L’enfant qui mesurait le monde

  • Imprimer

 

enfant qui mesuraitROMAN

Metin Arditi 

Dans une île grecque au pire de la crise, Maraki pêche à la palangre pour gagner sa vie. Elle élève son fils autiste, qui tente de maîtriser, par ses calculs, le désordre du monde. Une parabole sur le changement, lumineuse comme le ciel de la Méditerranée. Tous les îliens protègent le jeune autiste, qui est un des leurs. Mais Kalamaki gardera-t-elle son sens de la solidarité et sa tranquillité, à l'écart du déferlement estival ? Pas sûr...

Un projet touristique pharaonique risque de troubler la petite île. Comment refuser pareille manne, alors que les investisseurs donneront enfin à la commune les millions qui lui manquent pour s'équiper correctement et construire la route dont elle est privée ? Seul Eliott, architecte new-yorkais d'origine grecque à la retraite, revenu vivre sur les lieux où sa fille a perdu accidentellement la vie, désavoue le projet. Il préférerait, comme sa fille le souhaitait, la construction d'une école européenne de théâtre et de philosophie, ces disciplines nées sous le soleil et la lumière grecque.

La crise, passage obligé pour les romanciers contemporains qui s’attaquent à cette zone géographique si propice au romanesque, est abordée de biais par Metin Arditi, par touches légères. La légende grecque qui revit dans le récit à travers les mythes racontés à l’enfant par Eliot s’unit harmonieusement au présent et à ses contraintes économiques. L’auteur ne tombe pas dans un manichéisme stérile, mais construit une histoire pleine d’humanité, sous une forme proche du conte.Le thème de l’autisme est lui aussi traité de façon très humaine, par l’intermédiaire d’un personnage attachant qui devient presque une métaphore de l’île. Le petit Yannis, terrorisé par le changement et l’instabilité du monde, est le garant de la stabilité des choses, d’un changement progressif et sans rupture. Son intelligence hors du commun et sa vision du monde sont particulièrement bien rendus par la plume de l’écrivain, dans un style épuré, de même que l’amitié qui se construit peu à peu avec Eliot..Un bel hommage à la Grèce.

Ed. Grasset