Braises

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braisesROMAN

Grazia Deledda. Ed. Cambourakis

Sardaigne rurale. Une jeune fille, Oli, succombe au charme d'un beau paysan, qui est déjà marié. Lorsqu'elle est enceinte, son père la chasse, et elle trouve refuge auprès d'une parente du père de son enfant. Elle finira par partir, en abandonnant son fils, Anania. L'enfant sera élevé au foyer de son père, l'épouse de ce dernier, sans enfants, se prenant d'affection pour lui. Très doué pour les études, il sera soutenu financièrement par le riche patron de son père, ce qui lui permettra d'aller à l'université. Il deviendra amoureux de la fille de son bienfaiteur, Margherita  et un mariage devient possible. Mais Anania n'a pas oublié sa mère, et la cherche, pensant la trouver dans des femmes sardes dont il croise le chemin.

C'est vraiment une très belle prose, poétique, travaillée, riche de rythmes et de sensations. La manière de créer des personnages, ainsi que l'ambiance de la Sardaigne, des paysages, de la nature, mais aussi des mentalités, est très maîtrisée. Mais cela correspond à une époque, à la description de ce monde disparu maintenant mais qui a existé pendant des siècles. "Braises" est le magnifique portrait d'un enfant, puis d'un adolescent et d'un jeune homme en recherche, souvent très proche de ses « mères » successives (ses deux marâtres, puis sa logeuse à Rome)On rencontre chez lui une absence de clairvoyance que signale parfaitement le vieux jardinier devenu aveugle : "Quand je voyais avec les yeux de mon corps, mon âme était aveugle, mais maintenant je vois, je vois avec les yeux de l'âme."

Un très grand roman qui baigne dans la nature et la montagne sardes, qui sont ici, comme l'indique la traductrice dans sa postface, à la fois "témoin et reflet des mouvements de l'âme." Elle, a reçu le prix Nobel de littérature pour sa trentaine de romans et une quinzaine de recueils de nouvelles.

Il lui semblait sentir la force joyeuse de l'eau agitée, lui dont l'âme n'avait été qu'un petit étang aux rives étouffées sous les herbes fétides. Oui les acacias perdus dans les solitudes immobiles du paysage sarde avaient raison ; oui, bouger, marcher, courir à en perdre le souffle, c'était cela la vie.

VG