caractère affable qui est un énorme, quoique inoffensif, menteur. Elle est très intelligente, de bonne, haute et pure nature, et doit subir sans broncher ses affabulations [. ] jusqu'au jour où le mensonge devient si gros qu'elle n'a de choix que de l'adopter et l'amplifier. Pour le sauver, en d'autres termes elle doit devenir elle-même une menteuse. " Cette note, jetée par Henry James dans ses carnets en 1884, devint quatre ans plus tard une de ses nouvelles les plus magistrales, le menteur. Un siècle après, Nadja met ses personnages animaliers au service de cette fable sur l'art, la vérité et la fidélité, et lui redonne la profondeur du conte et la malice d'une comédie de mœurs moderne, située dans un monde élégant et suavement décadent. Un délice qui permet de (re)découvrir Henry James en BD.

 

la mloancolieLa mélancolie des sirènes par trente mètres de fond, Serge Brussolo (Livre de poche, 2006)

Femme scaphandrier, Lize Unke appartient à la brigade de police fluviale chargée d'enquêter sur la catastrophe du métro englouti. Qu'est-il réellement arrivé, ce jour-là, quand le plafond du tunnel a crevé, laissant le fleuve s'engouffrer dans le réseau souterrain pour noyer des kilomètres de galeries, de rames et des milliers d'usagers. Bien des années ont passé depuis le drame, mais l'énigme reste entière. On parle de survivants, prisonniers de poches d'air. Des survivants qui connaîtraient la vérité mais que personne ne semble pressé de ramener à la surface. La solution du mystère est là, quelque part dans le labyrinthe des tunnels inondés. Lize, qui a perdu sa jeune sœur dans la catastrophe, s'est donné pour mission de faire la lumière sur cette étrange histoire. Décision imprudente s'il en est, car quoi de plus vulnérable qu'un scaphandrier perdu sous les eaux ! Un thriller facile à lire pour l’été

 

appelezAppelez-moi Nathan, Catherine Castro (Payot, 2018)

Nathan est né Lila, dans un corps de fille. Un corps qui ne lui a jamais convenu, il décide alors de corriger cette « erreur génétique » avec le soutien indéfectible de sa famille, ses amis, ses profs et, à seize ans, des injections de testostérone de 0,8 mg par jour. Quitte à devenir quelqu'un, autant que ce soit vous-même. Une BD sur un sujet sensible évoqué de façon pudique, c'est touchant et beau mais certaines lectrices ont regretté le manque de réalisme du traitement. A lire pour se faire une idée

malaterreMalaterre, Pierre-Henry Gomont (Dargaud, 2018)

Coureur, menteur, buveur, noceur... Gabriel a toutes les qualités. Depuis l'enfance, il est en rupture avec son milieu familial. Épris de liberté, il ne supporte pas l'autorité. Un jour, il tombe amoureux d'une lointaine cousine, Claudia. Elle a dix ans de moins que lui. Coup de foudre, mariage, trois enfants : Gabriel se laisser séduire. Mais très vite, Gabriel s'ennuie. Il plaque tout, s'envole pour l'Afrique, reste cinq ans sans donner de nouvelles. Puis il réapparaît, fidèle à lui-même. Mêlant manipulation, persuasion et belles promesses, il obtient la garde de Mathilde et Simon, les deux aînés, et les emmène avec lui en Afrique équatoriale. Pour ces deux ados, une nouvelle existence commence. Mais ils doivent aussi supporter les problèmes d'argent de leur père, héritier d'un domaine qu'il est incapable de gérer, et son penchant insurmontable pour la boisson...Une BD aux aquarelles superbes qui nous font voyager! Par l'auteur de l’adaptation en BD de Péreira prétend, que nous avions aussi adorée !

lattentatL'attentat, Loïc Dauvillier, Glen Chapron (Glenat, 2012)

Amine Jaafari, arabe et israélien, est un chirurgien  reconnu à Tel Aviv où il vit avec son épouse Sihem. Il y mène une vie sans histoires quand un jour, après un attentat dans un restaurant qui fait dix-neuf victimes, la police israélienne l'informe que la kamikaze est... sa femme. Brisé par cette révélation, Amine décide d'aller à la rencontre de ceux qui ont poussé Sihem à commettre le pire afin de s'expliquer avec eux. A la recherche de la vérité, il va devoir admettre, et se confronter à, une réalité qu'il a refusé de voir, lui, l'arabe si bien intégré du bon côté du mur. Loïc Dauvillier et Glen Chapron signent une adaptation vibrante du roman de Yasmina Khadra. Nous avons adoré cette BD tout autant que le roman, c'est beau et fort et ça suscite de nombreuses questions, sans jugement moral

la mlodie du passLa mélodie du passé, Hans Meyer Zu Düttingdorf (Pocket, 2016)

En vidant l'appartement de sa mère qui vient de mourir, Christina, journaliste berlinoise, trouve une vieille carte postale en noir et blanc coincée derrière un tiroir. Dessus, des joueurs de tango du Buenos Aires des années 1930. Derrière, un mystérieux message. Intriguée, Christina décide de fouiller le passé de sa mère et apprend que celle-ci n'était pas celle qu'elle croyait. Elle remonte le sillage de son arrière-grand-mère, Emma : jeune femme audacieuse, elle a quitté son Allemagne natale dans les années 1920 pour trouver le bonheur auprès d'un Argentin épousé dans la précipitation. Mais la jeune mariée est troublée par Eduardo, un joueur de bandonéon... Une passion soigneusement enfouie, qui bouleversera son existence, mais aussi celle de ses descendants. Une histoire passionnante à découvrir !

jtais un homme pressJ'étais un homme pressé, Christian Streiff (Cherche Midi, 2017)

Un matin de mai 2008, le puissant patron de Peugeot Citroën, Christian Streiff, est terrassé par un AVC dans son bureau. Si le corps est intact, une partie de sa mémoire s'en est allée. Mais l'homme pressé qu'il a été ne renoncera jamais à se projeter dans l'avenir, avec une seule ambition : accomplir ses rêves coûte que coûte. Parcourir le monde à pied, traverser le Pacifique à la voile, découvrir la nature en solitaire. Ce livre est le récit de son combat pendant trois ans pour se libérer de son handicap, et une terrible confrontation avec lui-même. Ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre, Christian Streiff a retrouvé les mots de la vie ordinaire, et construit une nouvelle carrière dans l'industrie, mais il laisse désormais « du temps au temps ».  Pas forcément très bien écrit, ce témoignage est intéressant et a donné lieu à une bonne adaptation au cinéma avec Fabrice Luchini dans le rôle phare.

la fissureLa fissure, Jean-Paul Didierlaurent (Gallimard Folio, 2019)

«Si c'est grave? Ma pauvre chérie, les fissures en maçonnerie, c'est comme les rides chez les humains. L'apparition de la première ne fait qu'annoncer les suivantes.» Dernier représentant d'une entreprise de nains de jardin, Xavier mène une vie rangée entre la tournée de ses clients, sa famille, son chien et sa résidence secondaire des Cévennes. Mais quand il découvre une fissure dans le mur de sa maison, c'est tout son univers qui se lézarde. Animé par cette obsession, il entreprend un périple extrême et merveilleux jusqu'à l'autre bout du monde. Un roman drôle et déjanté à souhait, c'est moins profond que Le liseur du 6h 27 mais on passe un excellent moment


cruels 13Cruels, 13,
Luc Lang (Stock, 2008)

En treize fables féroces, Luc Lang saisit et conjugue la brutalité de notre monde contemporain sur tous les tons : c'est drôle, triste, tragique, dérisoire ou douloureux, c'est toujours impitoyable... Le couple, la famille, mais aussi l'entreprise, le voisinage, la ville ou la route sont autant de lieux qui servent de décor à ces contes cinglants. On sera tour à tour le salaud qui sème la méchanceté comme les abeilles le pollen, la victime qui subit la sauvagerie des autres, ou encore la proie d'une situation piégée dans laquelle on tombe sans le vouloir. Luc Lang parle de la brutalité de notre monde, c'est jubilatoire et très bien écrit !

continuerContinuer, Laurent Mauvignier (Minuit, 2018)

Sibylle, à qui la jeunesse promettait un avenir brillant, a vu sa vie se défaire sous ses yeux. Comment en est-elle arrivée là ? Comment a-t-elle pu laisser passer sa vie sans elle ? Si elle pense avoir tout raté jusqu'à aujourd'hui, elle est décidée à empêcher son fils, Samuel, de sombrer sans rien tenter. Elle a ce projet fou de partir plusieurs mois avec lui à cheval dans les montagnes du Kirghizistan, afin de sauver ce fils qu'elle perd chaque jour davantage, et pour retrouver, peut-être, le fil de sa propre histoire. Une belle histoire qui décrit bien la relation entre mère et ado, on voyage vraiment : un vrai régal !

lassassin du trainL'assassin du train, Jessica Fellowes (Livre de poche, 2019)

Les soeurs Mitford enquêtent en 1919. Nancy Mitford, l'aînée de la famille, est une jeune femme pétillante et romanesque à l'aube de ses dix-huit ans. Louisa Cannon, sa domestique et confidente, est arrivée sous peu au service de la famille Mitford. Mais tout bascule le jour où elles se retrouvent embarquées dans une sombre affaire : le meurtre de l'infirmière Florence Nightingale Shore à bord de l'express de 15 h 20.S'inspirant d'un fait réel une affaire encore non élucidée à ce jour , ce roman captivant nous emmène dans l'Angleterre de l'entre-deux-guerres, des milieux défavorisés aux fastes de la High Society, à travers les aventures de Nancy et Louisa, toutes deux devenues complices et bien décidées à trouver l'assassin du train.Une enquête policière à la Agatha Christie, pleine de surprises et de rebondissements : si vous avez aimé Downtown abbey, vous allez adorer !

pleurer des rivieresPleurer des rivières, Alain Jaspard (Heloise D'ormesson, 2018)

Franck le savait, il n'aurait pas dû se laisser attendrir quand Sammy, fauché comme les blés, lui a parlé de son plan infaillible - sur le banc des accusés le constat est amer. Heureusement, Julien, leur avocat commis d'office, connaît ses dossiers et obtient facilement sa relaxe. Franck est un type bien, marié à Mériem et père de sept enfants. D'ailleurs la joyeuse bande vit, ou survit, sur l'aire des gens du voyage d'Argenteuil, où Julien fait leur connaissance. Choc des cultures pour ce bourgeois parisien confortablement installé avec Séverine, auteur jeunesse à succès qui écrit pour les enfants qu'elle ne parvient pas à avoir. Et si rien ne prédestinait les deux couples à se rencontrer, le ventre fécond de Mériem va sceller un pacte dont ils ne pourront plus revenir... Un roman bouleversant, le portrait de deux femmes qui se lient d'amitié à travers la maternité


lamour est aveugleL'amour est aveugle,
William Boyd (Seuil, 2019)

Accordeur surdoué à l'oreille absolue, le jeune Brodie Moncur, employé d'un vénérable fabricant de pianos à Édimbourg, accepte avec joie un poste important dans la filiale parisienne, fuyant ainsi l'ennui de la province et la hargne de son pasteur de père. Mais sa rencontre avec John Kilbarron, le « Liszt irlandais », et la maîtresse de ce dernier, la soprano russe Lika Blum, dont il tombe fou amoureux, va changer inéluctablement le cours de son existence. Devenu indispensable au pianiste, il le suit de Paris à Saint-Pétersbourg, où sa liaison clandestine avec Lika est éventée par Malachi, le frère maléfique de Kilbarron. Dès lors convaincu d'être traqué, Brodie ne cessera d'errer et de courir d'un bout à l'autre de l'Europe avant de s'exiler dans les îles Andaman, au large des côtes indiennes, où se scellera son destin. William Boyd dresse un très beau portrait de cet accordeur mais l'auteur nous a habitué à mieux : ce roman est un peu long, dommage...

tout est possibleTout est possible mais rien n'est sûr, Lucile Gomez (Delcourt, 2015)

Ses études terminées, Vétille déborde d'énergie et d'envies. Sauver la planète, vivre du dessin sans se faire exploiter. Blottie contre son amoureux, entourée par ses amis, la jeune femme est convaincue qu'un monde meilleur est possible. Mais, de jobs ingrats en stages précaires, ses idéaux de jeunesse vont être mis à mal par le monde des adultes. Heureusement, la nuit, il est permis de rêver. Une belle BD drôle et légère sur la jeunesse et nos idéaux, pour les ados comme pour les adultes !

retourRetour à Oakpine, Ron Carlson (Gallmeister, 2016)

La petite ville d'Oakpine, au coeur des magnifiques paysages du Wyoming, offre une vie paisible à ses habitants. Et c'est à cela qu'aspire Jimmy, 50 ans, atteint du sida. Devenu un écrivain renommé à New York, il souhaite désormais retrouver sa ville natale pour y passer les derniers mois de sa vie, et renouer avec ses parents. Il découvre que le destin vient de réunir à Oakpine ses trois meilleurs amis d'enfance : Craig, Frank et Mason. Chacun a fait son chemin, construit une vie, mais tous se trouvent aujourd'hui à un tournant de leur existence. Petit à petit, au gré de ces retrouvailles, les quatre hommes vont se rendre compte que leur amitié est la meilleure arme pour effacer les fantômes du passé et affronter les obstacles du présent. Avec des images lumineuses et émouvantes de l'Ouest américain, Ron Carlson dépeint l'humanité de ses personnages et offre un portrait bouleversant de l'amitié.

cinq cielsCinq ciels, Ron Carlson (Gallmeister, 2012)

Au cœur de l'Idaho et des montagne Rocheuses, trois hommes se trouvent réunis pour réaliser une étrange construction au-dessus d'un canyon. Chacun est muré dans son propre isolement et tente de fuir son passé Il y a d'abord Arthur Key, colosse taciturne qui a subitement quitté Los Angeles, puis le jeune et indolent Ronnie Panelli, petit voleur à la tire. Tous deux ont été embauchés à la hâte par Darwin Gallegos, lui-même en colère contre Dieu et les hommes après le décès accidentel de sa femme. Sur le site grandiose de ce chantier suspendu entre ciel et terre, une amitié profonde va se tisser entre les trois hommes qui se libèrent peu à peu de leurs obsessions, tandis qu'une ombre funeste plane sur le projet. Ron Carlson impose ici son incroyable talent à mettre en scène des destins brisés dans des décors éblouissants : c'est toujours aussi beau.

la vie parfaiteLa vie parfaite, Silvia Avallone (Liana levi, 2019)

Le matin de Pâques, Adele quitte le quartier Labriola et part accoucher, seule. Parce que l'avenir n'existe pas pour les jeunes nés comme elle du mauvais côté de la ville, parce qu'elle n'a que 18 ans et que le père est en prison, elle envisage d'abandonner son bébé. À une poignée de kilomètres, dans le centre de Bologne, le désir inassouvi d'enfant torture Dora jusqu'à l'obsession. Autour de ces deux femmes au seuil de choix cruciaux, gravitent les témoins de leur histoire. Et tous ces géants fragiles, ces losers magnifiques, cherchent un ailleurs, un lieu sûr, où l'on pourrait entrevoir la vie parfaite.
Un roman poignant sur la jeunesse italienne et le désir (ou non) de maternité

les nuisiblesLes nuisibles, Piero Macola (Futuropolis, 2019)

Italie, plaine du Pô, aujourd'hui. Bruno vit seul. Il est gardien de péage du pont. Son obsession : ne pas faire de vague, être invisible... Bruno rend régulièrement visite à Maria et l'aide à vider la cabane au bord du fleuve. Depuis la mort de son mari, Maria vit seule avec son chien. La fille de Maria, elle, veut la convaincre d'emménager près d'elle, en ville. C'est dangereux sa maison isolée. Il y a de plus en plus de cambriolages, sans parler des trafics sur le fleuve qui ne cessent d'augmenter. On dit que c'est la faute aux étrangers. Ça tourne à l'invasion, on dit cela. Anton, lui, est en Italie depuis 9 mois. Il vit de petits boulots sur les chantiers. Au noir. Un jour il se casse la jambe en tombant d'un échafaudage. Pas question d'hôpital pour les patrons. Il est embarqué dans un refuge, où on le soigne quand même, discrètement. Mais Anton s'enfuit et pique la caisse. Il se réfugie dans la cabane de Maria... Bruno et Anton. Deux hommes en marge de la société. Le premier ne veut surtout pas faire de vagues, le second tente simplement de survivre. Mais vivre à la marge fait-il de vous des nuisibles ? Une très belle BD intimiste

un pied au paradisUn pied au paradis, Ron Rash (Gallimard, 2019)

Shérif d'une petite ville des Appalaches du Sud, Will Alexander sait que Holland Winchester, le voyou local, a été assassiné. L'ennui, c'est qu'il ne trouve ni corps ni aucun témoin du meurtre. Raconté avec simplicité à travers les voix du shérif, d'un fermier voisin, de sa superbe femme, de leur fils et de l'adjoint, Un pied au paradis a marqué la naissance d'une des plumes les plus fines et singulières de la littérature américaine.
Un petit bijou de roman noir au style magnifique, qui décrit bien les « petites gens »



tous sauf moiTous, sauf moi, Francesca Melandri (Gallimard, 2019)
2010, Rome. Ilaria, la quarantaine, trouve sur le seuil de sa porte un jeune éthiopien qui dit être à la recherche de son grand-père, Attilio Profeti. Or c'est le père d'Ilaria. À 95 ans, le patriarche de la famille Profeti est un homme à qui la chance a toujours souri : 2 mariages, 4 enfants, une réussite sociale éclatante. Troublée par sa rencontre avec ce migrant qui déclare être son neveu, Ilaria commence à creuser dans le passé de son père. À travers l'enquête d'Ilaria qui découvre un à un les secrets sur la jeunesse de son père, Francesca Melandri met en lumière tout un pan occulté de l'histoire italienne : la conquête et la colonisation de l'Éthiopie par les chemises noires de Mussolini, de 1936 à 1941 - la violence, les massacres, le sort tragique des populations et, parfois, les liens qu'elles tissent avec certains colons italiens, comme le fut Attilio Profeti. Grosse déception pour ce livre pourtant attendu : on n’adhère pas à ce roman à thèse et on ne retrouve pas le style d’Eva dort, dommage !

la loterie conteLa loterie et autres contes noirs, Shirley Jackson (Rivages, 2019)

Dans le monde de Shirley Jackson, rien ne paraît sortir de l'ordinaire. De petites villes, des couples, des maisons, des gens qu'on croise dans le bus ou chez l'épicier. Au premier abord, tout est normal. Puis un détail sème le doute. Un autre fait tout déraper vers des zones noires et troubles, qui suscitent une profonde inquiétude chez le lecteur. Voici une douzaine de nouvelles entièrement inédites, toutes plus déstabilisantes les unes que les autres, ainsi que le chef-d’œuvre de Jackson, «La Loterie» (adapté par Miles Hyman sous forme de BD que nous avions déjà adorée).
Ces nouvelles très noires nous plongent dans le quotidien d’une petite ville américaine, La loterie est un modèle de nouvelle, les autres sont moins fortes mais se laissent lire.


la fille idaleLa fille idéale, Gilly Macmillan (Pocket, 2018)

Petite fille modèle, élève brillante, prodige du piano, Zoe est l'adolescente que tous les parents rêveraient d'avoir. Quelques années plus tôt, une erreur de jeunesse lui a fait commettre l'irréparable. C'est à la force du poignet qu'elle et sa mère se sont reconstruites. La vie leur a offert une seconde chance. Mais le soir où Zoe doit donner un concert pour lequel elle se prépare depuis des mois, la nuit tourne au cauchemar. Un meurtre est commis. Zoe sait que la vérité n'est jamais aussi simple que l'on pourrait le penser et que les apparences sont souvent trompeuses...
Un très bon thriller, à découvrir !


battement dailesBattements d'ailes, Milena Agus (Livre de poche, 2010)

Un lieu enchanteur en Sardaigne. Sur la colline qui domine la mer, au milieu des terres arrachées au maquis, se tient la maison de Madame, dernier bastion de résistance aux barres à touristes. Seule, décalée dans ses robes bizarres cousues main et dans son naïf refus de l'argent, Madame n'est pas conforme. Quand la nervosité la gagne, que malgré les rites magiques le grand amour se dérobe, elle dévale le chemin escarpé jusqu'à la plage et nage vers le large. Madame dérange, mais pas sa jeune et fantasque amie de quatorze ans, pas le grand-père moqueur, ni le fils aîné des voisins, trompettiste incompris des siens. Eux savent. Un conte étrange et inqualifiable qui nous plonge dans un univers particulier, en Sardaigne.



lattente du soirL'attente du soir,
Tatiana Arfel (Corti, 2009)

Ils sont trois à parler à tour de rôle, trois marginaux en bord de monde. Il y a d'abord Giacomo, vieux clown blanc, dresseur de caniches rusés et compositeur de symphonies parfumées. Il court, aussi vite qu'il le peut, sur ses jambes usées pour échapper à son sort, fauteur de troubles, de morts et de mélancolie. Il y a la femme grise sans nom, de celles qu'on ne remarque jamais, remisée dans son appartement vide. Elle récite des tables de multiplication en comptant les fissures au plafond pour éloigner l'angoisse. Et puis il y a le môme, l'enfant sauvage qui s'élève seul, sur un coin de terrain vague abandonné aux ordures. Le môme lutte et survit. Il apprendra les couleurs et la peinture avant les mots, pour dire ce qu'il voit du monde. Giacomo, la femme grise, le môme, trouveront chacun dans les deux autres la terre riche, solide et lumineuse, qui leur donnera la force de continuer. Un conte profond et très humain au style magnifique.

le coeur cousuLe cœur cousu, Carole Martinez (Gallimard, 2009)

Frasquita a dans son village du sud de l'Espagne une réputation de magicienne, ou de sorcière. Ses dons se transmettent aux vêtements qu'elle coud, aux objets qu'elle brode : un éventail reproduit avec une telle perfection les ailes d'un papillon qu'il s'envolera par la fenêtre ; le cœur de soie qu'elle cache sous le vêtement de la Madone menée en procession semble palpiter miraculeusement... Frasquita a été jouée et perdue par son mari lors d'un combat de coqs. Réprouvée par le village pour cet adultère, la voilà condamnée à l'errance à travers l'Andalousie que les révoltes paysannes mettent à feu et à sang, suivie de ses marmots eux aussi pourvus - ou accablés - de dons surnaturels... Un conte merveilleux aux scènes marquantes et au réalisme magique, envoûtant

larrire saisonL'arrière-saison, Philippe Besson (10/18, 2009)

" Au commencement, il y a cette peinture d’Edward Hopper qu'on peut voir à Chicago. J'ai dû l'apercevoir à plusieurs reprises avant de m'en procurer une reproduction, un dimanche d'ennui. Un soir, sans intention particulière, j'ai observé la femme en robe rouge de la peinture, assise au comptoir d'un café nommé Phillies, entourée de trois hommes. Alors, ça s'est imposé à moi, sans que j'aie rien cherché. J’ai eu l'envie impérieuse de raconter l'histoire de cette femme et des trois hommes autour d'elle, et d'un café de Cape Cod. "
Un huis-clos à l’écriture très sensible, tout se passe en une soirée


lapiculteurL'apiculteur,
Maxence Fermine (Livre de poche, 2002)

Depuis qu'une abeille a déposé sur sa ligne de vie une fine trace de pollen doré, Aurélien, jeune Provençal de la fin du XIXe siècle ne rêve plus que de l'or - un or symbolique, poétique, qui représente bien plus que le métal précieux. Son rêve le décidera à se détourner des champs de lavande familiaux pour installer des ruches et fabriquer le miel le plus suave. Puis, après l'anéantissement de son travail par un violent orage, à partir pour l'Abyssinie, où l'attend une femme à la peau d'or, qu'il a vue en rêve. On croise Van Gogh et Rimbaud dans ces pages lumineuses, où le songe doré d'Aurélien lui vaudra de connaître bien des aléas, avant qu'il ne découvre l'or véritable de la vie. Une très belle histoire semblable à Soie de Barrico, l’écriture est ciselée et proche du conte

cassandra darkeCassandra Darke, Posy Simmonds (Denoel, 2019)

Cassandra Darke, Londonienne pur jus, vieille teigne misanthrope, mauvaise coucheuse en surcharge pondérale, ne pense qu'à elle-même et aux moyens de préserver le confort dont elle jouit dans sa maison de Chelsea à 8 millions de livres. La galerie d'art moderne de son défunt mari a été le théâtre de fraudes qui l'ont mise en délicatesse avec la justice et au ban de son milieu. Mais Cassandra s'accorde le pardon, au prétexte qu'«à côté de tous ces meurtriers récidivistes, on se sentirait presque comme Blanche-Neige». Ses fautes n'impliquent «ni violence, ni arme, ni cadavre». Hélas, dans son sous-sol, une ex-locataire, la jeune et naïve Nicki, a laissé une surprise qui pourrait bien s'accompagner de violence et d'au moins un cadavre... On attendait impatiemment le retour de l’auteure de Tamara Drewe et Gemma Bovery et nous n’avons pas été déçues par cette excellente BD très littéraire !


les gratitudesLes gratitudes, Delphine de Vigan (Lattes, 2019)

« Je suis orthophoniste. Je travaille avec les mots et avec le silence. Les non-dits. Je travaille avec la honte, le secret, les regrets. Je travaille avec l'absence, les souvenirs disparus, et ceux qui ressurgissent, au détour d'un prénom, d'une image, d'un mot. Je travaille avec les douleurs d'hier et celles d'aujourd'hui. Les confidences. Et la peur de mourir. Cela fait partie de mon métier. Mais ce qui continue de m'étonner, ce qui me sidère même, ce qui encore aujourd'hui, après plus de dix ans de pratique, me coupe parfois littéralement le souffle, c'est la pérennité des douleurs d'enfance. Une empreinte ardente, incandescente, malgré les années. Qui ne s'efface pas. » Michka est en train de perdre peu à peu l'usage de la parole. Autour d'elles, deux personnes se retrouvent : Marie, une jeune femme dont elle est très proche, et Jérôme, l'orthophoniste chargé de la suivre. Un très beau roman, plus léger que les précédents De Vigan, mais une belle petite histoire sur ce et ceux qui comptent vraiment

maimaiMaïmaï, Aki Shimazaki (Actes sud, 2019)

La mort subite de la séduisante Mitsuko prend tout le monde par surprise, y compris les clients de sa librairie. Alors que des visiteurs viennent rendre un dernier hommage à sa mère, Tarô, son fils sourd et muet, est charmé par la beauté naturelle d'une jeune femme venue lui présenter ses condoléances.
Un roman très exotique, à l’écriture très simple mais qui vous happe par petites touches comme une estampe japonaise


lecole des soignantesL'École des soignantes, Martin Winckler (P.o.l, 2019)

«Le Centre hospitalier holistique de Tourmens est un hôpital public. On y reçoit et on y soigne tout le monde, sans discrimination et avec bienveillance. Mais les préjugés envers son approche féministe et inclusive des soins et de l'enseignement sont tenaces. Depuis sa création, en 2024, les hommes qui s'enrôlent à l'École des soignantes du CHHT n'ont jamais été nombreux : l'année où j'ai commencé ma formation, j'étais l'un des rares inscrits. J'espère que nous ne serons pas les derniers. Je m'appelle Hannah Mitzvah. Aujourd'hui, 12 janvier 2039, je commence ma résidence. L'officiante de l'unité à laquelle je suis affecté se nomme Jean ("Djinn") Atwood. C'est une figure légendaire de la santé des femmes. Je me demande ce qu'elle fait chez les folles.» La santé vue et vécue par les femmes : entre roman et récit de vie, ce livre laisse le lecteur à distance. Dommage, il suffirait de peu pour être touché…


les sept mariagesLes sept mariages d'Edgar et Ludmilla, Jean-Christophe Rufin (Gallimard, 2019)

« Sept fois ils se sont dit oui. Dans des consulats obscurs, des mairies de quartier, des grandes cathédrales ou des chapelles du bout du monde. Tantôt pieds nus, tantôt en grand équipage. Il leur est même arrivé d'oublier les alliances. Sept fois, ils se sont engagés. Et six fois, l'éloignement, la séparation, le divorce... Edgar et Ludmilla... Le mariage sans fin d'un aventurier charmeur, un brin escroc, et d'une exilée un peu « perchée », devenue une sublime cantatrice acclamée sur toutes les scènes d'opéra du monde. Pour eux, c'était en somme : « ni avec toi, ni sans toi ». À cause de cette impossibilité, ils ont inventé une autre manière de s'aimer»
Dommage, ce roman est un peu trop long et laisse sur sa faim…

 la recherche daliceÀ la recherche d'Alice Love, Liane Moriarty (Albin Michel, 2019)

Il a suffi d'une chute de quelques secondes pour qu'Alice Love efface dix années de sa vie : lorsqu'elle se relève, avec une grosse bosse sur la tête, Alice est convaincue d'avoir 29 ans, d'être enceinte de son premier enfant, au comble du bonheur avec son mari, Nick, dont elle est folle amoureuse. Or, Alice a trente-neuf ans, trois enfants et s'apprête à divorcer. Que s'est-il passé ? Comment a-t-elle pu devenir cette femme autoritaire et obsédée par le sport (elle DÉTESTE ça !) ? Comment elle et Nick, son amour de toujours, en sont-ils arrivés là ? Pourquoi est-elle en froid avec sa sœur adorée ? En s'efforçant de reconstituer le puzzle de cette décennie oubliée, Alice découvrira si son amnésie est une malédiction ou une bénédiction... Une jolie récréation : Liane Moriarty continue d'explorer avec finesse et humour les mystères de nos vies quotidiennes et les compromis que l'on fait parfois avec soi-même

levangile selonL'évangile selon Yong Sheng, Sijie Dai (Gallimard, 2019)

Dans un village en Chine méridionale, au début du vingtième siècle, Yong Sheng est le fils d'un menuisier-charpentier qui fabrique des sifflets pour colombes réputés. Les habitants raffolent de ces sifflets qui, accrochés aux rémiges des oiseaux, font entendre de merveilleuses symphonies en tournant au-dessus des maisons. Placé en pension chez un pasteur américain, le jeune Yong Sheng va suivre l'enseignement de sa fille Mary, institutrice de l'école chrétienne. C'est elle qui fait naître la vocation du garçon : Yong Sheng, tout en fabriquant des sifflets comme son père, décide de devenir le premier pasteur chinois de la ville. Marié de force pour obéir à de vieilles superstitions, Yong Sheng fera des études de théologie à Nankin et, après bien des péripéties, le jeune pasteur reviendra pour une brève période de bonheur. Mais tout bascule en 1949 avec l'avènement de la République populaire, début pour lui comme pour tant d'autres Chinois d'une ère de tourments - qui culmineront lors de la Révolution culturelle. Dai Sijie, dans ce nouveau roman, renoue avec la veine autobiographique de son premier livre, Balzac et la petite tailleuse chinoise : c’est nourrissant, profond et très romanesque.


personne na peurPersonne n'a peur des gens qui sourient, Véronique Ovaldé (Flammarion, 2019)

Gloria a choisi ce jour de juin pour partir. Elle file récupérer ses filles à l'école et les embarque sans préavis pour un long voyage. Toutes trois quittent les rives de la Méditerranée en direction du Nord, la maison alsacienne dans la forêt où Gloria, enfant, passait ses vacances. Pourquoi cette désertion soudaine? Quelle menace fuit-elle? Pour le savoir, il faudra revenir en arrière, dans les eaux troubles du passé, rencontrer Giovannangeli, qui l'a prise sous son aile à la disparition de son père, lever le voile sur la mort de Samuel, le père de ses enfants - où était Gloria ce soir-là ? -, et comprendre enfin quel rôle l'avocat Santini a pu jouer dans toute cette histoire. Jusqu'où peut-on protéger ses enfants? Un régal pour de nombreuses lectrices mais certaines ont été déçues : à lire pour se faire un avis !


les belles esprancesLes belles espérances, Caroline Sers (Buchet Chastel, 2019)

Mai 68. Pierre Bouillard, 25 ans, contemple le boulevard Saint-Germain dont les pavés servent de projectiles depuis plusieurs jours. Il ne sait que penser du chaos qui règne, à la différence de son frère jumeau, Fabrice, enchanté par le vent de liberté qui souffle. Tous deux commencent leur vie d'adulte. Ils font des premiers choix et des rencontres décisives. Pierre a déjà charge de famille. Et Fabrice, depuis le décès de leur père, devrait s'occuper de l'entreprise familiale. Tous deux essaient de résister à leur mère tyrannique, qui incarne le monde d'hier avec ses valeurs bourgeoises et ses jugements sans appel. Ancré dans notre histoire récente, Les Belles Espérances raconte les passions et l'évolution d'une famille française : on le lit avec plaisir mais il n’y a pas de fin véritable


les porteurs deauLes porteurs d'eau, Atiq Rahimi (P.o.l, 2019)

L'action de ce nouveau roman d'Atiq Rahimi se concentre en une seule journée : le 11 mars 2001. Ce jour-là, les Talibans détruisent les deux Bouddhas de Bâmiyan, en Afghanistan... A Paris, Tom se lève et s'apprête à partir pour Amsterdam. Il a décidé de quitter sa femme, Rina, qui dort près de lui. Tom est afghan, commis-voyageur, exilé en France. Il souffre de paramnésie, la sensation obsédante de déjà-vu ou déjà-vécu. Le même-jour à Kaboul, Yûsef se lève pour remplir sa tâche quotidienne de porteur d'eau. Il risque sinon la colère des Talibans et 97 coups de fouet sur le dos. Il doit s'arracher à la contemplation de Shirine, la femme de son frère, parti en exil. C'est lui, le petit porteur d'eau, qui fera basculer la vie des siens... Un roman à l’écriture très orientale entre le songe et la réalité, on a du mal à s’accrocher

la saison des feuxLa saison des feux, Celeste Ng (Pocket, 2019)

À Shaker Heights, banlieue huppée de Cleveland, tout est luxe, calme et sérénité... Dans ce tableau bourgeois, les Richardson ne détonnent pas. Père avocat. Quatre ados sans histoire. La famille modèle. Tout le contraire de leurs nouveaux locataires : Mia Warren, artiste photographe, anticonformiste et bohême à souhait, et sa fille Pearl. Elles sont aussi nomades que les Richardson sont sédentaires, aussi libres qu'ils sont prisonniers des apparences... Alors qu'au début la cohabitation semble plutôt chaleureuse, insensiblement, les rapports vont se crisper.
La tension montera dangereusement... jusqu'à l'embrasement? Un roman très juste dans la psychologie des personnages, le calme avant la tempête !

la mmoire du thLa mémoire du thé, Lisa See (J'ai lu, 2019)

Sud-ouest de la Chine, années 1990. Sur le mont Nannuo, la culture du thé rythme depuis toujours la vie des Akha, un peuple aux méthodes de récolte archaïques et aux principes religieux très stricts. Li-yan, la première de sa famille à savoir lire et écrire, rejette ces traditions et décide de poursuivre ses études malgré les réticences de la communauté. Mais lorsqu'elle doit faire face à une grossesse non désirée, la loi akha tombe et Li-yan n'a d'autre choix que tout abandonner - jusqu'à son enfant, qu'elle dépose sur les marches d'un orphelinat, accompagnée d'une galette de thé. Les années passant, le souvenir de cette tragédie la hante, tandis qu'à des milliers de kilomètres une jeune femme se lance à la recherche de ses racines...
Dommage, la fin est décevante mais on apprend beaucoup sur le thé et la culture chinoise

baccantesBacchantes, Céline Minard (Rivages, 2019)

Céline Minard revisite avec brio les codes du film de braquage autour de la thématique du vin pour distiller un cocktail explosif où l'ivresse se mêle à la subversion. Voilà 59 heures que la brigade de Jackie Thran encercle la cave à vin la plus sécurisée de Hong Kong, installée dans d'anciens bunkers de l'armée anglaise. Un groupe de malfaiteurs est parvenu à s'y introduire et garde en otage l'impressionnant stock qui y est entreposé. Soudain, la porte blindée du bunker Alpha s'entrouvre. Une main gantée apparaît, pose une bouteille sur le sol. Un pied chaussé d'un escarpin noir sort de l'entrebâillement et pousse le corps de verre sur la chaussée. L'acier claque à nouveau...
Excellent roman mais la fin déçoit encore une fois, dommage !


a raconte sarahÇa raconte Sarah
, Pauline Delabroy-Allard (Minuit, 2018)

Ça raconte Sarah, sa beauté mystérieuse, son nez cassant de doux rapace, ses yeux comme des cailloux, verts, mais non, pas verts, ses yeux d'une couleur insolite, ses yeux de serpent aux paupières tombantes. Ça raconte Sarah la fougue, Sarah la passion, Sarah le soufre, ça raconte le moment précis où l'allumette craque, le moment précis où le bout de bois devient feu, où l'étincelle illumine la nuit, où du néant jaillit la brûlure. Ce moment précis et minuscule, un basculement d'une seconde à peine. Ça raconte Sarah, de symbole : S.
Ce roman qu’on ne lâche pas raconte une passion amoureuse entre deux femmes, l’écriture y est magnifique !

miss janeMiss Jane, Brad Watson (Grasset et fasquelle, 2018)

Jane Chisolm vient au monde en 1915, dans une petite ferme du Mississippi. Quelques instants après sa naissance, le Dr Thompson saisit un carnet et commence à prendre des notes. Jane est née avec une malformation : un handicap qu'elle devra surmonter sa vie durant. Les premières années à la ferme, au milieu d'une nature éblouissante, sont joyeuses et innocentes. Ce n'est qu'à l'approche de ses six ans que la petite Jane prend conscience de sa singularité. Mais sa soif d'apprendre est plus forte que les réticences de ses proches. Elle entre à l'école, se plonge dans les livres. Puis arrive l'adolescence et le Dr Thompson devient son principal confident, y compris lorsque celle-ci tombe amoureuse... Miss Jane est un grand roman de formation et d'émancipation. Une histoire de désir, d'espoir et de courage portée par une langue sensuelle.


la gouvernanteLa gouvernante suédoise, Marie Sizun (Gallimard, 2018)

Quel rôle joue exactement Livia, la gouvernante suédoise engagée par Léonard Sézeneau, négociant français établi à Stockholm en cette fin du XIX e siècle, pour seconder sa jeune femme, Hulda, dans l'éducation de leurs quatre enfants ? Quel secret lie l'étrange jeune fille à cette famille qu'elle suivra dans son repli en France, à Meudon, si loin de la lumière et de l'aisance de Stockholm ? Livia semble bien plus qu'une domestique : les enfants l'adorent, Léonard dissimule mal leur complicité, et Hulda, l'épouse aimante, tombe peu à peu dans une étrange dépendance vis à vis de Livia.
Dans ce roman de secrets, d'amours et de fascination mutuelle, Marie Sizun dévoile le mystère qui entoure l'histoire de ses étonnants ancêtres.

la daronneLa daronne, Hannelore Cayre (Points, 2018)

Patience Portefeux, 53 ans, deux filles, un chien, un fiancé flic et une vieille mère en EHPAD. Patience trime, Patience est traductrice de l'arabe pour le ministère de la Justice. Des milliers d'heures à transcrire des écoutes entre petits dealers et grands bandits. Puis Patience franchit la ligne jaune : elle détourne une montagne de cannabis issue d'un Go Fast. Sans culpabilité ni effroi. Simplement une petite entorse morale. Et encore. Et Patience devient la Daronne.
Un roman jouissif et amoral, on comprend tout le système du trafic de drogue et c’est excellent !


salinaSalina, les trois exils, Laurent Gaudé (Actes sud, 2018)

Triptyque qui retrace le destin tragique d'une tribu autour de la vie douloureuse d'une femme, Salina de 15 à 50 ans. La jeune fille, mariée contre sa volonté à Saro, a été chassée pour avoir achevé sur le champ de bataille ce mari dont elle ne voulait pas. Elle a mis au monde un second fils, sans père et né de sa colère, Kwane N'Krumba, qui part la venger.
Un très beau roman, le conte sublime d'une mère courage racontée par son fils.



marxMarx et la poupée, Maryam Madjidi (J'ai lu, 2018)

Depuis le ventre de sa mère, Maryam vit les premières heures de la révolution iranienne. Six ans plus tard, elle rejoint son père en exil à Paris. À travers ses souvenirs d'enfance, elle décrit l'abandon du pays, l'éloignement familial, la perte de ses jouets - donnés aux enfants pauvres de Téhéran sous l'injonction de ses parents communistes - et l'effacement progressif du persan. Fable et journal, Marx et la poupée raconte avec humour et tendresse les racines comme fardeau, comme rempart, comme moyen de socialisation et comme arme de séduction massive.
Entre Persepolis et l'Arabe du futur, ce très bon roman s'inscrit dans la lignée de l'autobiographie de l'exil avec la dose d'humour nécessaire pour voir ces vies tumultueuses d'un œil apaisé et optimiste.


le chagrin des vivantsLe chagrin des vivants, Anna Hope (Gallimard, 2017)

Durant les cinq premiers jours de novembre 1920, l'Angleterre attend l'arrivée du Soldat inconnu, rapatrié depuis la France. À Londres, trois femmes vont vivre ces journées à leur manière. Evelyn, dont le fiancé a été tué et qui travaille au bureau des pensions de l'armée; Ada, qui ne cesse d'apercevoir son fils pourtant tombé au front; et Hettie, qui accompagne tous les soirs d'anciens soldats sur la piste pour 6 pence la danse. Dans une ville peuplée d'hommes incapables de retrouver leur place au sein d'une société qui ne les comprend pas, rongés par les horreurs vécues, souvent mutiques, ces femmes cherchent l'équilibre entre la mémoire et la vie. Et lorsque les langues se délient, les cœurs s'apaisent.
Cette histoire est intéressante mais pas captivante


ernestoErnesto, Marion Duclos (Casterman, 2017)

Ernesto est un grand-père pas très bavard. Il vit à Tours, mais son accent ne trompe pas : on sait bien qu'il vient de l'autre côté des Pyrénées. Le franquisme lui a volé sa jeunesse... Ernesto tait ses blessures. Et la vie file à toute allure. L'Espagne, les oranges grosses comme des melons, les melons doux comme du miel... Un matin, tout l'appelle. Et avec son vieux copain Thomas, le combattant pour la République prend la route. Un road trip déjanté et nostalgique à la recherche d'une mémoire espagnole vacillante, sublimé par le graphisme pétillant de Marion Duclos!


la legereteLa légèreté
, Catherine Meurisse (Dargaud, 2016)

Dessinatrice à Charlie Hebdo depuis plus de dix ans, Catherine Meurisse a vécu le 7 janvier 2015 comme une tragédie personnelle, dans laquelle elle a perdu des amis, des mentors, le goût de dessiner, la légèreté. Après la violence des faits, une nécessité lui est apparue : s'extirper du chaos et de l'aridité intellectuelle et esthétique qui ont suivi en cherchant leur opposé - la beauté. Afin de trouver l'apaisement, elle consigne les moments d'émotion vécus après l'attentat sur le chemin de l'océan, du Louvre ou de la Villa Médicis, à Rome, entre autres lieux de renaissance. Une belle BD sur la résilience par l’art et la beauté, c’est léger et profond à la fois et les aquarelles sont magnifiques !


la fractaleLa fractale des raviolis,
Pierre Raufast (Gallimard, 2015)

«"Je suis désolé, ma chérie, je l'ai sautée par inadvertance." Je comprends que l'on puisse sauter une femme par dépit, par vengeance, par pitié, par compassion, par curiosité, par habitude, par intérêt, par gourmandise, et même parfois par amour. Par inadvertance, ça non.» Comment se venger d'un mari volage? En l'empoisonnant avec son plat préféré. Mais rien ne se passe comme prévu et c'est tout un engrenage qui se met en place.
Les anecdotes sont savoureuses mais on se perd un peu entre les différentes histoires


le theoreme du homardLe théorème du homard, Graeme Simsion (Nil, 2014)

Peut-on trouver une épouse sur mesure ? Don Tillman, génie des sciences mais absolument inapte à vivre en société, en est persuadé. Pour mener à bien son " Projet Epouse ", Don met au point un questionnaire détaillé lui permettant d'éliminer toutes les candidates qui ne répondraient pas à ses exigences. Et celles-ci sont nombreuses car pour Don, la femme idéale NE DOIT PAS : 1.Fumer et boire. 2. Etre végétarienne et aimer la glace à l'abricot. 3. Se lever après 6 heures. Mais elle DOIT : 1. Faire du sport. 2. Etre ponctuelle. 3. Accepter le Système de Repas Normalisé qui prévoit du homard au dîner le mardi. S'il y a bien une personne qui ne remplit aucun des critères, c'est Rosie Jarman, étudiante le jour et barman la nuit, dont la vie aussi désordonnée que celle de Don est méthodiquement organisée. La jeune femme échoue sans le savoir au test lorsqu'elle est envoyée par erreur dans le bureau de Don mais celui-ci accepte malgré tout de l'aider à retrouver son père biologique… Un roman très drôle pour une lecture facile mais réjouissante !


MojoMojo, Rodolphe, Rodolphe Van Linthout (Vents d'ouest, 2011)

L'ascension et la chute d´une étoile du blues Le Mojo, c'est la bonne étoile, le destin, la conscience... Le Mojo est là pour une vie, et le gars qui a un mauvais mojo est mal barré dans l'existence. Le Mojo de Slim Whitemoon lui accorde un destin singulier. Né au début du XXe siècle dans une plantation du Mississipi, il saute un jour dans un train avec sa guitare pour seule compagne. C'est le début d'une vie folle et d'un destin chaotique, fait de larcins, de séjours en prison, de filles, de saouleries apocalyptiques, de vagabondage, de succès et même de gloire !... avant un retour vers la solitude de l'anonymat. Dans des ambiances musicales, enfumées et gouailleuses, Rodolphe et Georges Van Linthout nous content l'histoire d'un bluesman imaginaire, et nous emmènent sur ses pas de vagabond génial dans les remous d'une vie passionnée.

neigeNeige, Maxence Fermine (Points, 2009)

A la fin du XIXe siècle, au Japon, le jeune Yuko s'adonne à l'art difficile du haïku. Afin de parfaire sa maîtrise, il décide de se rendre dans le sud du pays, auprès d'un maître avec lequel il se lie d'emblée, sans qu'on sache lequel des deux apporte le plus à l'autre. Dans cette relation faite de respect, de silence et de signes, l'image obsédante d'une femme disparue dans les neiges réunira les deux hommes. Dans une langue concise et blanche, Maxence Fermine cisèle une histoire où la beauté et l'amour ont la fulgurance du haïku.
On y trouve aussi le portrait d'un Japon raffiné où, entre violence et douceur, la tradition s'affronte aux forces de la vie.


terre des oublisTerre des oublis, Duong-T.H (Livre de poche, 2007)

Alors qu'elle rentre d'une journée en forêt, Miên, une jeune femme vietnamienne, se heurte à un attroupement : l'homme qu'elle avait épousé quatorze ans auparavant et qu'on croyait mort en héros est revenu. Entre-temps Miên s'est remariée avec un riche propriétaire terrien, Hoan, qu'elle aime et avec qui elle a un enfant. Mais Bôn, le vétéran communiste, réclame sa femme. Sous la pression de la communauté, Miên retourne vivre avec son premier mari. Un livre magistral sur la folie d’un pays, l'auteur plonge dans le passé de ces trois personnages, victimes d'une société pétrie de principes moraux et politiques, tout en évoquant avec bonheur la vie quotidienne de son pays, ses sons, ses odeurs, ses couleurs...


le lambeauLe lambeau, Philippe Lançon (Gallimard, 2018)

Le 7 janvier 2015, Houellebecq est interviewé sur France Inter pour la parution de Soumission. A la conférence de Charlie Hebdo, tout le monde parle de Houellebecq, puis des banlieues. Tignous dit que l'Etat les a abandonnées et a fabriqué des islamistes et des délinquants. Bernard Maris s'insurge. Lançon montre un livre de jazz à Cabu, quand les tueurs arrivent. Philippe Lançon ne cherche pas à expliquer l'attentat. Il écrit sans pathos, sans complaisance pour lui-même, ce qui n'empêche pas l'émotion et la profondeur. Dans ce livre de survie, Philippe Lançon s'attache à décrire sa vie qui bascule, lui qui, défiguré, reçoit « une blessure de guerre » dans un pays « en paix »
Un récit très fort et touchant mais ce livre reste assez difficile à lire de part son sujet extrêmement dur.

la serpeLa serpe, Philippe Jaenada (Points, 2018)

Un matin de 1941, au château d'Escoire, Henri Girard appelle à l'aide : son père, sa tante et la bonne ont été massacrés à la serpe. Unique survivant et unique héritier, il est le suspect numéro un. Au terme d'un procès retentissant il sera pourtant acquitté. Il deviendra un écrivain célèbre et mènera une vie d'aventurier. L'énigme restera irrésolue. Jusqu'à ce que Jaenada se penche sur la question...

Un gros roman sur un personnage peu sympathique… mais Jaenada décrit bien l’enquête et digresse avec joie


naufragsNaufragés ; une histoire de la génération Y, Tablo Monforte, Laura Pérez (Des ronds dans l'o, 2018)

Deux lieux deux époques : Madrid dans les années 1980, une ville en pleine ébullition, et Barcelone dix ans plus tard, une ville tout aussi bouillonnante. "Naufragés" raconte la relation d'Alexandra et Julio dans cet espace urbain poétique où rêves, amours et incertitudes s'entrecroisent. Ils vont partager expériences et réflexions, mais leurs obligations professionnelles et familiales vont finir par les éloigner...

Voilà un beau roman graphique qui dresse discrètement le portrait d'une génération qui a du mal à se repérer. A lire quel que soit l’époque où vous ayez eu 20 ans


extasesExtases ; où l'auteur découvre que le sexe des filles n'a pas la forme d'un x..., Jean-Louis Tripp (Casterman, 2017)

Après Magasin Général, Jean-Louis Tripp nous livre un témoignage sincère et intime de sa vie sexuelle. Et si le dernier continent à explorer était celui de l'intime ? Les relations amoureuses, les pratiques sexuelles, les émotions, les sensations, les sentiments, comme autant de territoires à arpenter à cartographier... C'est le parti pris d'Extases, la série autobiographique de Jean-Louis Tripp. Du petit détail trivial au sublime, du physiologique au métaphysique, de la jalousie qui consume à l'échangisme joyeux, toutes les facettes qui façonnent la sexualité sont évoquées.
Une BD très belle et drôle et un témoignage courageux : Jean-Louis Tripp se met littéralement à nu dans ce récit et c’est… jouissif !

martha et alanMartha et Alan ; d'après les souvenirs d'Alan Ingram Cope, Emmanuel Guibert (L'association, 2016)

Martha et Alan, nouveau volet de la vie d'Alan Ingram Cope, nous replonge dans son enfance. Avec cet aparté, Emmanuel Guibert s'attache à un épisode tout particulier, celui d'une amitié qu'il a noué dès l'âge de 5 ans avec une petite fille de son école, Martha Marshall. De leurs jeux et bêtises d'enfants aux rendez-vous hebdomadaires au chœur de l'église presbytérienne, on retrouve Alan, bientôt orphelin, et son quotidien de petit californien dans une Amérique des années 1930 marquée par la Grande Dépression. Les années passant, Martha s'éloigne peu à peu à l'adolescence, jusqu'à des au revoir hâtifs à la veille de son départ pour l'armée… Une BD très belle et mélancolique et un hommage d’Emmanuel Guibert à cet ami humble et extraordinaire qui disait « nous sommes les gens de qui nous parlons ».  


un bruit trangeUn bruit étrange et beau, Zep (Rue de sevres, 2016)

Où est la valeur d'une vie? Dans le bruit et la fureur ou dans le recueillement du silence? Dans ses batailles ou ses renoncements? William, lui, a choisi la solitude et le silence il y a 25 ans en intégrant l'ordre religieux des chartreux. Quand un héritage le contraint à quitter le monastère pour Paris, c'est tout un monde nouveau qu'il doit apprivoiser, des certitudes longuement forgées à interroger et surtout, son ancienne vie, laissée là, qu'il va retrouver.... Sa rencontre avec Méry, jeune femme aux jours comptés du fait d'une maladie incurable mais résolument décidée à profiter du temps qu'il lui reste, le confrontera à de nouvelles questions et compliquera ses choix. Une histoire très belle et pudique aux couleurs magnifiques, voilà une BD pour tous y compris ceux qui croient ne pas aimer ce genre !

sos bonheurS.O.S. bonheur ; Jean Van Hamme, Griffo (Dupuis, 2016)

L'État providence veille sur le bonheur de chacun de nous. Bonheur officiel. Bonheur programmé. Comme toujours, Louis aurait pu feindre d'ignorer la réalité des "déregs", ces rebelles systématiquement déregistrés du Grand Fichier Central et condamnés à la mort civile. Comme toujours, il aurait pu fermer les yeux sur l'existence des "illegs", ces gosses nés illégalement depuis la loi sur la limitation des naissances. Seulement voilà, après trente-cinq ans de trop loyaux services dans la police, il prend à Louis l'envie de redresser la tête et de voir enfin la réalité en face. Et quand Johnny, un "illeg", glisse sa petite menotte dans sa grosse paluche, il se laisse guider, sans hâte, à travers le miroir de ses illusions. De nos illusions. Cette dystopie est glaçante, une très bonne BD pas si futuriste que cela… qui questionne et nous fait nous poser des questions sur la société que nous voulons !


les oublis du dimancheLes oubliés du dimanche, Valérie Perrin (Livre de poche, 2017)

Justine, vingt et un ans, vit chez ses grands-parents avec son cousin Jules depuis la mort de leurs parents respectifs dans un accident. Justine est aide-soignante aux Hortensias, une maison de retraite, et aime par-dessus tout les personnes âgées. Notamment Hélène, centenaire, qui a toujours rêvé d'apprendre à lire. Les deux femmes se lient d'amitié, s'écoutent, se révèlent l'une à l'autre. Grâce à la résidente, Justine va peu à peu affronter les secrets de sa propre histoire. Un jour, un mystérieux "corbeau" sème le trouble dans la maison de retraite et fait une terrible révélation.
Un roman très drôle et délicieux !


on ne va pas se quitter comme aOn ne va pas se quitter comme ça ?, Ariane Le Fort (Seuil, 2010)

Irène, Gabriella et Vincent se sont rencontrés à Dakar. Une amitié immédiate naît entre ces deux femmes très différentes, au moment où Vincent séduit Gabriella qui passe une nuit avec lui. Mais Irène elle aussi est attirée par Vincent. Elle propose à Vincent, qui va venir vivre à Bruxelles, de l'héberger quand il cherchera un logement. Ce qu'il fait, au bout de quelques semaines. Mais, bientôt suivi de Gabriella. Irène se contente donc d'observer ce couple, et en particulier Gabriella, de plus en plus paumée et sûre d'elle en même temps : un mélange attendrissant de légèreté et d'angoisse contenue. Un roman passionnant qui décrit les relations humaines dans toute leur complexité et dans une langue simple mais très belle


le pb spinozaLe problème Spinoza
, Irvin D. Yalom (Livre de poche, 2014)

Le docteur Yalom, psychanalyste et romancier de talent, propose ici un parallèle intéressant entre le parcours de Spinoza au milieu du XVIIe siècle et l’invasion des Pays-Bas par les troupes nazies en mai 1940. En quoi Spinoza peut intéresser Rosenberg, théoricien et idéologue nazi ? Les thèses du philosophe juif mettraient-elles en péril les préceptes aryens ? Pourquoi les nazis se ruent-ils sur les œuvres de la bibliothèque de Spinoza ? En revisitant la vie personnelle de ce dernier, Irvin Yalom convie à une initiation à la pensée philosophique du philosophe, ainsi qu’à une approche historique intéressante du  IIIe Reich. Dans la lignée du livre Et Nietzsche a pleuré, Irvin Yalom rend la philosophie, la psychanalyse et l’Histoire accessibles.
Un roman pas du tout manichéen et qui pose beaucoup de questions, à découvrir

la part de lautreLa part de l'autre, Éric-Emmanuel Schmitt (Livre de poche, 2003)

 « 8 octobre 1908 : Adolf Hitler recalé. Que se serait-il passé si l'Ecole des beaux-arts de Vienne en avait décidé autrement ? Que serait-il arrivé si, cette minute-là, le jury avait accepté et non refusé Adolf Hitler, flatté puis épanoui ses ambitions d'artiste ? Cette minute-là aurait changé le cours d'une vie, celle du jeune, timide et passionné Adolf Hitler, mais elle aurait aussi changé le cours du monde... » Ce volume contient en postface inédite le « Journal de La Part de l'autre ».
Un livre qui pousse loin la réflexion et décrit Hitler comme un homme, non comme un monstre : un roman salutaire et un cran au-dessus des livres habituels de Schmitt 

 

no homeNo home, Yaa Gyasi (Livre de poche, 2018)

XVIIIe siècle, au temps de la traite des esclaves. Ghanéennes, Effia et Esi sont demi-sœurs mais ne se connaissent pas. La sublime Effia est mariée de force à un Anglais, le capitaine du fort de Cape Coast. Dans les cachots de ce fort sont enfermés les futurs esclaves. Parmi eux, Esi. Elle sera expédiée en Amérique. Ses enfants et petits-enfants seront continuellement jugés sur la couleur de leur peau. La descendance d'Effia, métissée et éduquée, perpétuera le commerce triangulaire familial et devra survivre dans un pays meurtri pour des générations.
Yaa Gyasi nous conte le destin d'une famille à l'arbre généalogique brisé par la cruauté des hommes. Un voyage dans le temps inoubliable, par la digne héritière de Toni Morrison ! Un livre dans la lignée des Douze tribus d’Hattie, de Mathis Ayana


srotonineSérotonine, Michel Houellebecq (Flammarion, 2019)

"Mes croyances sont limitées, mais elles sont violentes. Je crois à la possibilité du royaume restreint. Je crois à l'amour" écrivait récemment Michel Houellebecq. Le narrateur de Sérotonine approuverait sans réserve. Son récit traverse une France qui piétine ses traditions, banalise ses villes, détruit ses campagnes au bord de la révolte. Il raconte sa vie d'ingénieur agronome, son amitié pour un aristocrate agriculteur, l'échec des idéaux de leur jeunesse, l'espoir peut-être insensé de retrouver une femme perdue. Un roman complexe, à la fois très intelligent mais qui recèle toujours une vision atroce des femmes


une vie  coucher dehorsUne vie à coucher dehors, Sylvain Tesson (Gallimard, 2010 - Goncourt de la nouvelle 2009)

En Sibérie, dans les glens écossais, les criques de l'Egée ou les montagnes de Géorgie, les héros de ces quinze nouvelles ne devraient jamais oublier que les lois du destin et les forces de la nature sont plus puissantes que les désirs et les espérances. Rien ne sert à l'homme de trop s'agiter dans la toile de l'existence, car la vie, même quand elle ne commence pas très bien, finit toujours mal. Et puis une mauvaise chute vaut mieux qu'une fin insignifiante. Ce recueil de 15 nouvelles, poétiques ou lyriques, révèle le goût de Tesson pour le voyage, le dépaysement et l'observation des pratiques culturelles. On n’aime pas forcément toutes les nouvelles mais l’écriture est belle et certaines chutes sont très fortes.


le sourireLe sourire étrusque, José Luis Sampedro (Metailie, 2012)

Un vieux paysan calabrais arrive chez son fils à Milan pour y subir des examens et... découvrir son dernier amour, son petit-fils Bruno. Dans ce roman plein de tendresse, d'humour et d'émotion, l'approche de la mort et la vieillesse offrent encore de formidables moments de bonheur et d'apprentissage.
Une histoire très touchante dont la lecture est facile et agréable


avec toutes mes sympathiesAvec toutes mes sympathies, Olivia De Lamberterie (Stock, prix Renaudot essai 2018)

« Les mots des autres m'ont nourrie, portée, infusé leur énergie et leurs émotions. Jusqu'à la mort de mon frère, le 14 octobre 2015 à Montréal, je ne voyais pas la nécessité d'écrire. Le suicide d'Alex m'a transpercée de chagrin, m'a mise aussi dans une colère folle. Parce qu'un suicide, c'est la double peine, la violence de la disparition génère un silence gêné qui prend toute la place, empêchant même de se souvenir des jours heureux. Moi, je ne voulais pas me taire. Alex était un être flamboyant, il a eu une existence belle, pleine, passionnante, aimante et aimée. Il s'est battu contre la mélancolie, elle a gagné. Raconter son courage, dire le bonheur que j'ai eu de l'avoir comme frère, m'a semblé vital. Je ne voulais ni faire mon deuil ni céder à la désolation. Je désirais inventer une manière joyeuse d'être triste. Les morts peuvent nous rendre plus libres, plus vivants. »   Olivia De Lamberterie témoigne sur son frère suicidé : une histoire belle et émouvante mais pas triste, un récit très élégant et fort !

retour  oakpineRetour à Oakpine, Ron Carlson (Gallmeister, 2016)

La petite ville d'Oakpine, au cœur des magnifiques paysages du Wyoming, offre une vie paisible à ses habitants. Et c'est à cela qu'aspire Jimmy, 50 ans, atteint du sida. Devenu un écrivain renommé à New York, il souhaite désormais retrouver sa ville natale pour y passer les derniers mois de sa vie, et renouer avec ses parents. Il découvre que le destin vient de réunir à Oakpine ses trois meilleurs amis d'enfance : Craig, Frank et Mason. Chacun a fait son chemin, construit une vie, mais tous se trouvent aujourd'hui à un tournant de leur existence. Petit à petit, au gré de ces retrouvailles, les quatre hommes vont se rendre compte que leur amitié est la meilleure arme pour effacer les fantômes du passé et affronter les obstacles du présent. Une belle histoire d’amitié masculine, on s’identifie facilement aux personnages et on prend un plaisir fou à lire ce roman ! On a l’impression d’être accueilli à la table des (anti-)héros


lenlevementL'enlèvement des Sabines, Emilie de Turckheim (Heloise d'ormesson, 2018)

Lorsque Sabine démissionne, ses collègues lui offrent une poupée gonflable comme cadeau de départ (le modèle se prénomme Sabine). Consciencieuse et effacée, Sabine est décontenancée par ce cadeau. Dans le train qui la ramène chez elle, elle est assise à côté de la poupée aux seins démesurés, au visage poupin tout droit sorti d'un manga. Des jeunes l'abordent. La situation dégénère. Ils agressent sexuellement la poupée. Sabine est terrorisée. Une liaison intense va naître entre la jeune femme et sa poupée. Sabine va se livrer comme elle ne s'était jamais livrée. Elle n'a jamais pu avoir d'enfant et vit en couple avec Hans, un metteur en scène connu pour ses mises en scènes ultra réalistes et violentes, dont toute la critique prétend qu'elles sont une dénonciation de la violence (alors qu'il est en réalité fasciné par la domination masculine). On découvre un monstre, mais un monstre protégé par son charme, son succès et sa réputation de créateur génial. Plus Sabine se confie à sa poupée, plus la poupée devient humaine, plus Sabine se libère de l'emprise de Hans, mais c'est une libération aux confins de la folie et du meurtre. Un livre facile à lire qui décrit aussi très bien les relations mère-fille, c’est hilarant et grinçant !


cadres noirsCadres noirs
, Pierre Lemaitre (Livre de poche, 2011)

Alain Delambre est un cadre de cinquante-sept ans complètement usé par quatre années de chômage. Ancien DRH, il accepte des petits jobs qui le démoralisent. Au sentiment d'échec s'ajoute bientôt l'humiliation de se faire botter les fesses pour 500 euros par mois... Aussi quand un employeur, divine surprise, accepte enfin d'étudier sa candidature, Alain Delambre est prêt à tout, à emprunter de l'argent, à se disqualifier aux yeux de sa femme et de ses filles, et même à participer à l'ultime épreuve de recrutement : un jeu de rôle sous la forme d'une prise d'otages. Il s'engage corps et âme dans cette lutte pour retrouver sa dignité. S'il se rendait compte que les dés sont pipés, sa fureur serait sans limite. Et le jeu de rôle pourrait alors tourner au jeu de massacre. Un roman noir psychologique qui tient en haleine tout du long !

la vraie vieLa vraie vie, Adeline Dieudonné (L'iconoclaste, prix Victor Rossel 2018)

Chez eux, il y a quatre chambres. Celle du frère, la sienne, celle des parents. Et celle des cadavres. Le père est chasseur de gros gibier. Un prédateur en puissance. La mère est transparente, amibe craintive, soumise à ses humeurs. Avec son frère, Gilles, elle tente de déjouer ce quotidien saumâtre. Ils jouent dans les carcasses des voitures de la casse. Mais un jour, un violent accident vient faire bégayer le présent. Voilà un roman initiatique drôle et acide, le manuel de survie d'une guerrière en milieu hostile. Un roman qui se lit comme un conte, l’histoire est assez lourde mais l’écriture allège le propos


petit trait dcologiePetit traité d'écologie sauvage, Alessandro Pignocchi (Steinkis, 2017)

Et si le Premier ministre se prenait de passion pour les rainettes ? Et si écraser un hérisson par mégarde risquait de déclencher la fureur de son esprit protecteur ? Et si le monde et ses dirigeants adoptaient l'animisme des Indiens d'Amazonie ? La culture occidentale traditionnelle, quant à elle, ne subsisterait plus que dans quelques régions françaises, où un anthropologue jivaro viendrait l'étudier et militer pour sa sauvegarde. De ce parti pris, Alessandro Pignocchi fait émerger un monde où les valeurs s'inversent, les lignes se déplacent et où les rainettes reçoivent enfin la considération qu'elles méritent. Une BD originale sur l’écologie et le respect de la nature, servi par des couleurs et des aquarelles magnifiques, une vraie bonne surprise !

les filles de salemLes filles de Salem ; comment nous avons condamné nos enfants, Thomas Gilbert (Dargaud, 2018)

Une plongée passionnante et terrifiante dans l'univers étriqué et oppressant de la colonie de Salem, en Nouvelle-Angleterre, au 17e siècle. Un village dont le nom restera tristement célèbre pour l'affaire dite des « Sorcières » qu'Abigail nous raconte, elle qui, à 17 ans, fut une des victimes de l'obscurantisme et du fanatisme religieux à l'œuvre. Tout commence quand un jeune garçon lui offre un joli petit âne en bois sculpté...
Une BD qui se lit d’une traite à l’atmosphère glaçante !

et si lamourEt si l'amour c'était aimer ?, Fabcaro (Six pieds sous terre, 2017)

Sandrine et Henri coulent des jours paisibles dans leur villa. Henri est un patron de startup épanoui et dynamique et Sandrine l'admire. Mais hélas la vie n'est pas un long fleuve tranquille... Un beau jour, Sandrine tombe sous le charme de Michel, un brun ténébreux livreur à domicile et chanteur de rock à ses heures perdues. Une idylle merveilleuse va alors se nouer entre eux. Mais la vie est-elle toujours du côté de l'amour ? Les sentiments purs et absolus ne sont-ils pas qu'une feuille morte emportée par le vent ? Un arc-en-ciel ne finit-il pas toujours par disparaître derrière les nuages ? Un hommage appuyé aux romans-photos et aux collections de romans à l'eau de rose. Voilà une BD hilarante sur les poncifs de l’amour, par l’auteur de Zaï zaï zaï zaï : salutaire à l’époque de la St-Valentin !

les mandibleLes Mandible ; une famille, 2029-2047, Lionel Shriver (Belfond, 2017)

Aux Etats-Unis, en 2029. Les Etats-Unis ont élu leur premier président latino, l'Espagnol est devenu la première langue du pays, l'Indonésie a annexé l'Australie et Poutine est toujours au pouvoir. Comme toutes les familles américaines, les Mandible subissent la crise économique. La situation est grave mais pas désespérée : certes, les légumes sont devenus hors de prix, l'eau est une denrée rare, même le papier toilette est soumis à  la plus grande rigueur, mais les comptes du patriarche sont bien garnis, l'heure de l'héritage est proche. C'est alors que le Président Alvarado annonce la faillite des Etats-Unis : l'argent des particuliers est réquisitionné, les seniors sont expulsés de leur maison de retraite, les salaires ne sont plus versés. La maison de Florence Mandible devient le dernier refuge de toute la famille. Mais combien de personnes peuvent vivre en totale promiscuité dans une petite maison de Brooklyn ? Combien de temps avant que la solidarité entre ses habitants ne laisse place à  la colère, à  la haine ? Avant que la famille Mandible ne s'écroule, comme le reste du monde qui l'entoure ? Une dystopie très subtile et bien faite, une fin du monde tel qu’on pourrait la connaître… et un cours d’économie limpide à travers ce roman à lire d’urgence !

larbre mondeL'arbre-monde, Richard Powers (Cherche midi, 2018)

Après des années passées seule dans la forêt à étudier les arbres, la botaniste Pat Westerford en revient avec une découverte sur ce qui est peut-être le premier et le dernier mystère du monde : la communication entre les arbres. Autour de Pat s'entrelacent les destins de neuf personnes qui peu à peu vont converger vers la Californie, où un séquoia est menacé de destruction. Au fil d'un récit aux dimensions symphoniques, Richard Powers explore ici le drame écologique et notre égarement dans le monde virtuel. Un roman fascinant sur les arbres, pas toujours facile à lire mais qui permet de mieux connaître le sujet : on se sent plus malin après cette lecture


leurs enfants aprs euxLeurs enfants après eux, Nicolas Mathieu (Actes sud, prix Goncourt 2018)

Août 1992. Une vallée perdue quelque part à l'Est, des hauts fourneaux qui ne brûlent plus, un lac, un après-midi de canicule. Anthony a 14 ans, et avec son cousin, ils s'emmerdent comme c'est pas permis. C'est là qu'ils décident de voler un canoë pour aller voir ce qui se passe de l'autre côté, sur la fameuse plage des culs-nus. Au bout, ce sera pour Anthony le premier amour, le premier été, celui qui décide de toute la suite. Ce sera le drame de la vie qui commence. Avec ce livre, Nicolas Mathieu écrit le roman d'une vallée, d'une époque, de l'adolescence, le récit politique d'une jeunesse qui doit trouver sa voie dans un monde qui meurt, cette France de l'entre-deux, celle des villes moyennes et des zones pavillonnaires, où presque tout le monde vit et qu'on voudrait oublier. Un livre assez pessimiste mais nuancé et qui rend accro, ça vaut tous les traités de sociologie sur les années 90. A lire absolument !


quand dieu boxaitQuand Dieu boxait en amateur, Guy Boley (Grasset et Fasquelle, 2018)

Dans une France rurale aujourd'hui oubliée, deux gamins passionnés par les lettres nouent, dans le secret des livres, une amitié solide. Le premier, orphelin de père, travaille comme forgeron depuis ses quatorze ans et vit avec une mère que la littérature effraie et qui, pour cette raison, le met tôt à la boxe. Il sera champion. Le second se tourne vers des écritures plus saintes et devient abbé de la paroisse. Mais jamais les deux anciens gamins ne se quittent. Aussi, lorsque l'abbé propose à son ami d'enfance d'interpréter le rôle de Jésus dans son adaptation de La Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, celui-ci accepte pour sacrer, sur le ring du théâtre, leur fraternité. Ce boxeur atypique et forgeron flamboyant était le père du narrateur. Après sa mort, ce dernier décide de prendre la plume pour lui rendre sa couronne de gloire, tressée de lettres et de phrases splendides, en lui écrivant le grand roman qu'il mérite. Un beau portrait du milieu ouvrir et de son père, tout en pudeur et dans un style magnifique


ltourdissementL'étourdissement
, Joël Egloff (Gallimard, 2006)

Dans un lieu improbable, entre l'aéroport et un supermarché, tout près de la décharge, se trouve l'Abattoir. C'est là que travaille le narrateur, jeune homme célibataire qui vit avec sa grand-mère acariâtre. Il y a bien un peu d'amour, les filles à la pause, l'institutrice entrevue et dont il rêve, rêve sans oser lui parler. Et puis quelques copains avec qui on projette des voyages et des aventures sans lendemain... Ce serait le récit de la routine d'une vie ordinaire. Mais de ce quotidien absurde, l'auteur dessine un portrait à la fois sinistre et poétique, empreint d'un humour souvent cinglant et toujours discret. Un livre avec beaucoup d’humour et à l’écriture très dynamique


et tous mes amisEt tous mes amis seront des inconnus, Larry Mcmurtry (Gallmeister, 2013)

Danny Deck est un jeune écrivain bien trop sensible. Alors qu’il s’apprête à publier son premier roman, il débarque en trombe dans le cœur de plusieurs femmes: la belle et froide Sally, qu’il épouse sur un coup de tête et qui ne tarde pas à le laisser tomber, une petite amie qui le rend heureux mais ne veut pas rester, une voisine aussi généreuse que dévergondée et une bonne vieille copine qu’il aime en secret. Allant de femme en femme, Danny quitte le Texas pour la Californie, terre promise de ce début des années 1960, en pleine ébullition sexuelle et culturelle. Lamour, la gloire et le Rêve Américain semblent à portée de main. Son périple sera ponctué d’aventures et de rencontres tragi-comiques qui marqueront les débuts dans la vie d’un jeune homme dont le seul tort est de tomber trop souvent amoureux. Un roman très drôle et sensible au style incroyable. Le héros est un parfait looser qu’on aime adorer parce qu’il est très littéraire (dans la vraie vie, il serait détestable)


duane est dpressifDuane est dépressif, Larry Mcmurtry (10/18, 2015)

Pour Karla, c'est sûr : son mari Duane est dépressif. Il néglige son entreprise, ses enfants et, bien plus inquiétant, il a abandonné son pick-up - une hérésie au Texas ! Lassé, ce que Duane veut, c'est vivre. Retiré dans sa cabane, il entame une analyse et La Recherche de Proust... Ponctuée de rencontres farfelues et de tragédies, sa quête lui offrira-t-elle la quiétude espérée ? Après La Dernière Séance et Texasville, Larry McMurtry offre un réjouissant retour à son héros culte avec ce roman truculent, terriblement drôle et tendrement mélancolique. Un régal.


patriciaPatricia, Geneviève Damas (Gallimard, 2017)

Au Canada, Jean Iritimbi, un Centrafricain sans papiers, rencontre, dans l'hôtel où il travaille au noir, Patricia, une cliente blanche qui s'éprend de lui. Pour le ramener avec elle à Paris, elle vole le passeport d'un Afro-Américain. Mais Jean Iritimbi n'a pas dit à Patricia qu'il a une famille au pays, une femme et deux filles. Il apprend en les appelants qu'elles sont en route pour le rejoindre. Hélas, le bateau qui les transporte fait naufrage. On annonce peu de survivants. À partir d'une des tragédies de notre actualité, l'auteur a composé un roman bref d'une étonnante densité.
Un roman petit et dense au style magnifique


et puis coletteEt puis Colette, Sophie Henrionnet, Mathou (Delcourt, 2018)

Anouk, trentenaire parisienne enfermée dans la routine, vient d'apprendre le décès de sa sœur. Pire, celle-ci l'a désignée tutrice de Colette, 7 ans, ceinture noire de maturité et de mélancolie. Alors que la jeune femme craint de se faire dévorer par cette responsabilité imprévue, la petite fille va bousculer toutes ses certitudes. Saura-t-elle être à la hauteur de cette nouvelle relation ?
Une histoire magnifique, ne vous laissez pas décontenancer par le dessin enfantin, cette BD est superbe et très touchante !


les grands espacesLes grands espaces, Catherine Meurisse (Dargaud, 2018)

Catherine Meurisse a grandi à la campagne, entourée de pierres, d'arbres, et avec un chantier sous les yeux : celui de la ferme que ses parents rénovent, afin d'y habiter en famille. Une grande et vieille maison qui se transforme, des arbres à planter, un jardin à imaginer, la nature à observer : ainsi naît le goût de la création et germent les prémices d'un futur métier : dessinatrice. Avec humour et tendresse, l'auteure raconte le paradis de l'enfance, que la nature, l'art et la littérature, ses alliés de toujours, peuvent aider à conserver autant qu'à dépasser.
Une magnifique BD sur la vie à la campagne non fantasmée mais vécue à hauteur d’enfant, le trait est superbe et l’histoire très belle et pleine d’humour

tout ce qui est solideTout ce qui est solide se dissout dans l'air, Darragh Mckeon (10/18, 2017)

Dans un minuscule appartement de Moscou, un petit prodige de neuf ans joue silencieusement du piano pour ne pas déranger les voisins. Dans une usine de banlieue, sa tante travaille à la chaîne sur des pièces de voiture et tente de faire oublier son passé de dissidente. Dans un hôpital non loin de là, un chirurgien s'étourdit dans le travail pour ne pas penser à son mariage brisé. Dans la campagne biélorusse, un jeune garçon observe les premières lueurs de l'aube, une aube rouge, belle, étrange, inquiétante. Nous sommes le 26 avril 1986. Dans la centrale de Tchernobyl, quelque chose vient de se passer. Le monde ne sera plus jamais le même.
Un livre très fort sur la vie quotidienne après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl mais surtout sur les générations sacrifiées par cet événement et ses conséquences dramatiques


lheure de pointeL'heure de pointe ; roman en quatorze lignes, Dominique Simonnet (Actes sud, 2010)

Cela pourrait se passer en ce moment même, dans le métro : des voyageurs se frôlent, s'observent, s'ignorent ou s'attirent, se parlent peut-être. Que dissimulent ces visages faussement impassibles ? A quoi songe cette vieille dame pleine de mélancolie sur le quai ? Que complote ce couple hilare, là-bas, au fond du wagon ? Quelle fièvre dévore cette jeune femme accrochée à la barre comme une naufragée ? Derrière tant de figures inconnues se cachent un monde, une vie, des secrets. Et, toujours, l'amour... Dominique Simonnet s'attache ici à quatorze histoires qui adviennent en même temps sur les lignes du métro parisien. Quatorze intrigues liées les unes aux autres par de surprenantes correspondances, qui nous font entrevoir l'intimité de personnages jetés dans le grand brassage de l'heure de pointe. Quelques longueurs dans ces nouvelles mais aussi des chutes intéressantes et aussi de jolis clins d’œil


le discours
Le discours, Fabrice Caro (Gallimard, 2018)

«Tu sais, ça ferait très plaisir à ta sœur si tu faisais un petit discours le jour de la cérémonie.» Il laisse tomber ces quelques mots, comme ça, sans plus d'ornements, sans même me regarder, appliqué à se servir un verre de vin rouge qu'il vide dans la foulée. Le détachement, l'absence totale de solennité qu'il imprime à cette phrase empêchent toute négociation. «Rien de très élaboré, hein, quelques mots, ça la toucherait beaucoup. - Oui oui, bien sûr, avec plaisir.» C'est tout ce que je trouve à répondre. Ma sœur et ma mère reviennent de la cuisine à ce moment-là, il ne manquait plus que ça pour me pourrir la soirée, un discours. » C'est le début d'un dîner de famille pendant lequel Adrien, la quarantaine déprimée, attend désespérément une réponse au texto qu'il vient d'envoyer à son ex. Vivre en même temps un chagrin d'amour et les obligations familiales, c'est être seul au monde. Un roman hilarant et très profond sur la famille, le couple et l’amour en général, par l’auteur de la BD Zaï zaï zaï zaï : à lire d’urgence avant les fêtes !

neuf contesNeuf contes, Margaret Atwood (Robert Laffont, 2018)

Une écrivaine de fantasy récemment veuve se laisse guider à travers un hiver glacial par la voix de feu son époux. Une dame âgée, victime d'hallucinations, apprend peu à peu à accepter la présence des petits hommes qui ne cessent de surgir à ses côtés, tandis que des militants populistes se rassemblent pour mettre le feu à sa maison de retraite. Une femme née avec une malformation génétique passe pour un vampire. Un crime commis il y a longtemps se voit vengé dans l'Arctique par un stromatolithe vieux de 1,9 milliard d'années...
Dans ce recueil de neuf nouvelles fantastiques, poétiques et satiriques, Margaret Atwood, la grande dame des lettres canadiennes, s'aventure dans des ténèbres explorées avant elle par des auteurs tels que Robert Louis Stevenson, Daphné Du Maurier ou Arthur Conan Doyle.

un monde Un monde à portée de main, Maylis de Kerangal (Verticales, 2018)

Nous découvrons Paula Karst  au sortir de l'adolescence, alors qu'elle intègre en 2007 le fameux Institut supérieur de peinture, rue du Métal, à Bruxelles. Là-bas, elle va découvrir toutes les façons de reproduire des textures minérales, végétales, animales, et nouer une relation troublante avec son colocataire, Jonas - énigmatique jeune homme à casquette qui s'avère déjà un peintre en décor surdoué -, ainsi qu'une forte amitié avec une autre étudiante, Kate - grande gigue écossaise aussi débrouillarde qu'impulsive. Ensemble, ils forment un trio indéfectible qui nous initie aux mystères de la maille de chêne, aux veinules d'or du marbre noir Portor et aux écailles imbriquées d'une carapace de tortue. Une fois diplômée, Paula commence à exercer son métier à Paris, à Moscou, et surtout en Italie… Un roman qui aborde bien la précarité des trentenaires diplômés


dix sept ansDix-sept ans
, Éric Fottorino (Gallimard, 2018)

Un dimanche de décembre, une femme livre à ses trois fils le secret qui l'étouffe. En révélant une souffrance insoupçonnée, cette mère niée par les siens depuis l'adolescence se révèle dans toute son humanité et son obstination à vivre libre, bien qu'à jamais blessée. Trente ans après Rochelle, Éric Fottorino apporte la pièce manquante à sa quête d'identité. A travers le portrait solaire et douloureux d'une mère inconnue, l'auteur de Korsakov et de L'Homme qui m'aimait tout bas donne ici le plus personnel de ses romans. Un roman très émouvant et bien écrit


famille parfaiteFamille parfaite, Lisa Gardner (livre de poche, 2018)

Les Denbe semblaient sortir des pages des magazines glamour : un mariage modèle, une belle situation, une ravissante fille de quinze ans, une demeure somptueuse dans la banlieue chic de Boston... Une vie de rêve. Jusqu'au jour où ils disparaissent tous les trois. Pas d'effraction, pas de témoin, pas de motifs, pas de demande de rançon. Juste quelques traces de pas et des débris de cartouches de Taser sur le sol de leur maison. Pour la détective privée Tessa Leoni, l'enlèvement ne fait aucun doute. Mais que pouvait donc bien cacher une existence en apparence aussi lisse ? Un polar bien ficelé sur la famille américaine prétendument parfaite


chien loupChien-loup, Serge Joncour (Flammarion, 2018)

L'idée de passer tout l'été coupés du monde angoissait Franck mais enchantait Lise, alors Franck avait accepté, un peu à contrecœur et beaucoup par amour, de louer dans le Lot cette maison absente de toutes les cartes et privée de tout réseau. L'annonce parlait d'un gîte perdu au milieu des collines, de calme et de paix. Mais pas du passé sanglant de cet endroit que personne n'habitait plus et qui avait abrité un dompteur allemand et ses fauves pendant la Première Guerre mondiale. Et pas non plus de ce chien sans collier, chien ou loup, qui s'est imposé au couple dès le premier soir et qui semblait chercher un maître. En arrivant cet été-là, Franck croyait encore que la nature, qu'on avait apprivoisée aussi bien qu'un animal de compagnie, n'avait plus rien de sauvage ; il pensait que les guerres du passé, où les hommes s'entretuaient, avaient cédé la place à des guerres plus insidieuses, moins meurtrières. Ça, c'était en arrivant. Un très bon roman de Serge Joncour sur la sauvagerie au cœur de nos vies


90 secondesQuatre-vingt-dix secondes
, Daniel Picouly (Albin Michel, 2018)

« Le diable a bu du rhum. On a souillé les églises, déterré les cadavres. Saint-Pierre doit se repentir. Tandis que je crache de la boue et du feu, que je ravage les champs, les bêtes et les hommes, ils battent des mains comme des enfants à Carnaval. Ils oublient de redevenir des animaux sages, de faire confiance à leur instinct. Fuyez ! Je suis la montagne Pelée, dans trois heures, je vais raser la ville. Trente mille morts en quatre-vingt-dix secondes. » Un roman bien écrit et qui décrit bien le milieu colonial et ses personnages mais quelle drôle d’idée d’avoir prêté des sentiments humains à la montagne Pelée…


les 1001 vies des urgencesLes mille et une vies des urgences, Baptiste Beaulieu, Dominique Mermoux (Rue de sevres, 2017)

Baptiste est interne dans un service d'urgence. Celle qu'il surnomme la femme oiseau de feu voit ses jours comptés alors que son fils est coincé en Islande par un volcan au nom imprononçable. Baptiste n'a plus qu'un but, aider sa protégée à tenir jusqu'au retour de son fils. Pendant 7 sept jours, les journées du jeune interne sont rythmées par les moments qu'il passe à son chevet, à lui raconter toutes les vies de l'hôpital : les joies et peines des patients, les farfelus, les plus touchants, mais aussi la vie des internes et des infirmiers, leurs routines, leurs découragements, leurs amours parfois. Un témoignage rare et incroyablement touchant sur la terre méconnue mais essentielle que sont les urgences. Une super BD très drôle et émouvante !


dautres vies que la mienneD'autres vies que la mienne, Emmanuel Carrère (Gallimard, 2017)

«À quelques mois d'intervalle, la vie m'a rendu témoin des deux événements qui me font le plus peur au monde : la mort d'un enfant pour ses parents, celle d'une jeune femme pour ses enfants et son mari. Quelqu'un m'a dit alors : tu es écrivain, pourquoi n'écris-tu pas notre histoire? C'était une commande, je l'ai acceptée. C'est ainsi que je me suis retrouvé à raconter l'amitié entre un homme et une femme, tous deux rescapés d'un cancer, tous deux boiteux et tous deux juges, qui s'occupaient d'affaires de surendettement au tribunal d'instance de Vienne (Isère). Il est question dans ce livre de vie et de mort, de maladie, d'extrême pauvreté, de justice et surtout d'amour. Tout y est vrai.»  Un roman fort à l’écriture magnifique !

la rageLa rage, Zygmunt Miloszewski (Pocket, 2017)

Cap au nord-est de la Pologne, à Olsztyn. C'est là que le procureur Teodore Szacki officie désormais. Ce nouveau fief est le théâtre d'une enquête tortueuse qui va sortir Szacki de l'ennui. Un cadavre brûlé par des armes chimiques et composé d'ossements provenant de plusieurs victimes est retrouvé sur un chantier. Absorbé par cette affaire, Szacki ne prend pas la mesure d'une plainte déposée pour violences conjugales. Mis en cause par sa hiérarchie, Szacki, poussé à bout, va alors connaître la rage, celle des justiciers assoiffés de vengeance... Un bon polar grâce auquel on découvre la culture polonaise

 

la conspirationLa conspiration du Globe, Thierry Bourcy, François-Henri Soulié (10/18, 2017)

Les courtisans danois Rosenkranz et Gildenstern débarquent à Londres en 1603 pour assister à une représentation de la pièce Hamlet par leur ami William Shakespeare au théâtre du Globe, et dans laquelle ils sont représentés. À la fin de la pièce, les comédiens jouant le rôle des courtisans danois sont retrouvés assassinés dans la coulisse. Rosenkranz et Gildenstern, venus en fait négocier une alliance secrète maritime entre le Danemark et l'Angleterre, comprennent que les comédiens ont été tués à leur place. La reine leur promet que le coupable sera démasqué sous huit jours et convoque au Palais William Shakespeare. Une enquête policière qui se lit comme un roman, une lecture très divertissante sur et documentée sur la vie de l’époque.

26 rue Verlaine26, rue Verlaine, Patricia Hespel (autoédition, 2014)

Les habitants du 26, rue Verlaine se croisent dans les escaliers, courent après le temps, remplissent leur frigo et achètent des cadeaux de noël. Ils pestent sur leurs factures, cherchent du travail ou révisent leurs examens. Des voisins ordinaires et qui auraient pu le rester...si Jerry n'avait pas invité Matt à boire une bière, si Clarisse et Lisa ne partageaient pas une même passion pour les séries télévisées... si l'alliance conclue entre Wild Queen et Captain Mozart ne causait pas des ravages dans les rangs aliens... si les lasagnes de Justine ne faisait pas l'unanimité... Des "si" anodins et pourtant précieux, comme des fils tendus entre leurs existences, à la manière des lignes imaginaires qui dessinent les constellations. Un roman de Patricia Hespel (qui avait écrit La fille derrière la porte) à découvrir…

si tu passes la rivireSi tu passes la rivière, Geneviève Damas (Livre de poche, 2014)

Il lui avait dit, son père, de ne jamais passer la rivière. À dix-sept ans, François se souvient encore de la mise en garde paternelle, alors qu'il était haut comme trois pommes. Il a grandi dans une ferme, où il a trouvé pour confidents Oscar et Hyménée, deux cochons, ses amis. Dernier d'une fratrie de cinq enfants, il voit bien qu'il ne ressemble pas aux autres. Il se demande pourquoi son père lui a fait jurer de ne jamais franchir la rivière, pourquoi il n'a pas connu sa mère, pourquoi sa sœur est partie de l'autre côté. À la recherche de réponses, il se lie d'amitié avec plusieurs villageois. Grâce à eux il découvrira le mystère de ses origines et la personne par qui tout a commencé. Une écriture très forte pour ce roman au rythme puissant, à découvrir absolument !


lhomme qui maimaitL'homme qui m'aimait tout bas,
Éric Fottorino (Gallimard, 2010)

« Mon père s'est tué d'une balle dans la bouche le 11 mars 2008. Il avait soixante-dix ans passés. Toutes ces années, nous nous sommes aimés jusque dans nos différences. Il m'a donné son nom, m'a transmis sa joie de vivre, beaucoup de sa force et aussi une longue nostalgie de sa Tunisie natale. Kinésithérapeute, il travaillait "à l'ancienne", ne s'exprimait qu'avec les mains, au besoin par le regard. Il était courageux, volontaire, mais secret : il préféra toujours le silence aux paroles, y compris à l'instant ultime où s'affirma sa liberté, sans explication.  "Ce sont les mots qu'ils n'ont pas dits qui font les morts si lourds dans leur cercueil", écrivit un jour Montherlant. Mon père m'a laissé mes mots et la force d'écrire ces pages pour lui dire mon attachement. ». Un roman très touchant et sensible doublé d’un joli portrait d’un père adoptif, trop vite disparu

tamara draweTamara Drewe, Posy Simmonds (Denoel, 2010)

Tamara Drewe, son nez refait, ses jambes sans fin et ses airs de princesse sexuelle. La chroniqueuse trash revient semer panique et confusion à Ewedown, le village à la Gainsborough où une population rurale rêvant de la ville cohabite avec une colonie d'exilés bobos acharnés à faire revivre une campagne fantasmée. Ben, Andy et Nicholas, le triangle de mâles en chasse se reforme autour de la belle amazone, sous l'œil toujours concupiscent de Glen, l'universitaire obèse en panne d'inspiration, et celui, douloureusement humain, de Beth, la bonne fée de Stonefield, retraite pour écrivains surmenés. Casey et Jody, les adolescentes locales, abreuvées de presse people, hypnotisées par la foire aux vanités londonienne, sont là aussi. Découvrez cet ovni littéraire entre BD et récit, un roman illustré très drôle !


mon pouse amricaineMon épouse américaine, Ruth L. Ozeki (Pocket, 2009)

L'épouse américaine aime la viande. L'épouse américaine représente l'idée de viande : robuste, saine et raisonnablement calorique. L'épouse américaine est la viande. Voilà toute l'idée du show télé que Jane Takagi-Little, journaliste métisse, anime pour le public japonais. Du bœuf au pays du poisson cru ? L'idée semble improbable, mais Jane l'a bien compris : sous le steak, c'est tout le rêve américain qu'elle introduit, de force, dans l'assiette du japonais moyen. Sa double culture - ni d'ici ni de là-bas - sert merveilleusement le programme. Et ça marche ! Dans la banlieue de Tokyo, Akiko tente déjà de résister aux assauts de son mari, convaincu qu'elle ne parviendra à lui donner un enfant qu'après un sévère régime bovin. Un roman assez drôle 


tout seulTout seul, Chabouté (Vents d'ouest, 2008)

50 ans qu'il vit ici, sur ce caillou, dans son vaisseau de granit. Bateau immobile qui ne l'emmène nulle part et qui ne rejoindra jamais aucun port... Et pourquoi quitter ce lieu alors que le monde au-delà de cette satanée ligne d'horizon fait si peur ? Où s'évader lorsqu'on n'a nulle part où aller ? Comment combattre la solitude et empêcher que ce silence perpétuel ne devienne assourdissant? Des années passées sur son rocher, avec l'imagination comme seule compagne...
Une BD en noir et blanc, quasiment sans texte : la narration se fait par l’image. Le graphisme est magnifique



les naufragsLes naufragés du Batavia ; Prosper
, Simon Leys (Points, 2005)

En 1629, le Batavia, orgueil de la Compagnie hollandaise des Indes orientales, fit naufrage à quelque quatre-vingts kilomètres du continent australien. À peine sauvés de la noyade, les trois cents rescapés tombèrent sous la coupe d'un des leurs, un psychopathe visionnaire, qui, secondé par une poignée de disciples, entreprit méthodiquement de les massacrer. En son temps cette tragédie du Batavia frappa l'imagination du public, plus encore que ne pourra le faire le naufrage du Titanic au XXe siècle. Simon Leys, qui a séjourné sur les lieux du drame, a constaté que, paradoxalement, les naufragés auraient fort bien pu y couler «une existence non dénuée de charme». Ne pourrait-on voir dans cet aberrant massacre un microcosme des horreurs engendrées à notre époque par les idéologies délirantes qui promettent le Paradis sur terre. Un récit très court mais saisissant

 le grand troupeauLe grand troupeau, Jean Giono (Gallimard, 1972)

Un curé traverse la route en portant une pendule. Un canon anglais passe au grand galop, les chevaux fouettés par les artilleurs français. Un colonel sans capote et nu-tête fait ses grands pas dans l'herbe. De sa main gauche il tient une boite de sardines ouverte. Il trempe le pain dans l'huile et il pompe à pleine bouche. Un officier anglais, penché derrière un arbre, allume sa pipe à l'abri. Tout ça s'en va vers le mont Cassel.
Un réquisitoire contre la guerre et un témoignage scotchant sur la Première guerre mondiale, à la langue très poétique et réaliste.



tenir jusqu laubeTenir jusqu'à l'aube,
Carole Fives (Gallimard, 2018)

Une jeune mère célibataire s'occupe de son fils de deux ans. Sans crèche, sans famille à proximité, sans budget pour une baby-sitter, ils vivent une relation tendre mais terriblement fusionnelle. Pour échapper à l'étouffement, la mère s'autorise à fuguer certaines nuits. À quelques mètres de l'appartement d'abord, puis toujours un peu plus loin, toujours un peu plus tard, à la poursuite d'un semblant de légèreté. Comme La chèvre de Monsieur Seguin, elle tire sur la corde, mais pour combien de temps encore ?
Ce roman porte un regard différent sur les mères célibataires, c’est court mais très puissant


simone veilSimone Veil, l'immortelle, Pascal Bresson, Hervé Duphot (Marabulles, 2018)

Cet album est un vibrant hommage à Simone Veil, figure féministe populaire et discrète. Le récit s'attache aux temps forts de sa vie, de la loi pour l'IVG défendue à l'assemblée nationale, à son enfance à Nice avant d'être déportée avec sa famille. À 17 ans elle est déportée à Auschwitz, avec toute sa famille. Seules ses sœurs et elle reviendront du camp de concentration (une kapo polonaise lui a sauvé la vie en lui disant : «Tu es trop belle pour mourir ici...»). Cette période l'a marquée à jamais. Magistrat, elle devient en 1974, ministre de la Santé de Valéry Giscard d'Estaing, chargée de défendre la loi sur l'IVG. Cette femme de conviction s'est très peu confiée et a attendu d'avoir 80 ans pour écrire ses mémoires (Une Vie).
Une BD documentaire passionnante qui nous fait (re)découvrir la vie de cette femme de convictions, merci Simone !


the endThe end, Zep (Rue de sevres, 2018)

En Suède, Théodore Atem intègre une équipe de chercheurs en tant que stagiaire. Dirigé par le professeur Frawley et son assistante Moon, le groupe tente de découvrir les secrets cachés dans l'ADN des arbres. Le chef de l'équipe finit par comprendre trop tard que les mystérieux événements survenus récemment sont les prémices d'un cataclysme planétaire. De nouveaux indices laissent à penser qu'une accélération subite d’un processus incontrôlable est dirigé à l'encontre de l’humanité. Mais qui sont les responsables des morts collectives constatées en différents endroits de la planète ?
Une très belle BD sur la fin du monde tel que nous le connaissons doublé d’une jolie fable écologiste, un défi réussi pour Zep !

le reve deLe rêve de Ryôsuke, Durian Sukegawa (Livre de poche, 2018)

Le jeune Ryôsuke manque de confiance en lui et souffre d'un mal-être qui puise son origine dans la mort prématurée de son père. Après une tentative de suicide, il part sur ses traces et s'installe sur l'île où celui-ci a passé ses dernières années. Là, sur ce bout de terre réputé pour ses chèvres sauvages, il va tenter de réaliser le rêve paternel : confectionner du fromage. Mais son projet se heurte aux coutumes locales et suscite la colère des habitants de l'île.
Un beau roman sur la mélancolie, la difficulté à trouver sa voie, qui souligne le prix de la vie et pose une question essentielle : jusqu'où sommes-nous prêts à aller pour réaliser nos désirs ? 

 


station elevenStation eleven,
Emily St. John Mandel (Rivages, 2018)

Dans un monde où la civilisation s'est effondrée suite à une pandémie foudroyante, une troupe d'acteurs et de musiciens nomadise entre de petites communautés de survivants pour leur jouer du Shakespeare. Un répertoire qui en est venu à représenter l'espoir et l'humanité au milieu de la désolation.  Finaliste du National Book Award aux Etats-Unis, ce roman fera date dans l'histoire de la littérature d'anticipation. Un très beau livre nostalgique sur la culture comme seul lien qui nous reste à la fin, plongez-y !


nos richessesNos richesses, Kaouther Adimi (Points, 2018)

En 1935, Edmond Charlot a vingt ans et rêve de créer une librairie-maison d'édition à Alger. Il imagine un espace dédié à la littérature, l'amitié et la Méditerranée. Albert Camus lui offre son premier texte, Jean Giono un nom : Les Vraies Richesses. En 2017, Ryad, étudiant parisien, est recruté pour fermer la librairie algéroise sous le regard vigilant d'Abdallah, le dernier gardien des lieux.
Ce roman est un excellent documentaire mais l’écriture se révèle vraiment très simple, voire indigente : dommage !


laimantL'aimant, Lucas Harari (Sarbacane, 2017)

Pierre, jeune étudiant parisien en architecture, entreprend un voyage en Suisse afin de visiter les thermes de Vals. Ce magnifique bâtiment, conçu par le célèbre architecte suisse Peter Zumthor, au cœur de la montagne, le fascine et l'obsède. Cette mystérieuse attraction va se révéler de plus en plus forte à mesure que Pierre se rapproche du bâtiment...
Une BD  à la ligne claire et très colorée qui nous fait rêver, voilà une belle découverte


la lionneLa lionne ; un portrait de Karen Blixen
, Anne-Caroline Pandolfo, Terkel Risbjerg (Sarbacane, 2015)

Karen Blixen, le portrait d'une femme tour à tour sophistiquée, ambitieuse, magnétique, complexe, flamboyante, séductrice, fragile. L'auteure de La Ferme Africaine, femme éprise de liberté, toujours à contre-courant, est ici magnifiquement racontée au travers d'aquarelles somptueuses.
Une BD élégante, intemporelle et passionnante, à l'image de la baronne Blixen et de sa destinée hors du commun


 que nos viesQue nos vies aient l'air d'un film parfait, Carole Fives (Points, 2013)

Années 80. Déferlante rose sur la France. Première grosse vague de divorces aussi. Ils ramassaient leurs œufs de Pâques lorsque les parents ont dit qu'ils avaient une nouvelle à leur annoncer. Le garçon, Tom, 8 ans, est choisi comme bouée de sauvetage par sa mère tandis que son aînée, 12 ans, reste avec son père. Vacances, calendriers, zone A, zone B... Les enfants jouent le rôle de messager ou de bouclier. Sa grande sœur s'accuse d'avoir abandonné son petit frère et met des mots sur ce qui signa la fin de l'enfance. 
Un roman très touchant et sensible sur les conséquences d’un divorce vues à hauteur d’enfant, un beau livre doux-amer…



la chaussure sur le toitLa chaussure sur le toit,
Vincent Delecroix (Gallimard, 2009)

Au centre du roman, une chaussure abandonnée sur un toit parisien. Tous les personnages du livre fréquentent le même immeuble, à proximité des rails de la gare du Nord. On rencontrera un enfant rêveur, un cambrioleur amoureux, trois malfrats déjantés, un unijambiste, un présentateur vedette de la télévision soudain foudroyé par l'évidence de sa propre médiocrité, un chien mélancolique, un immigré sans papiers, une vieille excentrique, un artiste (très) contemporain, un narrateur au bord du suicide... et une chaussure pleine de ressources romanesques. L'imbrication des histoires les unes dans les autres à l'intérieur du roman permet à Vincent Delecroix d'aborder des registres très différents, du délire philosophique à la complainte élégiaque en passant par la satire de mœurs et par la peinture drolatique de la solitude - thème de prédilection de l'auteur.
Des nouvelles délicieuses et faciles à lire mais vraiment bien écrites !

my absolute darlingMy absolute darling, Gabriel Tallent (Gallmeister, 2018)

À quatorze ans, Turtle Alveston arpente les bois de la côte nord de la Californie avec un fusil et un pistolet pour seuls compagnons. Elle trouve refuge sur les plages et les îlots rocheux qu'elle parcourt sur des kilomètres. Mais si le monde extérieur s'ouvre à elle dans toute son immensité, son univers familial est étroit et menaçant : Turtle a grandi seule, sous la coupe d'un père charismatique et abusif. Sa vie sociale est confinée au collège, et elle repousse quiconque essaye de percer sa carapace. Jusqu'au jour où elle rencontre Jacob, un lycéen blagueur qu'elle intrigue et fascine à la fois. Poussée par cette amitié naissante, Turtle décide alors d'échapper à son père et plonge dans une aventure sans retour où elle mettra en jeu sa liberté et sa survie.
My Absolute Darling a été le phénomène de l'année 2017 aux États-Unis. Découvrez vite ce livre fort et poignant, très dur mais aussi très beau : un roman qu’on n’oublie pas !


changer leauChanger l'eau des fleurs
, Valérie Perrin (Albin Michel, 2018)

Violette Toussaint est garde-cimetière dans une petite ville de Bourgogne. Les gens de passage et les habitués viennent se réchauffer dans sa loge où rires et larmes se mélangent au café qu'elle leur offre. Son quotidien est rythmé par leurs confidences. Un jour, parce qu'un homme et une femme ont décidé de reposer ensemble dans son carré de terre, tout bascule. Des liens qui unissent vivants et morts sont exhumés, et certaines âmes que l'on croyait noires, se révèlent lumineuses.
Un roman plein d’humour et de tendresse qui désacralise les cimetières et nous rend le sourire

 




auprs de moiAuprès de moi toujours, Kazuo Ishiguro (Gallimard, 2015, prix Nobel de littérature 2017)

Kath, Ruth et Tommy ont été élèves à Hailsham dans les années 90 ; une école idyllique, nichée dans la campagne anglaise, où les enfants étaient protégés du monde extérieur et élevés dans l'idée qu'ils étaient des êtres à part, que leur bien-être personnel était essentiel, non seulement pour eux-mêmes, mais pour la société dans laquelle ils entreraient un jour. Mais pour quelles raisons les avait-on réunis là? Bien des années plus tard, Kath s'autorise enfin à céder aux appels de la mémoire et tente de trouver un sens à leur passé commun. Avec Ruth et Tommy, elle prend peu à peu conscience que leur enfance apparemment heureuse n'a cessé de les hanter, au point de frelater leurs vies d'adultes.
Un livre très profond et bien écrit mais qui manque un peu de rebondissements…

 
aquariumAquarium, David Vann (Gallmeister, 2018)

Caitlin, douze ans, vit avec sa mère dans un modeste appartement d'une banlieue de Seattle. Afin d'échapper à la solitude et à la grisaille de sa vie quotidienne, chaque jour, après l'école, elle court à l'aquarium pour se plonger dans les profondeurs du monde marin, qui la fascine. Là, elle rencontre un vieil homme qui semble partager sa passion pour les poissons et devient peu à peu son confident. Mais la vie de Caitlin bascule le jour où sa mère découvre cette amitié et lui révèle le terrible secret qui les lie toutes les deux à cet homme.
Ce beau roman décrit vraiment bien les relations mère-fille et développe notre empathie : il est très noir mais pas pessimiste !



une chance folleUne chance folle, Anne Godard (Minuit, 2017)

Magda a été gravement brûlée lorsqu'elle avait quelques mois. Elle ne se souvient pas de l'accident, mais sa mère en a noté les circonstances dans un carnet. Toute son enfance, les opérations, les pansements, les cures thermales se succèdent. Sa mère se consacre à elle, on lui dit qu'elle est bien soignée. En somme, elle a une chance folle.
Un livre sur la culpabilité, à l’écriture très intéressante. Beaucoup d’intensité et de questionnements


le gangLe gang des rêves
, Luca Di Fulvio (Pocket, 2017)

New York ! En ces tumultueuses années 1920, pour des milliers d'Européens, la ville est synonyme de « rêve américain ». C'est le cas pour Cetta Luminata, une Italienne qui, du haut de son jeune âge, compte bien se tailler une place au soleil avec Christmas, son fils. Dans une cité en plein essor où la radio débute à peine et le cinéma se met à parler, Christmas grandit entre gangs adverses, violence et pauvreté, avec ses rêves et sa gouaille comme planche de salut. L'espoir d'une nouvelle existence s'esquisse lorsqu'il rencontre la belle et riche Ruth. Et si, à ses côtés, Christmas trouvait la liberté, et dans ses bras, l'amour ?
Une fresque mémorable sur le New York populaire, ses Italiens arrivés sans le sou, sa guerre des gangs et le jeune Christmas qui réussit à bluffer tout le monde avec sa verve et son bagout. Un livre puissamment addictif !


la physique des catastrophesLa physique des catastrophes, Marisha Pessl (Gallimard, 2009)

Bleue Van Meer serait une adolescente américaine tout à fait ordinaire. Sauf que, à cinq ans, elle perd sa mère dans un accident de voiture et que son père, un intellectuel exubérant et excentrique, la ballotte désormais d'une ville universitaire à l'autre, vers de nouvelles aventures, toujours sur la route. Ils vivent une relation fusionnelle, multiplient les joutes oratoires, se lancent dans des citations savantes, refont l'histoire de la littérature et de la physique quantique. Mais un jour, elle découvre le cadavre pendu d'Hannah Schneider, son professeur préféré. Que peut-elle bien faire ? Suivre les conseils paternels et reconstituer l'histoire, avec rigueur, un zeste de comique, si possible, et moult anecdotes. Cela suffira-t-il à élucider le drame et à percer les secrets d'un entourage plus mystérieux qu'il n'y paraît ?
Un roman drôle, noir, érudit et passionnant qui décortique bien la société américaine actuelle. On s’attache vraiment à cette ado surdouée !

petitePetite, Sarah Gysler (Des équateurs, 2018)

Sarah a 24 ans, 16 tatouages, un drôle d'accent suisse, un sac de 7 kilos sur le dos, 12 000 kilomètres dans les pattes, un avis tranché sur le monde, une indocilité chronique, une empathie naturelle qui peut virer à l'envahissement, pas un sou en poche, mais une soif désarmante de vivre et d'être libre. Un jour, Sarah a vu une publicité pour l'Euromillion à la télévision : des personnes faisaient tourner un globe pour choisir au hasard leur destination. Chiche ! Elle a déroulé une carte et fermé les yeux en pointant du doigt. « J'irai là ! » Là, c'était le Cap Nord. Alors, soit. Sarah a tout quitté : son travail, son appartement, son petit ami, son chat. Elle est partie seule, sans argent ni carte de crédit. Elle avait 20 ans. De Lausanne au Cap Nord, elle a parcouru l'Europe en autostop et à pied. Depuis, Sarah n'est jamais vraiment rentrée.
Un livre drôle et désarmant et qui donne envie de prendre le large !

la vie princiereLa vie princière, Marc Pautrel (Gallimard, 2018)

Un homme écrit une longue lettre à la jeune femme qu'il a aimée quelques jours et perdue. Il n'y a plus rien à espérer puisque la séparation a déjà eu lieu. Le narrateur écrit donc cette lettre à l'aimée parce qu'il a compris, très vite, que les sensations, les paroles, les regards, tout disparaît inexorablement de sa tête comme ces dessins sur le sable que la mer prend plaisir à effacer.
Un petit bijou très simple, il ne se passe rien mais c’est magnifique…



dsorientaleDésorientale,
Négar Djavadi (Liana levi, 2018)

Si nous étions en Iran, cette salle d'attente d'hôpital ressemblerait à un caravansérail, songe Kimiâ. Un joyeux foutoir où s'enchaîneraient bavardages, confidences et anecdotes en cascade. Née à Téhéran, exilée à Paris depuis ses dix ans, Kimiâ a toujours essayé de tenir à distance son pays, sa culture, sa famille. Mais les djinns échappés du passé la rattrapent pour faire défiler l'étourdissant diaporama de l'histoire des Sadr sur trois générations : les tribulations des ancêtres, une décennie de révolution politique, les chemins de traverse de l'adolescence, l'ivresse du rock, le sourire voyou d'une bassiste blonde... Un grand roman sur l'Iran d'hier et la France d'aujourd'hui, c’est un peu embrouillé par moments mais on passe de bons moments avec cette belle découverte


illettrIllettré
, Cécile Ladjali (Actes sud, 2018)

Conte moderne au regard acéré, centré sur le combat de Léo contre l'illettrisme, le roman de Cécile Ladjali ouvre une voie imprévue et poétique sur l'invisible déficience d'un jeune homme d'une grande pureté, sensible au monde et aux autres, qui tente de renouer avec l'infinie et prodigieuse conquête du langage.

Un livre qui montre bien comment le fait de ne pas savoir lire vous coupe de toute vie

le chien de dieuLe chien de Dieu, Jean Dufaux, Jacques Terpant (Futuropolis, 2017)

1960. À Meudon, dans son pavillon, Céline est au travail. Sous le regard de Toto, son perroquet, Céline est concentré sur son prochain livre, Rigodon. À l'étage, dans la salle de danse, Lucette fait répéter ses élèves. Alors que le soir tombe, l'orage éclate. À travers la fenêtre, à la lumière de l'éclair, Céline voit la silhouette d'un cavalier, le maréchal des logis Louis-Ferdinand Destouches, du 12ème Cuirassiers, qui semble l'attendre au bout du jardin. Et Céline se replonge dans son passé : la boucherie de 14, la rencontre avec Élisabeth Craig, l'écriture du Voyage au bout de la nuit, son quotidien de médecin, les dérives de la seconde guerre, la fuite. Et bien sûr, Lucette, sa compagne, présente dans les pires moments, qui fait répéter ses élèves à l'étage. Une BD sur la vie de Céline esquissée à travers quelques tableaux, c’est tout simplement beau

maligneMaligne, Noémie Caillault (Payot, 2017)

Quand on a 27 ans et qu'on apprend qu'on a une boule de six centimètres dans le sein gauche, forcément, on a peur. Et puis on se bagarre. Et on pleure. Et on en rit. Maligne, c'est l'histoire de Noémie. C'est l'histoire de l'imprévu. C'est l'histoire d'un corps. C'est l'histoire d'une jeune femme bouleversante qui se bat contre le cancer avec la plus belle des armes : l'amour de la vie. Maligne a été joué par Noémie Caillault pour la première fois au printemps 2015 à Paris.
Un petit roman qui parle du cancer autrement, c’est drôle, rafraichissant et plein de vie !


 les toilesLes étoiles s'éteignent à l'aube, Richard Wagamese (10/18, 2017)

Lorsque Franklin Starlight, âgé de seize ans, est appelé au chevet de son père Eldon, il découvre un homme détruit par des années d'alcoolisme. Eldon sent sa fin proche et demande à son fils de l'accompagner jusqu'à la montagne pour y être enterré comme un guerrier. S'ensuit un rude voyage à travers l'arrière-pays magnifique et sauvage de la Colombie britannique, mais aussi un saisissant périple à la rencontre du passé et des origines indiennes des deux hommes. Eldon raconte à Frank les moments sombres de sa vie aussi bien que les périodes de joie et d'espoir, et lui parle des sacrifices qu'il a concédés au nom de l'amour. Il fait ainsi découvrir à son fils un monde que le garçon n'avait jamais vu
Un très beau livre sur les relations père-fils et le rapport à la nature. Les personnages sont émouvants, notamment le père, un « beau raté, et le dépaysement total !

le messageLe message, Andrée Chédid (Flammarion, 2016)

Dans un pays en guerre, Marie, reçoit une balle dans le dos. Malgré la douleur, elle ne pense qu'à une chose : rejoindre Steph, son amour retrouvé, qui vient de l'autre bout de la ville et pourrait se méprendre sur son retard.

Un très beau petit roman, un livre percutant qui résume la tragédie de la guerre


la grande nageuseLa grande nageuse
, Olivier Frébourg (Gallimard, 2015)

Originaires de Bretagne, Marion et le narrateur se connaissent depuis l'enfance et ont la même passion pour l'océan. Lui est marin, elle une nageuse à la beauté indolente qui goûte un plaisir sensuel à avaler les kilomètres. Mais le narrateur aspire à d'autres horizons : il nourrit une passion de plus en plus vive pour la peinture. De son côté, Marion passe son temps au fond de l'eau. La mer réunit-elle ou sépare-t-elle ceux qui s’aiment ?
Un beau roman sur la survie d’une femme grâce à la natation et la mer


les paysLes pays, Marie-Hélène Lafon (Gallimard, 2014)

«À la porte de Gentilly, en venant de la gare, on n'avait pas vu de porte du tout, rien de rien, pas la moindre casemate, quelque chose, une sorte de monument au moins, une borne qui aurait marqué la limite, un peu comme une clôture de piquet et de barbelés entre des prés.» Fille de paysans, Claire monte à Paris pour étudier. Elle n'oublie rien du monde premier et apprend la ville où elle fera sa vie. Les pays raconte ces années de passage.
Un livre magnifique qui parle du monde paysan avec beaucoup de respect


long week endLong week-end, Joyce Maynard (10/18, 2014)

Une chaleur caniculaire règne sur la côte est. Henry, treize ans, et sa mère Adèle doivent faire les dernières courses pour la rentrée des classes. Une rencontre fortuite au supermarché va venir tout bouleverser : Franck, un taulard en cavale, leur demande de l'héberger. Le temps d'un long week- end, le trio va vivre en huis clos une expérience qui bouleversera leur vie à jamais...

Une petite merveille racontée par un ado atypique, un roman très émouvant et drôle !


incendiesIncendies, film de Deniis Villeneuve (Happiness distribution, 2011)

A la lecture du testament de leur mère, Jeanne et Simon Marwan se voient remettre deux enveloppes : l’une destinée à un père qu’ils croyaient mort et l‘autre à un frère dont ils ignoraient l’existence. Jeanne voit dans cet énigmatique legs la clé du silence de sa mère, enfermée dans un mutisme inexpliqué les dernières semaines précédant sa mort. Elle décide immédiatement de partir au Moyen Orient exhumer le passé de cette famille dont elle ne sait presque rien… Simon, lui, n’a que faire des caprices posthumes de cette mère qui s’est toujours montrée distante. Mais son amour pour sa sœur jumelle le poussera bientôt à rejoindre Jeanne et à sillonner avec elle le pays de leurs ancêtres sur la piste d’une mère bien loin de celle qu’ils ont connue. Une chronique familiale très dure mais haletante !

naissance dun pontNaissance d'un pont, Maylis de Kerangal (Gallimard, 2012 - Prix Médicis 2010.)

Ce livre part d'une ambition à la fois simple et folle : raconter la construction d'un pont suspendu quelque part dans une Californie imaginaire à partir des destins croisés d'une dizaine d'hommes et femmes. Un roman-fleuve qui brasse des sensations et des rêves, des paysages et des machines, des plans de carrière et des classes sociales, des corps de métiers et des corps tout court.

Maylis de Kerangal réussit à nous scotcher : malgré un sujet ardu, son écriture est toujours aussi remarquable


corniche kennedyCorniche Kennedy, Maylis de Kerangal (Gallimard, 2010)

" Les petits cons de la corniche. La bande. On ne sait les nommer autrement. Leur corps est incisif, leur âge dilaté entre treize et dix-sept, et c'est un seul et même âge, celui de la conquête : on détourne la joue du baiser maternel, on crache dans la soupe, on déserte la maison. " Le temps d'un été, quelques adolescents désœuvrés défient les lois de la gravitation en plongeant le long de la corniche Kennedy. Derrière ses jumelles, un commissaire, chargé de la surveillance de cette zone du littoral, les observe. Entre tolérance zéro et goût de l'interdit, les choses vont s'envenimer...
Un roman servi par une écriture sans temps morts, et la connaissance précise de son sujet


chroniques birmanesChroniques birmanes
, Guy Delisle (Delcourt, 2007)

Guy Delisle a suivi sa compagne durant 14 mois en Birmanie alors qu'elle y collaborait avec Médecins sans Frontières. Il raconte son expérience du pays, comment il a fini par apprivoiser son environnement, et petit à petit, comment il a découvert la réalité politique, sanitaire et sociale de ce pays dominé par une junte militaire, soutenue elle-même par de puissants groupes industriels.
De petits instantanés capturés par Guy Delisle, c’est toujours drôle et bien vu, et on explore tous les aspects d’un pays méconnu


juste apres la vagueJuste après la vague, Sandrine Collette (Denoel, 2018)

L'eau a tout envahi. Sur un bout de terre émergée survit une famille de onze personnes. La barque qui peut les sauver ne peut en embarquer que huit. Il y a six jours, le flanc nord du volcan s'est effondré dans l'océan, soulevant une vague monstrueuse, et tout a disparu autour de Louie, ses parents et ses huit frères et sœurs. Depuis six jours, ils espèrent voir arriver des secours. Mais seuls des débris et des corps gonflés flottent autour de leur île. Et l'eau continue à monter. Madie, la mère, comprend qu'il faut partir. Pata, le père, a calculé qu'il leur faudrait douze jours de navigation sur leur barque pour atteindre les hautes terres. Mais ils ne peuvent embarquer qu'à huit. Le lendemain matin, Louie se réveille dans la maison désertée de tout bruit et de toute joie. Dans la cuisine, un mot des parents, dans le cellier, de la nourriture. Voilà Louie seul responsable. D'un côté une petite barque seule sur l'océan, de l'autre trois enfants isolés sur une île mangée par les flots.
Encore une histoire terrifiante que Sandrine Collette a choisi de nous raconter!

garyRomain Gary s'en va-t’en guerre, Laurent Seksik (J'ai lu, 2018)

Le génie de Romain Gary, c'est sa mère. Mais le mystère Gary, c'est son père, au sujet duquel le romancier-diplomate a toujours menti. Laurent Seksik lève le voile sur ce mystère en ressuscitant la véritable figure du père, dans un roman à la fois captivant, bouleversant et drôle, où la fiction fraternise avec la réalité pour cerner la vérité d'un homme.
Un très beau roman sur l’enfance de Romain Gary, c’est aussi passionnant que Les derniers jours de Stefan Zweig ou Le cas Eduard Einstein



le suspenduLe suspendu de Conakry,
Jean-Christophe Rufin (Flammarion, 2018)

Comment cet Aurel Timescu peut-il être Consul de France ? Avec son accent roumain, sa dégaine des années trente et son passé de pianiste de bar, il n'a pourtant rien à faire au Quai d'Orsay. Il végète d'ailleurs dans des postes subalternes. Cette fois, il est en Guinée, lui qui ne supporte pas la chaleur. Il prend son mal en patience, transpire, boit du tokay et compose des opéras... Quand, tout à coup, survient la seule chose au monde qui puisse encore le passionner : un crime inexpliqué. Cet assassinat resterait impuni si Aurel n'avait pas trouvé là l'occasion de livrer enfin son grand combat. Contre l'injustice.
Un anti-héros parfait, à la façon d’Hercule Poirot. C’est un plaisir de lecture mais aussi un moyen de découvrir les secrets les mieux gardés de la vie internationale

filleFille de l'air, Fiona Kidman (Points, 2018)

Enfant, juchée sur sa balançoire, elle voulait déjà s'envoler plus haut. Promise à un destin de pianiste, Jean Batten ne rêve que d'avions. Avec l'aide de sa mère, elle prend des leçons de pilotage en cachette et devient une aviatrice célèbre dans les années 1930. Surnommée la « Garbo des airs », téméraire et infatigable, elle enchaîne les records. D'Angleterre en Australie, de la gloire à l'oubli...
Un beau portrait de femme indépendante et déterminée


les reflets changeantsLes reflets changeants,
Aude Mermilliod (Lombard, 2017)

Nice, en plein mois de juillet. Elsa, la vingtaine, oscille entre deux hommes. L'un ne lui convient probablement plus, l'autre lui fait encore un peu peur. Jean, 50 ans, voyageur frustré, est conducteur de train. Il est forcé de rester à terre pour s'occuper d'Alda, sa fille, arrivée un peu trop vite dans sa vie, suite à une passade amoureuse. Du haut de ses 80 ans, Emile, devenu sourd pendant la guerre d'Algérie, supporte de moins en moins le silence dans lequel il est enfermé. Trois personnages qui ne se connaissent pas, mais qui vont se croiser cet été-là... Une rencontre qui ne les laissera pas indemnes
Une très belle BD sur ces petits moments décisifs dans la vie, trois personnages radicalement différents mais tous attachants à leur manière. C’est LA BD à emporter pour les vacances !

chantLe chant de la Tamassee, Ron Rash (Points, 2017)

Rivière protégée par une loi fédérale, la Tamassee est un lieu quasi sacré. Quand une jeune adolescente s'y noie et que son père veut faire installer un barrage pour dégager son corps, bloqué sous un rocher, les environnementalistes s'insurgent et les journalistes se déchaînent. Photographe originaire du coin, Maggie s'interroge : comment choisir entre le deuil d'un enfant et la protection de la nature ?
Un roman pour les amoureux de la nature et un auteur à suivre ! Ron Rash décrit merveilleusement bien les paysages américains, à l’image de Jim Harrison


souvenirs de la maree basseSouvenirs de la marée basse,
Chantal Thomas (Seuil, 2017)

Nager pour fuir les contraintes, pour échapper aux vies imposées, aux destins réduits. Nager pour inventer sa sensualité, préserver sa fantaisie. C'est ce qu'a sans doute ressenti Jackie toute sa vie, commencée en 1919 et menée selon une liberté secrète, obstinée, qui la faisait, dans un âge bien avancé, parcourir des kilomètres pour aller se baigner sur sa plage préférée, à Villefranche-sur-Mer. Qu'a-t-elle légué à sa fille Chantal ? Quelque chose d'indomptable, ou de discrètement insoumis, et cette intuition que la nage, cette pratique qui ne laisse aucune trace, est l'occasion d'une insaisissable liberté, comme lorsque jeune fille, au début des années 30, Jackie avait, en toute désinvolture, enchaîné quelques longueurs dans le Grand Canal du château de Versailles sous l'œil ahuri des jardiniers
Chantal Thomas dresse ici un beau portrait de sa mère avec cette ode à la nage et à la liberté

 
clafoutisUn clafoutis aux tomates cerises,
Véronique de Bure (Flammarion, 2017)

Au soir de sa vie, Jeanne, 90 ans, décide d'écrire son journal intime. Sur une année, d'événements minuscules en réflexions désopilantes, elle consigne ses humeurs, ses souvenirs, sa petite vie de Parisienne exilée depuis plus de soixante ans dans l'Allier, dans sa maison posée au milieu des prés, des bois et des vaches. La liberté de vie et de ton est l'un des privilèges du très grand âge, aussi Jeanne fait-elle ce qu'elle veut - et ce qu'elle peut : regarder pousser ses fleurs, boire du vin blanc avec ses amies, s'amuser des mésaventures de Fernand et Marcelle, le couple haut en couleurs de la ferme d'à côté, accueillir - pas trop souvent - ses petits-enfants, remplir son congélateur de petits choux au fromage, déplier un transat pour se perdre dans les étoiles en espérant les voir toujours à la saison prochaine...
Un joli roman sur le grand âge, qui traite sans fard du temps qui passe et dresse le portrait d'une femme qui nous donnerait presque envie de vieillir

l homme qui s envolaL'homme qui s'envola, Antoine Bello (Gallimard, 2017)

Walker a tout pour être heureux. Il dirige une florissante entreprise au Nouveau-Mexique et sa femme, la riche et belle Sarah, lui a donné trois magnifiques enfants. Et pourtant, il ne supporte plus sa vie. Entre sa famille, son entreprise et les contraintes de toutes sortes, son temps lui échappe. Une seule solution : la fuite. Walker va mettre en scène sa mort de façon à ne pas peiner inutilement les siens. Malheureusement pour lui, Nick Shepherd, redoutable détective spécialisé dans les disparitions, s'empare de son affaire et se forge la conviction que Walker est encore vivant. S'engage entre les deux hommes une fascinante course-poursuite sur le territoire américain
Un roman qu’on lit avec plaisir et d’une traite ! La fin est un peu attendue mais on n’est pas déçu, malgré tout


correspondanceCorrespondance (1944-1959),
Albert Camus, Maria Casares (Gallimard, 2017)

En 1944, Albert Camus et Maria Casarès se croisent chez Michel Leiris. L'ancienne élève du Conservatoire national d'art dramatique, fille d'un ancien président du Conseil de la Seconde République espagnole exilé à Paris, n'a alors que 22 ans. Parlant parfaitement français, elle a débuté sa carrière d'actrice en 1942, au moment où Albert Camus publiait L'Étranger. Camus vit alors seul à Paris, la guerre l'ayant éloigné de son épouse Francine. Albert Camus et Maria Casarès deviennent amants. Il ne s'agit là que du prélude à une grande histoire amoureuse ; car Maria décide de mettre fin à cette relation qui lui semble sans avenir. Mais quatre ans plus tard, Albert et Maria se retrouvent par hasard; leur histoire commune reprend alors, plus passionnée que jamais, et sans interruption jusqu'à la mort accidentelle de l'écrivain. Durant ces treize années, Albert et Maria n'ont jamais cessé de s'écrire.
Cette correspondance inédite à ce jour est passionnante, les lettres échangées sont très belles

 
le resteLe reste de leur vie,
Jean-Paul Didierlaurent (Gallimard, 2017)

Ambroise, embaumeur amoureux des vivants le jour et maquilleur pour une troupe de théâtre la nuit, habite avec sa grand-mère Beth. Le père d'Ambroise, Nobel de médecine, est très déçu du choix de carrière de son fils... Être thanatopracteur n'est pourtant pas si morbide que cela : il s'agit de réconforter les vivants endeuillés. C'est un plaisir de retrouver Boubacar et Abelardo, ses collègues « morgueur-apnéistes » toujours heureux d'offrir un verre à leurs rares visiteurs. Parallèlement, nous suivons Manelle, auxiliaire de vie aux petits soins pour ses patients, galerie de personnages attachants. Il y a Ghislaine de Montfaucon, maniaque et tricheuse au scrabble, la malicieuse Madeleine qui n'en fait qu'à sa tête, et puis le « préféré » de Manelle : le vieux Samuel. Ensemble, ce couple atypique va rencontrer Ambroise et Beth et tous vont partir en Suisse pour un improbable road trip en corbillard afin d'aider Samuel à en finir.
Comédie dramatique qui traite joliment de sujets délicats, Le reste de leur vie est dans la lignée du Liseur du 6h27, un roman altruiste et plein de poésie

3 jioursTrois jours chez ma tante, Yves Ravey (Minuit, 2017)

Après vingt ans d'absence, Marcello Martini est convoqué par sa tante, une vielle dame fortunée qui finit ses jours dans une maison de retraite médicalisée, en ayant gardé toute sa tête. Elle lui fait savoir qu'elle met fin à son virement mensuel et envisage de le déshériter. Une discussion s'engage entre eux et ça démarre très fort.
Un petit roman déroutant à l’écriture minimaliste, une petite énigme

 



lettres  stellaLettres à Stella, Iona Grey (Pocket, 2017)

Londres, les beaux quartiers. À la nuit tombée, Jess tente d'échapper aux violences de Dodge, son compagnon, et se réfugie dans une maison abandonnée au fond d'une allée déserte. Le lendemain matin, le facteur glisse une lettre par la porte. Personnelle... à faire suivre si possible, a mentionné l'expéditeur. Une lettre de Dan à Stella. Intriguée, Jess l'ouvre et se plonge dans une histoire d'amour d'un autre temps. Elle s'immisce dans les souvenirs de ces amoureux d'antan, reconstitue le puzzle de leur rencontre en 1943, de leurs vies à réparer. La sienne peut-être, aussi...
Un beau roman sur une histoire d’amour intense et secrète qui fait penser aux La lettre à Helga

 
laubeL'aube sera grandiose,
Anne-Laure Bondoux, Coline Peyrony (Gallimard, 2017)

Ce soir, Nine, seize ans, n'ira pas à la fête de son lycée. Titania, sa mère, en a décidé autrement. Elle embarque sa fille vers une destination inconnue, une cabane isolée, au bord d'un lac. Il est temps pour elle de lui révéler l'existence d'un passé soigneusement caché. Commence alors une nuit entière de révélations... Qui sont Octo, Orion et Rose-Aimé ? A qui appartient cette mystérieuse cabane ? Et ce vélo rouge, posé sous l'escalier ? Au fil d'un récit souvent drôle, parfois tragique et bouleversant, Nine découvre un étonnant roman familial. Quand l'aube se lèvera sur le lac, plus rien ne sera comme avant.
Un très bon livre pour les ados, une lecture facile mais vraiment prenante

 

en merEn mer, Toine Heijmans (10/18, 2014 – prix Médicis 2013)

Las du quotidien de sa vie de bureau, Donald décide de partir naviguer seul pendant trois mois en mer du Nord. Maria, sa fille de sept ans, le rejoint pour la dernière étape qui doit les ramener du Danemark aux Pays-Bas, où ils retrouveront sa femme. Mer étale, complicité entre le père et la fille: la traversée s'annonce idyllique. Mais rapidement, les nuages noirs se profilent à l'horizon, et Donald semble de plus en plus tourmenté. Jusqu'à cette nuit cauchemardesque où Maria disparaît du bateau alors que la tempête éclate...
Voilà un petit roman fantastique et plein de mystère, qui nous questionne et nous marque !

 


dans la merDans la mer il y a des crocodiles
, Fabio Geda (Liana Levi, 2012)

Dix ans, ou peut-être onze. Enaiat ne connaît pas son âge, mais il sait déjà qu'il est condamné à mort. Être né hazara, une ethnie persécutée en Afghanistan, est son seul crime. Pour le protéger, sa mère l'abandonne de l'autre côté de la frontière, au Pakistan. Commence alors pour ce bonhomme « pas plus haut qu'une chèvre » un périple de cinq ans pour rejoindre l'Italie en passant par l'Iran, la Turquie et la Grèce. Louer ses services contre un bol de soupe, se dissimuler dans le double-fond d'un camion, braver la mer en canot pneumatique, voilà son quotidien. Un quotidien où la débrouille le dispute à la peur, l'entraide à la brutalité. Mais comme tous ceux qui témoignent de l'insoutenable, c'est sans amertume, avec une tranquille objectivité et pas mal d'ironie, qu'il raconte les étapes de ce voyage insensé
Ce très beau témoignage a été recueilli par un éducateur italien



la salle de balLa salle de bal, Anna Hope (Gallimard, 2017)

Lors de l'hiver 1911, l'asile d'aliénés de Sharston, dans le Yorkshire, accueille une nouvelle pensionnaire : Ella, qui a brisé une vitre de la filature dans laquelle elle travaillait depuis l'enfance. Si elle espère d'abord être rapidement libérée, elle finit par s'habituer à la routine de l'institution. Hommes et femmes travaillent et vivent chacun de leur côté : les hommes cultivent la terre tandis que les femmes accomplissent leurs tâches à l'intérieur. Ils sont néanmoins réunis chaque vendredi dans une somptueuse salle de bal. Ella y retrouvera John, un « mélancolique irlandais ». Tous deux danseront, toujours plus fébriles et plus épris. À la tête de l'orchestre, le docteur Fuller observe ses patients valser. Séduit par l'eugénisme et par le projet de loi sur le Contrôle des Faibles d'Esprit, Fuller a de grands projets pour guérir les malades. Projets qui pourraient avoir des conséquences désastreuses pour Ella et John.
Un roman troublant sur l’histoire de l’eugénisme en Irlande, les liens troubles avec Churchill mais aussi une très belle histoire d’amour !

culottesCulottées T.2, Pénélope Bagieu (Gallimard bd, 2017)

Des femmes qui ne font que ce qu'elles veulent : deuxième volet ! Sonita, rappeuse afghane et exilée militante ; Thérèse, bienfaitrice des mamies parisiennes ; Nellie, journaliste d'investigation au XIXe siècle ; Cheryl, athlète marathonienne ; Phulan, reine des bandits et figure des opprimés en Inde... "Les Culottées" ont fait voler en éclat les préjugés. Quinze nouveaux portraits drôles et sensibles de femmes contemporaines qui ont inventé leur destin.
De belles découvertes dans cette nouvelle BD de Pénélope Bagieu.  C’est drôle, parfois émouvant et surtout très bien fait, vivement le tome 3 !

 

la disparitionLa disparition de Josef Mengele, Olivier Guez (Grasset et fasquelle, Prix Renaudot 2017)

1949 : Josef Mengele arrive en Argentine. Caché derrière divers pseudonymes, l'ancien médecin tortionnaire à Auschwitz croit pouvoir s'inventer une nouvelle vie à Buenos Aires. L'Argentine de Perón est bienveillante, le monde entier veut oublier les crimes nazis. Mais la traque reprend et le médecin SS doit s'enfuir au Paraguay puis au Brésil. Son errance de planque en planque, déguisé et rongé par l'angoisse, ne connaîtra plus de répit... jusqu'à sa mort mystérieuse sur une plage en 1979. Comment le médecin SS a-t-il pu passer entre les mailles du filet, trente ans durant ?
Un livre très prenant ! Cette biographie romancée de Mengele commence à partir de sa fuite en Argentine et se termine à sa mort. Le style est assez journalistique mais l’auteur arrive à se mettre dans la peau de Mengele et c’est glaçant…

au fond de leauAu fond de l'eau, Paula Hawkins (Sonatine, 2017)

Une semaine avant sa mort, Nel a appelé sa soeur, Julia. Qui n'a pas voulu lui répondre. Alors que le corps de Nel vient d'être retrouvé dans la rivière qui traverse Beckford, leur ville natale, Julia est effrayée à l'idée de revenir sur les lieux de son enfance. De quoi a-t-elle le plus peur ? D'affronter le prétendu suicide de sa sœur ? De s'occuper de Lena, sa nièce de quinze ans, qu'elle ne connaît pas ? Ou de faire face à un passé qu'elle a toujours fui ? Plus que tout encore, c'est peut-être la rivière qui la terrifie, ces eaux à la fois enchanteresses et mortelles, où, depuis toujours, les tragédies se succèdent. Julia, Lena, Nel : un superbe portrait de trois femmes en quête d'elles-mêmes, aux prises avec les pesanteurs du passé.
Un thriller très bien ficelé, dans lequel on rentre facilement et qui se révèle être beaucoup plus fin que La Fille du train.


la justiceLa justice de l'inconscient, Frank Tallis (10/18, 2007)

En ce début de XXe siècle à Vienne, où l'on peut croiser Freud, Schoenberg, Klimt et bien d'autres encore, les cafés sont le lieu de débats fiévreux. C'est dans cette atmosphère d'effervescence artistique et scientifique que Max Liebermann, jeune psychiatre et pianiste à ses heures, mène ses enquêtes avec son ami Oskar Rheinhardt, inspecteur et... chanteur lyrique amateur. Et ils vont avoir fort à faire avec le cas de cette jeune et jolie médium retrouvée morte chez elle dans une pièce fermée de l'intérieur. Une note griffonnée de ses mains laisse penser à un suicide. Pourtant, les indices déroutants s'accumulent : l'arme du crime, un pistolet, a disparu, et aucune trace de la balle n'est retrouvée durant l'autopsie... Serait-ce l'intervention d'un esprit maléfique ?
Un roman noir avec Freud en toile de fond, ça nous sort de l’ordinaire !


la terre des filsLa Terre des fils,
Gipi (Futuropolis, 2017 - Quai des bulles à Saint-Malo 2017. - Prix de la meilleure bande dessinée aux Utopiales 2017)

Dans un futur incertain, un père et ses deux fils comptent parmi les survivants d'un cataclysme dont on ignore les causes. C'est la fin de la civilisation. Il n'y a plus de société. Chaque rencontre avec les autres est dangereuse. Le père et ses deux fils, comme les quelques autres personnages rencontrés, la Sorcière, Anguillo, les jumeaux Grossetête, les Fidèles, adeptes fous furieux du dieu Trokool, vivent dans un monde néfaste et noir. L'air est saturé de mouches, l'eau empoisonnée. L'existence du père et de ses deux fils est réduite au combat quotidien pour survivre. Le père écrit chaque soir sur un cahier noir. Qu'écrit-il ? Quel est son secret ? Nous l'ignorons, ses fils aussi. Ils aimeraient bien apprendre à lire, ils aimeraient bien savoir comment on vivait "avant". Mais le père, lui, refuse d'en entendre parler...
Une BD aussi forte qu’étrange, à lire absolument !


et ils oublierontEt ils oublieront la colère, Elsa Marpeau (Gallimard, 2017)

Été 1944. Une femme court dans la campagne icaunaise. Elle cherche à échapper à la foule qui veut la tondre. Été 2015. Un homme a été tué près d'un lac. La gendarme chargée de l'enquête soupçonne que son meurtre est lié à une tonte, qui a eu lieu soixante-dix ans plus tôt. Entre aujourd'hui et hier, les destins s'entremêlent mais les protagonistes ne s'en souviennent plus - ils ont oublié la colère, les jours de liesse et la cruauté des vaincus contre ceux de leur camp, lors de la Libération. L'enquête va exhumer ce passé dont plus personne ne veut se rappeler.
Un très bon polar sur la colère et la vengeance à travers les temps et le « devoir de mémoire », c’est bon, très bon et très noir !

dans la combiDans la combi de Thomas Pesquet, Marion Montaigne (Dargaud, 2017)

Le 2 juin dernier, le Français Thomas Pesquet, 38 ans, astronaute, rentrait sur Terre après avoir passé 6 mois dans la Station spatiale internationale. La réalisation d'un rêve d'enfant pour ce type hors-norme qui après avoir été sélectionné parmi 8413 candidats, suivit une formation intense pendant 7 ans, entre Cologne, Moscou, Houston et Baïkonour... Dans cette bande dessinée de reportage, Marion Montaigne raconte avec humour - sa marque de fabrique - le parcours de ce héros depuis sa sélection, puis sa formation jusqu'à sa mission dans l'ISS et son retour sur Terre.
Une BD drôle et sympathique


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